Laissant volontiers entrevoir ses talents de tacticien, il liste déjà les « sujets de contentieux » sur lesquels la droite, la gauche et les libéraux s’écharperont pour trouver un « contrat de coalition » : l’investissement commun dans le numérique et les technologies vertes (en réponse aux politiques de subventions de la Chine et des Etats-Unis), le Fonds européen de défense de 100 milliards d’euros, le financement du nucléaire par de l’argent européen, la transition agricole et bien sûr le sujet migratoire, avec une droite qui prône désormais l’expulsion massive des migrants vers des pays tiers.
Canfin, qui à l’oreille d’Emmanuel Macron sur les questions européennes, phosphore aussi sur la course aux meilleurs emplois — les principaux postes à responsabilité de l’UE —, qui agitent autant la bulle bruxelloise qu’elle indiffère en France.
L’eurodéputé à un rêve, partagé, affirmé-t-il, dans l’«écosystème présidentiel» : que Mario Draghi «puisse jouer un rôle» à plus haut niveau, en prenant la présidence de la Commission ou du Conseil européen, les deux postes les plus convoités.
A ses yeux, Draghi a l’avantage d’être « très, très aligné » avec les propositions françaises. Avec sa stature d’ex-président de la BCE et ancien chef de gouvernement, l’Italien aurait, d’après Canfin, « la crédibilité pour aller convaincre » les 27 d’investir massivement, y compris via un emprunt commun, dans les priorités futures de l’UE, le cheval de bataille de Draghi depuis plusieurs mois.
Mais Draghi a deux problèmes, poursuit Canfin. Un : il n’a aucune étiquette partisane. Or, les principaux postes sont distribués en fonction du poids des familles politiques. La présidence de la Commission européenne ? Elle ne devrait pas échapper au PPE. La présidence du Conseil européen ? Les socialistes se battent certainement pour l’obtenir. Deux : étant Italien, il lui faudra le soutien de la Première ministre d’extrême droite Giorgia Meloni. «Le chemin n’est pas évident à trouver», concède Canfin.
Meloni faiseuse de reines ?
Par défaut, il préfère que la sortante Ursula von der Leyen soit à tout autre membre du PPE pour présider la Commission. Avec elle, Paris « une relation de travail et de confiance établie », argumente-t-il.