(BFM Bourse) – Les groupes technologiques évoluent vers le bas du classement de la Bourse parisienne ce vendredi. Les mauvais résultats de Salesforce et les notes inquiétantes des analystes, notamment sur Capgemini, pèsent sur la tendance.
Si la Bourse de Paris évolue relativement sereinement ce vendredi matin, les groupes technologiques mordent la poussière.
Le spécialiste du cloud computing OVHcloud chute de 7,8%, prolongeant sa baisse de 14,6% la veille. Le groupe fondé par Octave Klaba a subi jeudi un abaissement de la note de la banque Stifel de « acheter » à « conserver », l’établissement s’inquiétant des récentes ventes d’actions des frères Klaba (la famille Klaba détient environ 68 % d’OVHcloud). Stifel craint que ces transactions signifient que la direction n’a pas de visibilité sur l’amélioration des performances de l’entreprise.
Mais au-delà du cas particulier d’OVHcloud, Capgemini recule de 5,6%, ce qui marque la plus forte baisse du CAC 40, après avoir déjà perdu 4,4% la veille. Dassault Systèmes a perdu 2,1%, Worldline a chuté de 3,3% et Alten, groupe de R&D externalisé comparable à la tech, a perdu 3%.
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Salesforce se retire
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce mouvement dans la tech parisienne. Les mauvais résultats des entreprises américaines en font partie. Dell Technologies n’a pas réussi à impressionner les investisseurs, malgré une hausse de 6,3 % de son chiffre d’affaires au premier trimestre. Le titre a chuté de 13% en pré-ouverture vendredi.
Surtout, les comptes de Salesforce, groupe spécialisé dans les logiciels de gestion de la relation client, jettent une ombre. Le titre reculait de 19,7% jeudi à Wall Street après la publication de résultats trimestriels et de prévisions décevantes. L’entreprise a notamment prévenu que ses revenus augmenteraient au mieux de 8% sur le trimestre en cours. Selon Bloomberg, si cette prévision se confirmait, ce serait la première fois depuis près de 20 ans que la croissance de Salesforce serait inférieure à 10 %.
« Le marché recoupe les résultats de Salesforce avec d’autres groupes technologiques car leur publication montre que l’environnement des dépenses informatiques est compliqué », explique un analyste parisien.
« Il faut comprendre que l’année 2024 dans le secteur technologique sera très ‘back-end chargée’, c’est-à-dire que l’accélération aura lieu dans la seconde moitié de l’année. Nous recherchons donc des indices qui justifient ou confirment ce rebond de la croissance en deuxième partie d’année, au moment où nous manquons », poursuit-il.
JPMorgan et Jefferies mettent en garde contre un rebond des marchés
C’est aussi le message qui ressort de deux notes consacrées ce vendredi à Capgemini par Jefferies et JPMorgan. Les deux banques ont d’ailleurs chacune abaissé leur opinion sur la valeur. Jefferies est passé de « acheter » à « conserver » tout en réduisant son objectif de cours à 195 euros contre 255 euros précédemment. JPMorgan est passé de « surpondération » à « neutre », tout en réduisant son objectif de 230 euros à 210 euros.
Jefferies estime que la reprise du marché, c’est-à-dire les dépenses informatiques dans leur ensemble, accuse un retard dans le temps, ce que les investisseurs ont du mal à refléter dans leurs attentes.
« Après un ralentissement à l’échelle du secteur au cours de l’exercice 2023, il était largement admis que la croissance s’accélérerait à nouveau au cours de l’exercice 2024. Cependant, cette reprise s’est universellement déplacée vers la droite (au fil du temps, NDLR), et il est difficile de voir comment Capgemini peut échapper à cette tendance », explique Jefferies.
En conséquence, Jefferies s’attend à ce que le consensus abaisse sa prévision de croissance pour 2025. Elle s’établit actuellement à 5,8% pour Capgemini contre 4% pour Accenture alors que « on voit rarement Capgemini surperformer Accenture de cette manière », souligne l’établissement.
JPMorgan propose une analyse similaire. La banque américaine note que « les pressions sur la demande de services informatiques vont persister », en s’appuyant à la fois sur les communications de plusieurs entreprises du secteur (IBM, Infosys, Accenture, etc.), ainsi que sur la prudence qui a dominé une conférence que la banque organisée fin mai. Le directeur général de l’américain Cognizant, Ravi Kumar, a notamment déclaré ne voir aucun changement en 2024 par rapport à 2023, rapporte l’établissement.
Le consensus table cependant sur une fin d’année 2024 robuste pour Capgemini, avec un taux de croissance de 6,6% au quatrième trimestre, puis un rebond en 2025.
« Peu de potentiel pour une bonne surprise »
« Bien que ce taux puisse être atteint, nous voyons peu de potentiel de surprise positive, car il est déjà intégré dans le consensus et nécessite une certaine amélioration des dépenses discrétionnaires (qui ne s’est pas encore matérialisée) », souligne JPMorgan. .
Si les propos des deux banques se concentrent sur Capgemini, le constat global sur le marché s’applique à l’ensemble des acteurs des services numériques.
« Les valorisations du secteur sont globalement conformes aux niveaux historiques et, avec un certain nombre de sociétés de services informatiques à grande capitalisation susceptibles d’afficher une croissance limitée cette année (par exemple, Accenture s’attend à un déclin de sa croissance organique d’une année sur l’autre). annuel) et les risques potentiels pour les prévisions pour 2025, nous voyons une marge de manœuvre limitée à mesure que les valorisations progressent », prévient JPMorgan.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse
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