Divertissement

Camille Cottin, Meryl Streep, Zaho de Sagazan… un cocktail qui pétille

La 77e édition du Festival de Cannes a débuté ce mardi soir par une cérémonie d’ouverture menée avec rythme et légèreté par Camille Cottin qui a réussi à réitérer l’exercice.

Zaho de Sagazan a chanté

Zaho de Sagazan a chanté « Modern Love », de David Bowie, face à face avec Greta Gerwig lors de la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes. Photo Stéphane Cardinale/Corbis via Getty Images

Par Emma Defaud

Publié le 14 mai 2024 à 22h42

Mis à jour le 15 mai 2024 à 11h42

QQu’est-ce qui différencie une cérémonie d’ouverture ratée d’une cérémonie d’ouverture réussie ? Ne nous y trompons pas, l’exercice est difficile et nous avons pris pour acquis que celui de cette année, déjà plombé par une ambiance délétère, aurait du mal à tirer vers la légèreté sans sombrer dans la fausse note. La cérémonie d’ouverture d’un festival est le genre d’événement auquel on a envie d’y assister avec un verre de spritz à la main, ou deux, ou trois. L’image du chien MessiAnatomie d’une chute, seuls sur le tapis rouge de Cannes, micro à la bouche (qui ne sait pas encore qu’ils vont « interviewer » des artistes pendant la quinzaine ?), n’ont fait que renforcer un petit sentiment de gêne, d’une plaisanterie surjouée qui devient un peu lourde à la fin, mais toujours le meilleur disponible. Plus tard, l’équipe de Deuxième acte, le film de Quentin Dupieux projeté en ouverture, a gravi les marches dans un exercice classique. Les photographes ont crié « Léa, Léa, Léa ! » chez Léa Seydoux, Vincent Lindon a marché sur sa robe, Raphaël Quenard a posé les doigts joints à la manière de Jul et Manuel Guillot, l’illustre inconnu du film, était vraiment heureux d’être là, avec un petit air de Dominique Farrugia dans Ville de la peur.

La peur, oui, c’est ce qui a grandi. La peur de subir une série de discours bien intentionnés et un peu longs qui rendraient sans doute la rédaction de cet article très rapide et néanmoins un peu pénible. C’était sans compter le flair, le naturel et le travail de Camille Cottin. La maîtresse de cérémonie se lance d’abord par un long claquage dans une peinture drôle et engageante du « Vortex cannois ». « Bienvenue dans un monde parallèle où l’espace, le temps et la santé deviennent des notions quelque peu floues », » commence-t-elle, accompagnée d’un apprentissage musical qui varie les rythmes et les cordes, alternant entre excitation et émotion. Puis elle décrit, amusée, ces deux semaines où « fusion du jour et de la nuit », ce lieu où la création d’une coiffure peut prendre plus de temps que celle d’un court métrage et où les stars utilisent parfois la voiture pour parcourir 20 mètres. En quelques notes, Camille Cottin nous communique son exaltation, nous raconte un Cannes qu’elle semble connaître par cœur et dont elle a fini par aimer jusqu’à l’absurdité.

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Plus que tout, elle n’oublie pas les sujets qui alimentent les conversations depuis des jours : elle décoche une flèche sur Weinstein et tous ses semblables, mentionne plus tard « le plus grand méchant de tous les temps, le patriarcat », souligne le déséquilibre entre les sexes dans la compétition (« quatre femmes téméraires, dix-huit hommes courageux »). Dans un exercice d’équilibriste qu’elle réalise avec une joie naturelle, elle nous donne encore une fois envie de croire qu’il y a des raisons de se réjouir au cinéma. « Ce n’est pas un monde parallèle, ce rendez-vous des cinéphiles du monde entier existe », Elle a fini. Lorsqu’elle accueille le jury, toute la salle du Grand Théâtre Lumière, tout Cannes aime Camille Cottin.

Dix minutes plus tard, Zaho de Sagazan a donné un nouvel élan à l’événement en interprétant L’amour moderne de David Bowie, la chanson phare du film Frances Ha (2012), dans lequel joue la présidente du jury, Greta Gerwig et qu’elle a co-écrit. La réalisatrice accueille la prestation surprise avec un immense sourire et chante depuis son fauteuil tandis que Zaho de Sagazan enlève ses chaussures, monte sur scène et virevolte, en chaussettes et en liberté. La jeune Française termine son interprétation à égalité avec Greta Gerwig. Vite, une suite !

L’autre star de la soirée, Meryl Streep, a reçu sa Palme d’honneur des mains de Juliette Binoche, à fleur de peau lors de son hommage, d’un style plus traditionnel. L’actrice américaine finit par lui rendre son admiration.  » J’ai vu La passion de Dodin Bouffant vendredi dernier et j’étais en larmes en me couchant. J’étais si triste que tu sois mort ! » elle dit. Meryl Streep n’avait pas été invitée à Cannes depuis trente-cinq ans. À l’époque, elle approchait de la quarantaine et pensait que sa carrière était derrière elle. Là ovation debout de ce mardi soir lui prouve qu’elle n’en était qu’à la moitié et montre à quel point les femmes artistes veulent aujourd’hui conquérir les places à prendre.

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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