Carburants : pourquoi les prix devraient rester élevés
Nous ne changeons rien. Mieux, on le prolonge de dix-huit mois. Les dix pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), auxquels s’ajoutent une dizaine d’autres pays producteurs de pétrole non membres, comme la Russie, se sont mis d’accord ce dimanche 2 juin pour maintenir le déclin de la production d’or noir, décidé en 2022, jusqu’à fin 2025.
Une décision qui, compte tenu de la situation économique et géopolitique, devrait conduire dans la durée à maintenir les prix des carburants à leur niveau actuel. Le sans plomb 95 (E10) se situe en moyenne autour de 1,84 euros/l et le diesel autour de 1,70 euros/l, selon le dernier relevé.
Avec deux millions de barils libérés par jour en moins auxquels s’ajoutent quatre millions de barils gardés sous terre par certains membres, l’Opep+, qui concentre 50% de la production pétrolière, vise depuis fin 2022 à maintenir les prix à un niveau élevé. « Alors que la consommation mondiale de pétrole augmente, cette stratégie a à peine permis de maintenir le prix du baril entre 75 et 85 dollars », constate Olivier Gantois, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).
« Le système pétrolier semble avoir trouvé un équilibre »
Et il est difficile de réduire davantage la production. « Pour certains pays, fermer davantage le robinet est compliqué », renchérit Francis Pousse, le président national de la branche « Distributeurs de carburant » du syndicat Mobiliens. Ils n’ont aucune garantie que les prix augmenteront à nouveau lorsqu’ils auront besoin d’argent. C’est donc le statu quo. »
Car dans le même temps, pour répondre à une augmentation de la demande mondiale de pétrole d’un million de barils par jour, les pays non membres de l’OPEP, comme les États-Unis, ont augmenté leur production.
« Le système pétrolier semble avoir trouvé un équilibre », estime Olivier Gantois. Ma prédiction est qu’avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine qui crée de l’incertitude, la consommation qui augmente, l’OPEP+ qui maintient sa réduction de production et les autres pays qui augmentent, le tunnel que l’on connaît depuis 2022 pourrait se poursuivre. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y a pas de flambée des prix à la pompe alors que la demande augmente. La mauvaise nouvelle est qu’il n’y aura pas de baisse des prix. »