Cancer de la vessie : booster d’efficacité, l’immunothérapie, un espoir concret contre les formes invasives
Au vu des résultats de l’essai NIAGARA, la nouvelle immunothérapie durvalumab devrait rapidement changer le pronostic de certains cancers de la vessie. En France, 1 500 patients atteints d’un cancer de la vessie agressif, c’est-à-dire envahissant le muscle vésical, pourraient en bénéficier, avec l’espoir d’une meilleure survie globale et sans progression tumorale.
Cette étude porte sur des patients atteints d’un cancer de la vessie infiltrant les muscles (« infiltrant les muscles » dans le jargon médical).Plusieurs molécules ont été testées auparavant, mais toutes ont échoué, ce qui explique l’intérêt de la communauté internationale pour l’anticorps monoclonal durvalumab. « , explique le spécialiste.
Améliorer l’efficacité de la chimiothérapie
Le cancer de la vessie touche environ 13 000 à 14 000 nouveaux patients par an en France, le tabac étant l’un des principaux facteurs de risque.Ce qui nous intéresse iciil continue, Il s’agit des formes sévères de la maladie, notamment les cancers de la vessie invasifs musculairement, qui touchent environ 4 000 patients par an. Parmi eux, 3 000 sont éligibles à une cystectomie radicale. Il s’agit du traitement de référence qui consiste à retirer la vessie afin d’éliminer la tumeur, dans l’espoir d’obtenir une rémission complète. Or, environ 25 à 50 % des patients présentent une récidive après une cystectomie associée à une chimiothérapie. Pour réduire ce risque, seuls environ 1 500 peuvent recevoir une chimiothérapie efficace, dont le cisplatine. D’où l’intérêt de renforcer l’efficacité de la chimiothérapie par un traitement complémentaire, en l’occurrence le durvalumab. » . «
Améliorer le pronostic après chimiothérapie et chirurgie
Dans l’essai de phase 3 NIAGARA, les participants atteints d’un cancer de la vessie invasif sur le plan musculaire ont été divisés en deux groupes, l’un recevant une chimiothérapie standard (gemcitabine + cisplatine), l’autre la même chimiothérapie mais avec l’ajout de durvalumab, une immunothérapie.
Comment fonctionne l’immunothérapie ? Le cancer de la vessie utilise des mécanismes tels que les interactions ligand-récepteur (comme PD-1 et PDL-1) pour empêcher le système immunitaire d’attaquer les lymphocytes. Les immunothérapies fonctionnent en supprimant cette « protection » afin que les cellules cancéreuses soient à nouveau reconnues et attaquées par le système immunitaire.
Dans le cas du durvalumab, cela a fonctionné : l’immunothérapie a généré une réponse antitumorale prolongée grâce à l’activation du système immunitaire.
Amélioration significative du pronostic des patients
Les patients traités par le protocole périopératoire incluant le durvalumab ont bénéficié d’une réduction de 32 % du risque de progression de la maladie, de récidive, de non-chirurgie ou de décès par rapport au groupe comparateur : 67,8 % des patients traités par le protocole durvalumab étaient sans événement à deux ans, contre 59,8 % dans le groupe comparateur.
En ce qui concerne la survie globale, le protocole périopératoire avec durvalumab a réduit le risque de décès de 25 % par rapport à la chimiothérapie néoadjuvante avec cystectomie radicale : 82,2 % des patients traités par le protocole avec durvalumab étaient en vie à deux ans, contre 75,2 % dans le groupe comparateur.
En résumé, les données de l’étude NIAGARA ont montré des améliorations de la survie sans événement et de la survie globale, avec plus de 80 % des patients traités en périopératoire par durvalumab toujours en vie après deux ans.Il s’agit du premier protocole d’immunothérapie associé à la chirurgie à prolonger significativement la survie globale dans le cancer de la vessie invasif sur le plan musculaire« , précise le professeur Neuzillet.
Aucune toxicité supplémentaire
La bonne nouvelle est qu’aucune toxicité supplémentaire due à l’ajout de durvalumab n’a été observée. Le Pr Neuzillet en est convaincu : « Il s’agit d’un véritable tournant et il est donc probable que les recommandations thérapeutiques évoluent rapidement pour inclure les résultats de l’étude NIAGARA. Ainsi, tout patient à qui l’on propose une chimiothérapie (à base de gemcitabine et de cisplatine) en contexte néoadjuvant pourrait bénéficier de l’ajout de durvalumab pour améliorer son pronostic. Cet essai valide davantage la stratégie d’accélération du traitement du cancer le plus tôt possible pour maximiser le bénéfice pour le patient. » . «
Concrètement, l’étude NIAGARA prévoit quatre cycles de chimiothérapie et une immunothérapie préopératoire (voire moins en cas de signes de progression). Après la chirurgie (cystoscopie radicale), huit cycles d’immunothérapie sont administrés pour maintenir l’effet du durvalumab. Au total, le traitement dure moins d’un an.
* Imfinzi (durvalumab)/AstraZeneca