Cancer du pancréas : des chercheurs découvrent le talon d’Achille de la tumeur
Très agressif, le cancer du pancréas interpelle les chercheurs et les soignants depuis de nombreuses années. A Toulouse, une équipe vient d’identifier le rôle clé d’une protéine dans la croissance des tumeurs pancréatiques.
Souvent diagnostiqué tardivement, à un stade où la chirurgie n’est plus possible, le traitement du cancer du pancréas reste un enjeu majeur. L’équipe ImPact (Innovation thérapeutique dans le cancer du pancréas) du Professeur Pierre Cordelier, au Centre de recherche sur le cancer de Toulouse (CRCT/Inserm/CNRS/Université Toulouse 3 Paul-Sabatier) y travaille depuis plusieurs années, en étroite collaboration avec des chercheurs cliniciens de CHU de Toulouse. Elle vient de mettre en évidence le rôle essentiel d’une protéine dans les tumeurs pancréatiques (1).
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« La cytidine désaminase, également appelée CDA, est une protéine de recyclage pour la synthèse de l’ADN. Il existe dans de nombreux tissus mais est surexprimé dans les tumeurs pancréatiques agressives où il rend possible la production d’ADN. Le CDA est une protéine essentielle à la croissance du cancer du pancréas, elle renforce la cellule tumorale », explique le Professeur Pierre Cordelier.
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Dans un modèle animal, son équipe observe une régression tumorale lorsque le CDA est neutralisé. « Lorsqu’on cible le CDA, la cellule tumorale a beaucoup plus de difficulté à gérer le stress lié à la réplication de son ADN (stress génomique) imposé par la croissance tumorale ; il finit par succomber. On savait que le CDA était l’un des facteurs clés de la résistance à la chimiothérapie, mais personne n’imaginait qu’il était si important dans la biologie de la tumeur. Dans nos modèles de cancer du pancréas, nous avons démontré que le CDA participe activement à la synthèse de l’ADN et qu’il est actif. il interfère avec les thérapies actuellement utilisées qui ciblent ce mécanisme protumoral. Les cellules cancéreuses étant beaucoup plus dépendantes de cette protéine que les cellules normales, nos travaux font du CDA un talon d’Achille à exploiter d’un point de vue thérapeutique. , ajoute le chercheur.
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Grâce à l’expertise de Nicolas Bery et de ses collaborateurs dans le développement d’anticorps intracellulaires, et compte tenu de l’expertise de l’équipe en transfert de gènes, l’objectif est de cibler le CDA dans les cellules cancéreuses.