Cancer du sein : « Le travail artistique doit être à la hauteur de leurs attentes », l’Aveyronnaise « Tata Pik » habille les cicatrices de tatouages
Samedi, la tatoueuse Millavine Anne-Laure Brion, alias « Tata Pik », s’est rendue à Bordeaux pour l’événement Rose Tattoo organisé par les Sœurs d’Encre.
L’encre comme thérapie. Pour se réapproprier son corps, ses cicatrices et son histoire. Samedi, le tatoueur de Millau connu sous le pseudonyme de « Tata Pik » a pris la route en direction de Bordeaux pour participer au Rose Tattoo.
Événement ancré dans la thématique principale du mois d’octobre, à savoir le mois de la sensibilisation au dépistage du cancer du sein, Rose Tattoo propose aux femmes un tatouage artistique de reconstruction après une mastectomie. « Tata Pik », de son vrai nom Anne-Laure Brion, revient, non sans émotion, sur son entrée au sein des Sœurs d’Encre, l’association organisatrice de l’événement.
Des tatoueurs sélectionnés avec soin
« Je suis l’association depuis longtemps. Mais j’attendais d’avoir un peu plus de flacon en poche avant de me lancer”explique celle qui décore les peaux depuis sept ans. « En mars-avril, j’ai contacté les Sœurs d’Encre avec un livre. J’ai rencontré les organisateurs et ils m’ont inclus dans le projet. J’étais super heureux, mais surtout plein de gratitude. »
L’association reçoit de nombreuses demandes d’artistes. Seule une poignée d’entre eux sont retenus. « Il y a une validation pour entrer dans l’association »», dévoile Laura Kastel, l’une des deux salariées des Sœurs d’Encre, responsable du pôle tatouage et handicap. « Un minimum d’expérience est requis. Nous sommes très vigilants sur la sélection des tatoueurs et sur la qualité de leur travail. Notre public est composé de femmes qui, après tout, ont été assez bouleversées. Le travail artistique doit être à la hauteur de leurs attentes. »
Et qu’en est-il du flair artistique ? « Nous approchons des tatoueurs qui correspondent dans leur style aux demandes qui se situent autour du floral ou de l’ornemental. C’est ce qui s’adapte le mieux aux cicatrices ou à la place du sein, quand il n’y en a plus. »
Le Normand adopté par Millau va donc tatouer le torse et le dos de Nathalie, une femme opérée après un cancer du sein. « Sœurs d’Encre nous ont mis en relation. Nous avons beaucoup parlé, notamment de son parcours qui m’a beaucoup touché. Je suis heureuse de participer à ce projet, d’autant plus qu’il y aura une sororité de folie »», dévoile l’illustratrice et graphiste de formation.
Une journée 100% féminine
Sur place, uniquement des tatoueurs. « C’est par choix », plaide Laura Kastel. « Les femmes ont souvent des reconstructions « pas très propres ». Lors de Rose Tattoo, nous recevons de nombreuses demandes de femmes qui ont eu des problèmes de reconstruction, des rejets. Ils n’ont donc plus de reconstruction au volume possible. Ainsi, la seule reconstruction qu’il y aura sera le tatouage artistique. Par modestie et par respect pour toutes ces femmes, nous avons décidé de ne pas avoir de tatoueur masculin. »
Formées au tatouage artistique et thérapeutique, elles seront une soixantaine, sur trois jours, à piquer la peau d’une soixantaine de femmes. « Nous avons eu une formation dispensée par un chirurgien de l’association »rembobine Anne-Laure Brion. « En vidéo, pendant deux heures, elle nous a expliqué la chirurgie mammaire, les différents types de reconstruction, et tout ce qui ne peut pas être tatoué. Nous pouvons faire appel à ses conseils dès qu’il y a le moindre doute. »
Financièrement, les femmes ayant eu un cancer du sein avec chirurgie, mastectomie ou non, peuvent bénéficier d’un tatouage artistique pris en charge par l’association, offert par l’un des tatoueurs.
Pour Anne-Laure Brion, « tout cela a du sens par rapport à mon métier. J’aime apporter de la douceur. Mais ce que j’attendais le plus, c’était le sourire de Nathalie lorsqu’elle a découvert son tatouage. »
Après quelques discussions et collectes d’informations, le modèle a pris forme. « Le tatouage s’inspirera de son bouquet de mariée, mais aussi de fleurs qui évoquent son histoire personnelle. »
Les travaux ont nécessité quelques heures de travail et Nathalie a découvert le résultat le jour J. « Une journée pour elle »sourit Tata Pik.