Canicules aux États-Unis, en Grèce, à La Mecque… Juin est le mois le plus chaud jamais enregistré

CLIMAT – Une année de records climatiques. Juin 2024 est le mois le plus chaud jamais enregistré, a rapporté lundi 8 juillet l’organisme européen de surveillance du changement climatique Copernicus. Selon son dernier rapport, juin 2024 a non seulement dépassé le record déjà impressionnant de juin 2023, mais il marque aussi une année entière où les températures ont dépassé le seuil symbolique de 1,5°C de réchauffement.

Alors que le temps est encore maussade dans une grande partie de la France avec des températures proches voire inférieures aux normales de saison, dans le reste du monde, le mois de juin a été très chaud. Il a été marqué par une série de canicules, certaines mortelles. En Arabie saoudite, plus de 1 300 personnes sont mortes dans la chaleur écrasante lors du pèlerinage à La Mecque, où le thermomètre a atteint jusqu’à 51,8°C dans la Grande Mosquée de la ville sainte de l’islam.

En Grèce, l’Acropole a dû être fermée à la mi-juin, avec des températures dépassant les 44°C. Le nord de la Chine, dont Pékin, a été écrasé par des températures supérieures à 40°C, tandis que le sud du pays a subi des inondations. Par ailleurs, le Kenya, l’Afghanistan et la France ont également connu des inondations catastrophiques, un autre phénomène accentué au niveau mondial par le réchauffement climatique, qui augmente l’humidité maximale de l’air et donc l’intensité potentielle des précipitations.

Aux États-Unis et au Mexique, la vague de chaleur meurtrière de fin mai et début juin a été multipliée par 35 en raison du changement climatique, selon le réseau scientifique World Weather Attribution (WWA). Des incendies massifs ont éclaté en Amazonie, en proie à une sécheresse historique.

La chaleur a même provoqué une panne d’électricité massive dans les Balkans, affectant au moins trois pays à la fois. Le Pakistan et l’Egypte ont connu des épisodes similaires.

12e mois consécutif dépassant 1,5°C

Avec cette série de vagues de chaleur, alimentées par une surchauffe sans précédent des océans, la température moyenne de la planète a été « 1,64°C au-dessus de la moyenne préindustrielle 1850-1900 »lorsque la déforestation et la combustion du charbon, du gaz ou du pétrole n’avaient pas encore réchauffé le climat de la Terre.

Juin 2024 devient ainsi « le 12e mois consécutif qui dépasse de 1,5°C la moyenne de l’ère préindustrielle »souligne Carlo Buontempo, directeur du Copernicus Climate Change Service (C3S), dans un communiqué.

Ce seuil de 1,5°C constitue l’objectif le plus ambitieux de l’Accord de Paris de 2015, signé par la quasi-totalité des pays. Il faudrait toutefois observer une telle anomalie en moyenne sur plusieurs décennies pour considérer que le climat s’est stabilisé à +1,5°C.

Si le climat actuel est déjà plus chaud d’environ 1,2°C par rapport à 1850-1900, le GIEC, groupe d’experts climatiques mandaté par l’ONU, prédit que le seuil de 1,5°C a une chance sur deux d’être atteint en moyenne d’ici les années 2030-2035, au rythme actuel des émissions, dont le pic est attendu en 2025.

Le phénomène La Niña pourrait survenir d’ici la fin de l’année

Avec l’arrivée attendue du phénomène climatique cyclique La Niña d’ici la fin de l’année, synonyme de températures mondiales plus fraîches, « Nous pouvons nous attendre à ce que les températures mondiales diminuent dans les mois à venir », Julien Nicolas, scientifique du C3S, a expliqué à l’AFP.

La température globale à la fin de 2024 dépendra en grande partie de l’évolution de la chaleur des océans, dont la température des eaux de surface reste largement supérieure à tous les records depuis plus d’un an. La chaleur exceptionnelle à la surface de l’Atlantique Nord a notamment renforcé la puissance de Beryl, un ouragan exceptionnel qui a ravagé les Antilles début juillet.

« Si ces records de température persistent, malgré le développement d’un phénomène La Niña, 2024 pourrait être plus chaude que 2023. »l’année la plus chaude jamais mesurée, « mais il est trop tôt pour le dire », selon Julien Nicolas.

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