Calendrier, coût, temps de trajet… Tout savoir sur le gigantesque projet GPSO
Alors que la mobilisation contre le projet de ligne à grande vitesse (LGV) Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax monte d’un cran, 20 minutes revient sur les enjeux majeurs de ce projet GPSO (Projet ferroviaire du Grand Sud-Ouest).
Plusieurs associations et opposants au projet se réunissent ce week-end à Lerm-et-Musset, dans le sud de la Gironde, pour manifester contre ce gigantesque projet d’infrastructures. Un « pôle parlementaire girondin opposé au GPSO », composé de cinq députés et sénateurs comme Loïc Prud’homme (LFI) et Nicolas Thierry (EELV), a également été constitué, demandant au Premier ministre un « moratoire » sur le projet, jugée « coûteuse, inutile et destructrice ».
Les promoteurs défendent au contraire un projet de « développement du Grand Sud-Ouest » qui permettra « une mobilité plus durable ». Explications.
Un gain de temps de 1h23 entre Toulouse et Paris
La future LGV prévoit de relier Paris à Toulouse, via Bordeaux, en 3 heures 10 minutes, contre 4 heures 23 minutes actuellement, grâce à une vitesse commerciale de 320 km/h pour les TGV, comme sur la ligne Bordeaux-Paris.
Dans le détail, le temps de trajet entre Bordeaux et Toulouse passerait à 1h05 dans la meilleure configuration, c’est-à-dire sans arrêt, contre 2h01 actuellement, et à 1h20 avec deux arrêts à Agen et Montauban, contre 2h09 actuellement.
Un embranchement traversant en diagonale la forêt landaise doit également desservir l’axe entre Bordeaux et Dax, établissant la première phase d’un « grand corridor européen atlantique » pour permettre, ultérieurement, la création de liaisons directes à grande vitesse avec l’Espagne et le Portugal. Le trajet entre Bordeaux et Dax prendrait 49 minutes, contre 1h09 actuellement, et en 1h18 entre Bordeaux et Bayonne, contre 1h38 actuellement.
Mise en service prévue en 2032 pour Bordeaux-Toulouse
Même si les premiers travaux au nord de Toulouse ont débuté en mai, le chantier est encore loin d’entrer dans sa phase active. Celle-ci n’aura lieu qu’à partir de 2027. Le chantier partira de Toulouse et se dirigera vers Bordeaux. La mise en service de l’agence Bordeaux-Toulouse est prévue pour 2032. Celle de Bordeaux-Dax n’interviendrait qu’en 2037, mais pourrait être avancée à 2034 ou 2035, a récemment annoncé le directeur de la société GPSO, poussé par les autorités locales à accélérer le calendrier.
Un coût de 14,3 milliards d’euros
Le projet devrait coûter au minimum 14,3 milliards d’euros, financés par l’État, les collectivités locales et l’Union européenne. Cette somme colossale représente le coût de la création de 222 km de ligne nouvelle entre Bordeaux et Toulouse – ainsi que celui des travaux d’aménagement ferroviaire au sud de Bordeaux et au nord de Toulouse – pour 10,3 milliards d’euros, et la création de 160 km de nouvelle ligne ligne entre Bordeaux et Dax pour 4 milliards d’euros.
4 800 hectares artificialisés
Dans le dossier d’enquête publique, on peut lire que la superficie couverte par le projet « est estimée à 4 830 hectares, dont 1 230 ha de zones agricoles, et 2 850 ha de zones sylvicoles ». Huit sites Natura 2000 sont « directement concernés » par le tracé des deux LGV, « comme le réseau hydrographique du Gât-Mort et du Saucats, ou la vallée du Ciron ». Quelque 413 espèces végétales et animales, dont 197 protégées, sont concernées par l’emprise. Enfin, « les besoins en remblais sont estimés à 52 millions de m3 dont 33 millions de m3 d’apport extérieur ».
La proximité de l’itinéraire avec le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne et la hêtraie multimillénaire de Ciron en Gironde a également fait crier les défenseurs de l’environnement locaux, les viticulteurs, les forestiers et certains chasseurs.
« Grâce aux travaux d’évitement, les milieux naturels sensibles représentent à l’arrivée moins de 700 hectares, et les zones humides 250 hectares », assurent les porteurs du projet. « De nombreuses structures (pour le passage des animaux, l’écoulement de l’eau) permettent la continuité des corridors écologiques. » Au final, « la compensation environnementale intégrée au projet permettra de restaurer plus du double de ces surfaces », assurent-ils.
Huit millions de trajets annuels en voiture seraient évités
Selon les prévisions, quelque huit millions de trajets annuels en voiture pourraient être évités grâce au GPSO, qui pourrait également attirer deux millions de passagers aériens par an. La consommation de CO2 par personne sur un trajet Paris-Toulouse étant de 130 kg en avion, 40 kg en voiture et 4 kg en TGV, le GPSO (y compris la liaison avec l’Espagne qui n’est pas encore inscrite au programme) éviterait 325 000 tonnes de CO2 équivalent (teq) par an, soit 3,2 millions de teq sur dix ans.
La création de nouvelles lignes dédiées au transport de voyageurs devrait également permettre au projet GPSO de « redynamiser » le fret ferroviaire, notamment en lançant enfin un projet de transport de marchandises par train, sur les sillons libérés par les nouvelles LGV. Le projet pourrait ainsi permettre de supprimer 2 000 camions, sur les 10 000 qui circulent actuellement chaque jour sur l’axe Bordeaux-Espagne.