Carlos Tavares n’exclut plus les licenciements et les ventes de marques chez Stellantis
Carlos Tavares, à son arrivée à l’usine Stellantis de Sochaux le 3 octobre. Crédit photo : PHOTOPQR/L’EST REPUBLICAIN/MAXPPP
Cela n’exclut plus rien. Pas plus de vente de marques que de suppressions d’emplois. « Il y aura des mesures impopulaires à prendre » Carlos Tavares a déclaré au magazine Défisajoutant qu’il « ne pouvait pas garantir l’emploi » et ne niant pas la possible vente d’une ou plusieurs des 14 marques du groupe Stellantis.
Combien ? Quand ? Comment ? Impossible d’en savoir plus. Le samouraï, comme l’appelaient ses collègues lorsqu’il était chez Renault, n’en dit rien. En tout cas, ces petites phrases font mouche du côté syndical où, tant sur les sites européens qu’américains, on s’attend à de mauvaises nouvelles, étant plutôt habitués à la baisse des effectifs qui ont chuté de 7% l’an dernier.
La prime en question ?
Résultat, face au silence de la direction, les spéculations vont bon train, notamment sur d’éventuelles ventes de marques premium. DS ? Alfa ? Maserati ? Tavares les avait démenties il y a quelques semaines, ce qui n’empêche pas les analystes de les sortir du tiroir. Mais il y a une autre rumeur, encore plus importante, qui va bon train depuis plusieurs jours : celle deune fusion pure et simple du groupe avec Renaultrien de moins. Une rumeur si persistante que Carlos Tavares a dû y mettre fin lui-même lors d’une visite qu’il a effectuée à Sochaux la semaine dernière, expliquant « que c’était de la pure spéculation. »
Dire que Stellantis connaît des difficultés est évidemment un pur euphémisme. Entre un objectif de marge opérationnelle divisé par deux, soucis de surstockage américain, problèmes de fiabilité liée aux moteurs Puretech et aux airbags Takata (dont un tiers des voitures concernées seraient désormais reconditionnées), la coupe est pleine.
Par ailleurs, les concessionnaires européens du groupe ripostent ces jours-ci, contredisant leur patron. Car si le directeur général se dit confiant pour aborder 2025, et les normes de réduction du C02 à 81 g, expliquant que « Stellantis ne sera pas concerné par d’éventuelles amendes »ses distributeurs ne pensent pas la même chose. Le patron refuse un report de la norme ? Ils ont écrit directement à Ursula von der Leyen pour demander un moratoire. Pour la coordination, nous reviendrons.
Voici donc Stellantis dans la tempête. Cependant, dire que le groupe est dans un état catastrophique, ce que n’hésitent pas à faire certains commentateurs, semble quelque peu caricatural. Car même si la marge opérationnelle ne devrait pas dépasser 7% à la fin de l’année, de nombreuses entreprises voudraient dire la même chose. De la même manière, les 5,6 milliards de bénéfices réalisés au premier semestre de cette année, s’ils sont en baisse par rapport à l’année précédente, feraient le bonheur d’autres groupes.
La cible Tavares
Peut-être que le jugement porté sur la galaxie des 14 marques est une manière de juger celui qui la dirige : Carlos Tavares et son salaire de 36,5 millions d’euros, Carlos Tavares le psychopathe de la performance, Carlos Tavares et son manque d’empathie. Mais Carlos Tavares, bien qu’il personnifie à outrance l’entreprise qu’il dirige, n’est pas Stellantis.
D’ailleurs, son départ, souvent évoqué, est aujourd’hui confirmé sans enthousiasme par l’intéressé lui-même, lorsqu’il évoque 2026, qui marquera la fin de son deuxième mandat. « En 2026, j’aurai 68 ans. C’est un âge raisonnable pour prendre sa retraite, dans tous les pays européens. a-t-il expliqué lors de son passage à Sochaux.
Que se passera-t-il après Tavares ? C’est d’autant plus difficile à dire que les deux années précédant le départ du patron de Stellantis, entre les normes bruxelloises à respecter, et les difficultés budgétaires des Etats européens ne permettant plus d’accompagner suffisamment le secteur vers la marche vers électrique, peut être très compliqué.