Cancer du sein triple négatif : « des résultats très significatifs » grâce à un nouveau traitement testé à Clermont-Ferrand
C’est l’un des premiers traitements autres que les traitements traditionnels (chimiothérapie) contre le cancer du sein triple négatif. Une étude vient de montrer qu’elle réduisait le risque de décès de plus de 34 %. Une révolution à laquelle a participé le centre Jean-Perrin de Clermont-Ferrand.
Octobre rose est le mois du cancer du sein. Et la recherche est l’une de ses meilleures armes. La recherche contre le cancer du sein triple négatif vient de franchir une nouvelle étape avec les derniers résultats de l’étude internationale Keynote 522 qui a inclus plus de 1 174 patientes entre 2017 et 2018. L’oncologue Marie-Ange Mouret-Reynier, chef du service d’oncologie à l’Hôpital Jean -Centre Perrin, explique pourquoi ce nouveau traitement est révolutionnaire.
Quel est ce cancer triple négatif ?
Il s’agit d’un type de cancer du sein qui ne possède pas de récepteurs hormonaux, ce qui signifie qu’il ne répond pas aux traitements anti-hormonaux contre le cancer. Environ 70 % des cancers du sein sont en effet sensibles aux hormones. Le triple négatif n’a donc aucun récepteur ni aux œstrogènes ni à la progestérone et le récepteur HER2 n’est pas exprimé non plus. Aucun traitement possible ciblé sur ces trois récepteurs. Le seul traitement possible jusqu’alors était la chimiothérapie.
La chimiothérapie a-t-elle été efficace ?
Oui, mais nous avons eu une proportion de cancers triples négatifs qui répondaient très mal. Ce sont des tumeurs souvent très agressives et très prolifératives, évoluant très rapidement. La chimiothérapie seule n’a pas suffi à contrôler la maladie.
Impact. Chaque année, 61 000 nouveaux cas de cancer du sein se développent en France, dont 15 % triples négatifs, soit environ 9 000 femmes touchées.
Depuis plusieurs années, le centre Jean-Perrin étudie ce cancer triple négatif. Où en sont ces études aujourd’hui ?
Oui, le centre Jean-Perrin a été pionnier, notamment dans les traitements néoadjuvants et les soins préopératoires. Dans l’étude Keynote 522, il s’agissait du plus grand échantillon de patients en France ayant testé un traitement de chimiothérapie et d’immunothérapie avant une intervention chirurgicale. Nous avons obtenu les premiers résultats en 2019. Et les derniers résultats viennent d’être présentés lors d’un congrès européen.
Des molécules contre certains cancers bientôt testées au CHU de Clermont-Ferrand
Quelle est l’efficacité de ce traitement ?
Concernant la réponse préopératoire, ce traitement, le Penbrolizumab, stimule le système immunitaire du patient et favorise la destruction des cellules tumorales, déjà induite par la chimiothérapie. En 2019, les premiers résultats ont montré que si l’on associait ce traitement à la chimiothérapie, on ne retrouvait plus de tumeur dans 65 % des cas, contre 51 % avec la chimiothérapie seule. Concernant la survie sans rechute : à 5 ans, 84,5 % des patients sont en vie sans rechute ; contre 76 % sans immunothérapie. Le delta d’amélioration est donc très important. En septembre 2024, nous avions les résultats de survie globale, toujours à 5 ans, elle est de 86,6% avec traitement (contre 81,7% sans immunothérapie).
Est-ce que cela donne beaucoup d’espoir ?
Les résultats sont très significatifs car ils signifient que nous avons une réduction du risque de décès de 34 %. Ce qui fait de ce traitement un standard. Il est désormais accessible à toutes les femmes. Il est en accès anticipé depuis mars 2022. Il concerne les cancers triples négatifs à risque (grosses tumeurs, ou tumeur avec atteinte ganglionnaire). Environ 7 000 patients ont été soignés dans toute la France.
Michèle Gardette
(email protégé)
Une thérapie innovante contre les cancers, dont le cancer de la prostate, au Centre Jean-Perrin de Clermont-Ferrand