Les locomotives du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) à l’arrêt le 23 août 2024, à Londres, au Canada (AFP / Geoff Robins)
Le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a ordonné samedi aux travailleurs du transport ferroviaire de marchandises de retourner au travail et a imposé l’arbitrage pour résoudre le conflit qui menaçait d’affecter l’économie nord-américaine.
La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et le Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) ont cessé leurs activités dans la nuit de mercredi à jeudi, mettant en lock-out près de 10 000 employés, après l’échec de plusieurs mois de négociations sur les conditions de travail.
Un « lock-out » est la fermeture temporaire d’une entreprise décidée par l’employeur en réponse à un conflit social.
Quelques heures plus tard, le gouvernement de Justin Trudeau intervenait pour forcer le syndicat et les entreprises à accepter l’arbitrage via le CCRI.
Les cheminots du Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) en grève le 23 août 2024 à London, Canada (AFP / Geoff Robins)
Vendredi matin, les 6 500 employés du CN étaient retournés au travail, mais le syndicat des Teamsters avait déposé un avis de grève quelques heures plus tard.
Samedi, le CCRI a ordonné qu’aucun arrêt de travail ne puisse avoir lieu pendant le processus d’arbitrage. « Cela signifie que le préavis de grève émis récemment (…) est désormais invalidé », a indiqué la Compagnie des chemins de fer canadiens dans un communiqué.
Le syndicat des Teamsters a déclaré qu’il se conformerait à la décision, tout en faisant appel devant le tribunal fédéral.
« Cette décision du CCRI crée un précédent dangereux. Désormais, les grandes entreprises n’ont qu’à cesser leurs opérations quelques heures, infliger des dommages économiques à court terme, et le gouvernement fédéral interviendra pour briser un syndicat », dénonce Paul Boucher, président de Teamsters Canada.
Le conflit porte sur les conditions de travail, notamment les redéploiements du personnel, la sécurité et les horaires de travail.
La Compagnie nationale des chemins de fer s’est dite « déçue qu’un accord n’ait pu être trouvé à la table des négociations » mais a salué cette ordonnance qui « met fin à l’imprévisibilité qui affecte les chaînes d’approvisionnement depuis des mois ».
Les travailleurs du CPKC, pour leur part, avaient initialement refusé de reprendre leurs activités, contestant la constitutionnalité de l’intervention du gouvernement.
Le ministre du Travail, Steven MacKinnon, a déclaré samedi sur X qu’il s’attendait à ce que « les compagnies ferroviaires et leurs employés reprennent leurs activités dès que possible ».
C’était la première fois que le Canada était confronté à des arrêts de travail simultanés dans les deux compagnies ferroviaires, qui transportent quotidiennement des marchandises d’une valeur estimée à 1 milliard de dollars canadiens (661 millions d’euros).
Deuxième plus grand pays du monde, le Canada dépend largement des trains pour le transport des céréales, de la potasse, des voitures, des produits pétroliers et du bois.
Les entreprises et le milieu agricole avaient mis en garde contre des perturbations coûteuses pour l’économie canadienne, avec des répercussions également sur les États-Unis.