Mais le marché automobile s’est depuis stabilisé à un niveau très bas. Stellantis a toussé au premier semestre 2024, avec un bénéfice net divisé par deux, avant d’éternuer face à des difficultés plus graves que prévu en Amérique du Nord. Le PDG Carlos Tavares a dû abandonner son sacré objectif de marge opérationnelle « à deux chiffres » pour l’année, qui le plaçait loin devant ses concurrents, et justifiait son projet de salaire de 36,5 millions d’euros. de francs) pour l’année 2023.
Un secteur en proie au doute
La stratégie de l’entreprise est-elle remise en question ? Au contraire, elle « a fait ses preuves », a insisté jeudi le directeur général de Stellantis, pile dans ses mocassins, lors d’une visite de l’usine de Sochaux, dans l’est de la France. Si ces nouveaux objectifs constituent un « sérieux avertissement », « ce n’est pas Stellantis qui est (en difficulté), isolé au milieu de l’industrie automobile (…), c’est Stellantis, Volkswagen, BMW, Mercedes, et c’est probablement pas fini », a soutenu Carlos Tavares. En Europe, seul son grand rival français Renault n’a pas encore revu ses objectifs à la baisse.
L’électrification forcée de l’automobile complique les perspectives de ces constructeurs dans un marché déjà morose. Plusieurs d’entre eux, comme Mercedes et Renault, ont demandé une révision à la baisse des normes d’émissions de CO2, ce qui les obligera à vendre davantage de véhicules électriques début 2025. Carlos Tavares voit les choses différemment, après avoir longtemps contesté une « politique dogmatique ». « Transition vers le 100 % électrique en 2035.
« Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et maintenant nous courons », a-t-il déclaré dans un entretien à l’AFP en septembre. Entre deux avions, ce passionné de voitures anciennes visite les circuits historiques une dizaine de fois par an. Le dirigeant a précisé jeudi vouloir « contribuer à résoudre le problème » du réchauffement climatique, pour ses quatre petits-enfants, tout en protégeant la « liberté de circulation » des citoyens dans leurs voitures.
Et pour qu’ils soient moins chers, il faut toujours produire moins cher, ce qui met la pression sur vos salariés comme sur vos fournisseurs. Les salariés sont donc régulièrement incités à partir, en fonction des plans de suppressions d’emplois. Parallèlement, le groupe franco-italo-américain s’appuie de plus en plus sur les pays à bas coûts, comme le Brésil, le Maroc ou la Turquie, pour fabriquer ses voitures.
Plusieurs syndicats dénoncent ses méthodes et menacent de grèves en Italie et aux Etats-Unis. « Il est normal que l’ensemble du corps social de l’entreprise se mobilise pour réduire ses coûts », a répondu jeudi Carlos Tavares. « La direction de cette entreprise n’a pas peur d’être impopulaire. »
Après avoir fréquenté le lycée français de Lisbonne, cet acteur central a lancé sa carrière chez Renault, avant de quitter son poste de numéro deux en 2013, muselé par le tout-puissant PDG de l’époque, Carlos Ghosn. En 2014, il prend la direction du groupe PSA, en grande difficulté, victime de la crise qui avait fait chuter le marché européen des voitures neuves. PSA a été sauvé de peu de la faillite par l’arrivée de l’Etat français et du constructeur chinois Dongfeng dans son capital.
Le dirigeant a indiqué jeudi qu’il pourrait prendre sa retraite à la fin de son premier mandat en janvier 2026, et sa succession doit prochainement être discutée au sein du groupe. « Si vous demandez à ma femme, elle vous dira que c’est une exigence de sa part. Je suis un bon mari», a déclaré jeudi Carlos Tavares, qui vit entre la France et le Portugal, où il possède des vignes et un garage pour voitures anciennes.