Une prothèse d’aréole pour accepter votre nouveau corps
À Chavannes-de-Bogis, Sarah Fatana réalise des aréoles particulièrement similaires, afin de redonner confiance aux femmes ayant subi une mastectomie.
Un ruban rose attaché à son haut, Sarah Fatana sort un plateau sur lequel est exposée une sélection de cercles en silicone, de diamètres et de couleurs variés. Depuis plusieurs mois, l’ancienne assistante médicale s’est reconvertie dans le dermopigmentation s’est améliorée dans la création de prothèses d’aréole mammaire externe. Ce sont comme des ventouses qui remplacent le mamelon et l’aréole des personnes ayant subi une mastectomie.
« Pour beaucoup de femmes, il est essentiel de retrouver le plus près possible de ce qu’elles avaient avant leur opération, dans un souci d’esthétique et de symétrie », explique la fondatrice de Dermarose, qui propose ces objets sur mesure à Chavannes-de-Bogis. .
Le soulagement apporté par ces disques est loin d’être superficiel. « En privé par exemple, ça peut être terrible après toutes ces opérations », précise le trentenaire. Être nu pose souvent problème, on a peur du regard de la personne en face, on a peur que cela déplaise… Cette prothèse permet de reprendre confiance et d’oser se dévoiler à nouveau.
Le diagnostic de choc à 26 ans
Pour Elena*, cette découverte a été une révélation. Aujourd’hui âgée de 30 ans, elle n’en avait que 26 lorsque le diagnostic est tombé. Quand on lui dit qu’on va devoir lui retirer le sein, c’est un coup dur. «Je n’ai pas pu m’y préparer psychologiquement», explique la jeune femme.
«Pendant la maladie, mon seul combat était de guérir, mais à partir du moment où j’ai vaincu mon cancer, j’ai eu beaucoup de mal à accepter ma nouvelle apparence», raconte celle qui suit toujours un traitement hormonal. « J’ai l’impression que les femmes plus âgées réussissent mieux. C’est comme s’ils étaient fiers de ce nouveau corps qui représente leur force et leur combat.»
La perte de ses cheveux et de ses cils, la cicatrice sur sa poitrine et l’absence d’aréole lui donnent l’impression d’avoir perdu sa féminité. Petit à petit, Elena tente de retrouver ses attributs, à l’aide d’extensions ou de maquillage permanent. « Quand nous fleurirons enfin à nouveau, nous voulons être une jolie fleur et le moindre détail peut tout changer. » La prothèse aréolaire sera la dernière étape de son parcours.
Une exécution minutieuse
Cette technique, baptisée Xtrude et développée par un dermopigmentiste italien en 2018, requiert une certaine dextérité. « Après une consultation à l’institut, je réalise la prothèse à la maison, explique Sarah Fatana. Si la cliente a pu anticiper ou qu’elle a encore un sein, je fais le moulage directement sur son corps. Sinon, j’ai une « bibliothèque » de modèles (ndlr : résultat d’un « appel aux dons ») dans lequel elle peut sélectionner la prothèse la plus appropriée.
Dans le moule en latex, elle coule du silicone, ainsi que différents pigments, par couches successives. Ce travail minutieux lui permet de reproduire de manière époustouflante l’apparence de la papille mammaire.
Au quotidien, que ce soit à la plage en maillot de bain ou lorsqu’on a choisi de ne pas porter de soutien-gorge, ce faux téton d’une durée de vie d’un à cinq ans donne à la poitrine un aspect équilibré, tout en restant facile à utiliser. « Il peut être porté toute la journée, mais doit être retiré et désinfecté tous les trois à quatre jours. A cette période, il est conseillé de passer la nuit sans, afin que la peau puisse respirer et se régénérer.
Encore à ses débuts, celle qui dit avoir grandi dans un « très pouvoir des filles» rêve de pouvoir servir davantage de femmes. Elle espère donc que davantage de chirurgiens et de gynécologues mentionneront cette option à leurs patientes. « Mon prochain combat sera que cela puisse être remboursé par l’assurance maladie », ajoute-t-elle. Actuellement, il en coûte 450 francs pour une prothèse, 700 pour une paire.
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