Divertissement

Cannes 2024 : au pays de la saudade, la rayonnante Crista Alfaiate

Molly (Crista Alfaiate) dans « Grand tour », de Miguel Gomes.

SÉLECTION OFFICIELLE – EN COMPÉTITION

C’est lorsqu’elle apparaît enfin que le film s’illumine soudain. A mi-chemin de la lente progression hypnotique de Grande tournée, de Miguel Gomes (en compétition officielle), l’arrivée de Molly, à la poursuite de son fiancé en fuite à travers un Extrême-Orient humide et littéraire, réveille le spectateur de sa rêverie léthargique. Molly et ses yeux rieurs, malgré la mort qui l’attend. Molly et sa bouche lumineuse. Molly, c’est Crista Alfaiate.

 » Il y a longtempsdit le directeur, J’étais à une fête à Lisbonne. Quelqu’un sonne. Je vais ouvrir la porte. C’était Crista. Elle me paraissait incroyablement belle… » Bien plus tard, Mariana Ricardo, avec qui Miguel Gomes travaille régulièrement sur ses projets, au sein du « comité central »comme il est précisé au générique du film, lui fera rencontrer cette jeune Portugaise qui, entre-temps, avait défié les conventions d’une famille conservatrice de Lisbonne – qui l’aurait vue comme enseignante – pour s’inscrire, en secret, au conservatoire du théâtre.

«  En général, elle dit, on arrive au concours d’entrée avec Tchekhov ou Shakespeare. Je n’avais pas le bagage culturel classique. Je me suis donc présentée avec un texte féministe de Luisa Costa Gomes : une jeune fille qui s’adresse au bébé dans le ventre de sa mère pour lui conseiller de naître garçon. » Elle est prise. Sa vie est l’histoire effilochée d’une jeunesse bohème du quartier animé du Bairro Alto à Lisbonne, « rebelle sans cause » comme elle le dit, chanter en groupe, devenir un pilier du théâtre expérimental, apparaître dans des petits rôles au cinéma. Elle est là quand Miguel Gomes fait enfin appel à elle.

Pilier du théâtre expérimental portugais

En 2015, elle sera Shéhérazade, fil conducteur de sa saga poético-politique de six heures, Les mille et une nuits, présenté cette année-là à Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs avant de représenter le Portugal aux Oscars. Elle se lance alors dans l’aventure de Journal de Tûoa (2021), un huis clos tourné pendant la pandémie dans une villa confinée de Sintra, avec pour seul principe une chronologie inversée – d’où le titre : tûoa = août). Et enfin, aujourd’hui, Molly.

«  Au Portugaldécide sans gêne le réalisateur, elle est la plus grande actrice de sa génération. » Elle tousse : « Certes, dans le milieu culturel portugais, je commence à être connu. Mais c’est un tout petit milieu… Je ne dirais pas que je suis célèbre. Je n’apparais pas sur les couvertures des magazines. Hormis celui de Carnets de cinéma au moment de la Mille et une nuits. Mais c’était une image du film. En outre, la vérité est que le cinéma portugais intéresse plus à l’étranger que chez lui… »

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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