Cannes 2024 : on a rencontré Malou Khebizi, la précieuse révélation de « Diamant Brut »
L’actrice marseillaise Malou Khebizi, 21 ans, à l’écran dans « Diamant Brut », en lice pour la Palme d’Or
La réalisatrice Agathe Riedinger lui a confié le rôle de Liane, une accro aux réseaux qui participe au casting d’une émission de télé-réalité.
TF1info l’a rencontrée après une projection officielle très applaudie ce mercredi sur la Croisette.
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Festival du film de Cannes
Elle insuffle de la rage à tous les niveaux Diamant brut, premier film de la réalisatrice Agathe Riedinger en compétition pour la Palme d’Or. Malou Khebizi, 21 ans, incarne Liane, une jeune habitante de Fréjus qui survit grâce à des larcins commis par une mère célibataire. Jusqu’au jour où elle reçoit un appel du directeur de casting d’une émission de télé-réalité. Seins en silicone, robe moulante, chaussures à talons hauts qui lui grattent les pieds… Sous ses airs de bimbo bruyante et facile à insulter, se cache une enfant brisée qui rêve de s’extirper d’une vie de pauvreté.
Marseillaise d’adoption, Malou Khebizi auditionnée pour Diamant brut sur les conseils du réalisateur d’un court métrage auquel elle avait participé, sa seule expérience devant une caméra jusqu’alors. Devenir Liane a nécessité un travail minutieux de transformation physique. Mais sa compréhension du personnage a été instantanée. « C’est une jeune femme de ma génération qui a un profond besoin d’être aimée et qui a soif de reconnaissance dans une société où elle est totalement invisible.« , nous a-t-elle expliqué après la projection officielle, mercredi 15 mai au Palais des Festivals.
Liane utilise son apparence pour dominer les hommes, pour dominer la société et échapper au mépris de classe dans lequel on voudrait l’enfermer.
Liane utilise son apparence pour dominer les hommes, pour dominer la société et échapper au mépris de classe dans lequel on voudrait l’enfermer.
Malou Khebizi
Diamant Brut pose un regard à la fois tendre et sans concession sur une jeunesse qui a grandi avec les réseaux sociaux. Malou d’abord. « Tout a changé avec les années Covid« , elle explique. « J’avais alors 17-18 ans. Du coup, nous nous sommes retrouvés privés de notre jeunesse, enfermés entre quatre murs et bien souvent nous n’avions que notre téléphone. L’addiction qu’elle provoque est souvent critiquée, mais parfois c’est tout ce qui reste à exister, pour entretenir les relations sociales, même virtuelles.« .
Sans jamais tomber dans la vulgarité, le film d’Agathe Riedinger interroge aussi l’hypersexualisation des jeunes femmes sur les réseaux. « On pourrait penser que c’est le résultat d’une société ultra-patriarcale qui nous dit qu’on ne peut pas être femme et être laide.« , observe l’actrice. « Liane est une victime, mais en même temps elle sait que pour réussir, elle ne doit que son apparence. Alors elle s’en sert pour dominer les hommes, pour dominer la société et échapper au mépris de classe dans lequel on voudrait l’enfermer.« .
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En regardant la page LinkedIn de Malou, on constate qu’elle a déjà un CV bien rempli. « J’ai fait tous les métiers du monde« , s’amuse la jeune femme. « Surveillante de colonie, vendeuse de pharmacie, barmaid de discothèque… Je n’avais pas peur de travailler de longues heures tout en étudiant la communication pendant la journée. Sauf que je n’ai pas aimé ça du tout. Autant je n’étais pas mauvaise au lycée, autant j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi !«
« Je ne vis pas les mêmes choses que Liane, je ne pariais pas ma vie sur le casting de ce film« , assure-t-elle. « Aujourd’hui, je suis extrêmement fier et reconnaissant de franchir cette grande porte qu’est le Festival de Cannes. Je suis aussi conscient que je ne vais pas faire mes preuves dans un film et que je vais devoir travailler car il y a plein d’actrices très talentueuses qui attendent derrière« .
>> Diamant brut par Agathe Riedinger. Avec Malou Khebizi, Idir Azougli, Andréa Bescond. En salles le 7 octobre.