Un nouveau rapport révèle l’ampleur des tentatives pro-russes visant à amener les médias à s’emparer de fausses informations.
Au moins 250 articles de vérification des faits ont été publiés sur ce contenu fabriqué.
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Les informations scrutées
Plus de 800 organisations à travers le monde, dont de nombreux médias, ont été la cible d’une campagne de désinformation pro-russe ces derniers mois. C’est ce que nous apprend un nouveau rapport, publié ce mardi 4 juin. Pendant trois mois, la société finlandaise Check First a collecté les faux contenus partagés sur X et Telegram et les emails envoyés aux rédactions. Cela lui a permis de révéler l’ampleur de cette campagne, baptisée « Overload », et spécifiquement destinée à la presse.
« Veuillez vérifier ces informations. »
Derrière cette vaste opération se cachent des acteurs pro-russes, que nous avons évoqués dans un autre article. Leur objectif ? Discréditer l’Ukraine et ses partisans occidentaux en construisant leur propre réalité et en impliquant les médias de vérification des faits afin qu’ils vérifient ces fausses informations… et contribuent à les rendre visibles.
C’est ainsi que la cellule des Vérificateurs a été contactée à plusieurs reprises par des adresses Gmail, pour vérifier les informations partagées dans le lien. D’après l’analyse des emails réalisée par Check First, il apparaît que les liens mènent principalement vers des chaînes Telegram (275 fois), mais aussi vers des tweets (53 fois). De plus, ces e-mails sont souvent envoyés à des dates importantes ou à des événements d’actualité pour capitaliser sur l’intérêt du public.
Pour atteindre ses objectifs, cette campagne s’appuie sur trois types de faux contenus : des graffitis disséminés dans plusieurs villes européennes, des captures d’écran médiatiques, puis des vidéos usurpant leur identité. « L’idée est de mélanger plusieurs faux contenus pour faire croire à une fausse histoire, mais aussi la rendre encore plus authentique, plus véridique »explique Guillaume Kuster, co-fondateur de Check First. «Avant d’envoyer les emails, ces acteurs pro-russes créent un univers parallèle sur les sites qu’ils contrôlent pour faire croire aux fact-checkers que le fait est largement répandu. Les e-mails sont la dernière pièce du puzzle.
Zelensky dépeint comme un cannibale
L’exemple typique est celui d’un faux graffiti de Volodymyr Zelensky déguisé en cannibale. À l’automne dernier, de nombreux médias (dont TF1info) ont cherché à vérifier cette information, qui aurait été reprise par des sites allemands selon de fausses captures d’écran. De manière générale, il semble que la technique consistant à demander aux médias de vérifier des informations fabriquées a fonctionné. « Pour un échantillon de contenu (dont environ 50 vidéos et images de graffitis), nous avons collecté plus de 250 articles renvoyant vers divers sites Web d’organisations de vérification des faits et de médias légitimes signalant des contrefaçons. »illustre Vérifier d’abord.
La nature des graffitis semble être d’origine humaine et non artificielle, selon l’entreprise qui s’est appuyée sur l’Université de Gand, en Belgique, pour analyser des dizaines de faux tags. Remarquablement bien exécutés, ces graffitis reprennent tous les codes culturels propres à chaque pays ciblé. C’est ainsi qu’a été signé Lekto, du nom d’un artiste avignonnais connu pour ses provocations contre les autorités, un faux dessin représentant Emmanuel Macron.
Au total, les comptes X de plus de 800 organisations de plus de 75 pays ont été ciblés par le réseau, dont 104 comptes français. Check First estime que plus de 100 e-mails ont été envoyés aux services de vérification des faits depuis août 2023, avec un pic d’activité en février et mars.
En France, ce sont principalement les médias qui ont été visés. Ainsi, TF1 est le média dont l’identité a été le plus usurpée, avec au moins huit vidéos reprenant notre logo. Parmi les autres médias français, on peut citer Le Figaro (cinq vidéos), RFI (trois vidéos), ou Le Parisien (trois vidéos). Selon la liste établie par Check First, que nous avons pu consulter, quelques organisations françaises ont également été ciblées. On peut citer le Crous Paris, le Conseil d’État ou encore Révolution Permanente.
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