(BFM Bourse) – La saison des résultats semestriels est terminée. L’année n’a pas été exceptionnelle dans son ensemble, mais plusieurs groupes ont réussi à se maintenir à flot. De quelles valeurs s’agit-il ? Et quels groupes ont au contraire mordu la poussière ? BFM Bourse fait le point.
La saison des résultats semestriels s’est achevée vendredi. Les 39 sociétés du CAC 40 publiant leurs comptes semestriels – Pernod Ricard livrera fin août ses résultats pour l’ensemble de son exercice 2023-2024 – ont rendu leurs rapports.
Quels groupes ont le mieux passé le test ? Quels sont ceux, au contraire, qui ont déçu ? Pour le déterminer, nous avons pris un thermomètre simple : la réaction du cours de Bourse lors de la séance suivant la publication. Soit le jour même pour les sociétés annonçant leurs résultats le matin, soit le lendemain pour les groupes ayant publié le soir, comme LVMH et Michelin.
Nous avons fait deux exceptions, pour Airbus et Dassault Systèmes. Les deux entreprises ont émis des avertissements sur résultats en amont de la saison des résultats, respectivement le 24 juin au soir et le 9 juillet. Nous avons pris en compte les mouvements lors des séances qui ont suivi ces avertissements, car nous pensons que l’essentiel de la réaction boursière a eu lieu à ce moment-là. Même si c’est un peu dur pour Airbus, dont le titre a gagné 4,8% après avoir finalement fait état de résultats meilleurs que prévu au deuxième trimestre.
Nous avons compilé le classement dans le tableau ci-dessous.
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EssilorLuxottica en tête
Premier constat : la saison a été contrastée, voire globalement mauvaise. Sur 39 groupes, 21 ont subi un recul suite à leur publication, tandis que 18 ont progressé. Un certain nombre d’entreprises ont été contraintes de revoir à la baisse leurs prévisions, comme Capgemini et STMicroelectronics, en raison notamment d’une conjoncture économique dégradée.
Du côté des plus fortes hausses, on retrouve aux trois premières places Teleperformance (+10,4%) %, Essilorluxottica (+7,4%) puis Legrand (+6,5%), dont l’activité a été tirée par les centres de données au deuxième trimestre.
Les avancées de Teleperformance et d’Essilorluxottica sont toutefois à relativiser. Teleperformance a vu son cours de Bourse plonger de 40,7% l’an dernier, en raison de publications décevantes et des craintes d’une disruption de son modèle par l’intelligence artificielle générative. L’entreprise se retrouve ainsi sous-valorisée aux yeux de plusieurs analystes. En délivrant une croissance supérieure aux attentes, au deuxième trimestre comme au premier, l’entreprise rassure le marché et son cours de Bourse décolle.
Dans le cas d’Essilorluxottica, la hausse du cours de l’action s’explique au moins en partie par le fait que la direction de l’entreprise a confirmé la volonté de Meta de potentiellement prendre une participation minoritaire dans son capital et ainsi renforcer leur partenariat.
Même pour Michelin, quatrième, l’entreprise étoilée a certes livré une copie supérieure aux attentes en termes de rentabilité. Mais la valeur avait chuté quelques semaines avant la publication (le 3 juillet, -3,1%), après que le groupe a prévenu les analystes que ses volumes seraient inférieurs aux attentes au premier semestre.
Mention honorable pour Saint-Gobain (+4,22%, 5e), groupe habitué à figurer au tableau d’honneur lors des saisons de résultats. Le doyen du CAC 40 a réalisé une marge record au premier semestre malgré un marché du neuf toujours difficile dans plusieurs de ses régions.
STMicro et Edenred dans une situation délicate
De l’autre côté du spectre, les sanctions boursières ont été nombreuses et violentes cette saison. STMicroelectronics a subi la plus forte chute, avec un recul de 13,8%. Le spécialiste franco-italien des semi-conducteurs a dû à nouveau abaisser sa prévision de chiffre d’affaires pour 2024, en raison de la dégradation des perspectives dans le secteur automobile. Le plongeon d’Edenred (-13,5%) est plus compliqué à justifier car ses résultats s’étaient révélés supérieurs aux attentes. Certains analystes ont toutefois évoqué le ralentissement de la croissance séquentielle (d’un trimestre à l’autre) au deuxième trimestre. La troisième plus forte chute a été subie par Airbus à la suite de son avertissement sur résultats.
Il faut aussi noter la séquence difficile pour l’industrie automobile. Stellantis a plongé de 8,7% après avoir publié des résultats en chute libre. La pénalité semble plus sévère pour Renault (-7,5%), dont les comptes se sont révélés légèrement supérieurs aux attentes. Certains analystes ont souligné le fait que l’entreprise n’a fait que confirmer, et non relever, ses objectifs 2024. « L’effet de contagion semble être la meilleure explication, après que Stellantis a publié, le 25 juillet, des résultats pour le premier semestre 2024 nettement inférieurs aux attentes du consensus », estime Bernstein.
Nous avons également publié un deuxième classement, qui tente de corriger l’impact du marché sur la même journée. Pour cela, nous avons mesuré la surperformance ou la sous-performance d’une action par rapport au CAC 40. En résumé, si une action gagne 4% et que le CAC 40 gagne 1% lors d’une séance donnée, la surperformance de cette même action est de 3%. L’idée est de nuancer les résultats en fonction des conditions de marché. Enregistrer une hausse de 3% lorsque le CAC 40 (comme jeudi) est en difficulté a plus de mérite que lorsque le marché est euphorique.
Cependant, et contrairement aux autres saisons de résultats, ce classement ne change pas fondamentalement par rapport au précédent. A la hausse, Michelin monte sur le podium aux dépens de Legrand. A la baisse, la plus grosse contre-performance est cette fois attribuée à Edenred devant STMicro.
Par Sabrina Sadgui et Julien Marion
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse