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Cac 40 : Pourquoi il faut parfois plusieurs jours pour apprécier pleinement les résultats d’une entreprise en Bourse

Cac 40 : Pourquoi il faut parfois plusieurs jours pour apprécier pleinement les résultats d’une entreprise en Bourse

(BFM Bourse) – La saison des résultats bat actuellement son plein avec de nombreux groupes livrant en même temps leurs performances du premier trimestre. Plusieurs exemples récents montrent que le marché a parfois besoin de plusieurs séances, voire plusieurs semaines, pour capter tout l’intérêt porté à une publication.

C’est toujours une période très mouvementée pour les marchés : la saison des résultats. En raison des obligations légales et des recommandations de l’Autorité des marchés financiers (par exemple, les entreprises ne disposent que de trois mois pour publier un rapport financier semestriel après la clôture des comptes, et ce en plein été), le calendrier pourrait s’avérer être très occupé.

Cette semaine, plus de 20 groupes du CAC 40 ont dévoilé leurs résultats ou revenus du premier trimestre. C’est encore pire pour les résultats semestriels. L’année dernière, une trentaine d’entreprises du CAC 40 et (environ) 90 membres du SBF 120 ont publié leurs comptes du premier semestre dans la dernière semaine de juillet.

Il n’est donc pas évident pour les investisseurs de suivre toutes les annonces des entreprises. D’autant que plusieurs exemples montrent qu’une publication d’une société cotée s’apprécie parfois non pas sur une séance mais sur plusieurs jours, voire semaines.

Cela est dû au fait que les analystes, lors de la publication d’une publication, rédigent souvent une « première prise », c’est-à-dire une première ébauche, parfois synthétique, pour décortiquer ces résultats. Il leur faudra alors peut-être plusieurs jours pour réévaluer leur modèle, leurs projections et éventuellement changer d’avis sur l’entreprise.

Une montée en puissance en deux temps pour le numéro un du chocolat

Citons l’exemple récent de Barry Callebaut, numéro un mondial suisse du cacao et du chocolat. Cette entreprise ne vend pas de produits directement aux consommateurs, mais fournit du cacao et des chocolats à de grands groupes agroalimentaires, des pâtissiers, des restaurateurs, des traiteurs ou encore des fabricants de boissons chocolatées.

La récente flambée des prix du cacao (ils ont triplé depuis le début de l’année) se traduit automatiquement par une augmentation des revenus de l’entreprise puisqu’elle doit répercuter l’inflation de la matière première. Mais cette envolée est loin de constituer une panacée pour Barry Callebaut, car elle crée une pression à la fois sur les volumes et sur le besoin en fonds de roulement (c’est-à-dire simplifier à l’extrême la trésorerie nécessaire au fonctionnement de l’activité).

Mais le 10 avril, le groupe parvient à publier une hausse de ses volumes au premier semestre (+0,7%) et surtout au deuxième trimestre (+1%). Le titre s’est envolé de 11% à la Bourse de Zurich.

Quelques jours plus tard, le 16 avril, le titre gagnait 6,7 %. En attendant, les analystes ont encore digéré les annonces du chocolatier. Et révisé leur avis. UBS a abandonné son conseil de « vente » et est passée à « neutre », estimant que le pire était passé en termes d’absorption de liquidités en raison de la flambée des prix des fèves de cacao. Stifel a décidé, le même jour, de relever son conseil d’« acheter » plutôt que de « conserver », la banque se disant surprise par l’augmentation des volumes de l’entreprise. Ce qui l’a aidé à être plus positif quant aux perspectives à moyen terme.

Des résultats Renault convaincants dans la durée

Parfois, cela prend plus de temps. Le titre Renault a bien progressé suite à la publication de ses résultats (+6,5%) marqués par une génération de cash nettement plus forte qu’attendu. Mais le titre a ensuite cédé une grande partie de ses gains dès la séance suivante (-4,7%). Sauf que Renault a connu par la suite un rallye boursier très prononcé, avec une hausse de plus de 40 % depuis la mi-février.

De nombreux cabinets de recherche ont entre-temps relevé leurs objectifs d’action, voire leurs recommandations. C’est le cas de Barclays, début avril, qui est passée en « surpondération ». Parmi les raisons invoquées pour justifier son regain d’optimisme, l’establishment britannique a cité la génération de cash, telle que publiée par le groupe lors de ses résultats annuels, qui a apaisé ses craintes sur le bilan financier de Renault.

Morgan Stanley, de son côté, a relevé son objectif de cours à 59 euros (contre un titre actuellement autour de 47 euros) le 10 avril, citant (entre autres) le rendement des flux de trésorerie de l’entreprise et sa solide exécution. de l’entreprise, comme cela a été démontré lors des résultats annuels. « Les fruits de cette exécution deviennent aujourd’hui plus visibles avec l’accélération des rendements du cash, l’amélioration de la santé du bilan et l’augmentation des marges du groupe à des niveaux historiques », a-t-elle souligné.

Le cas particulier de Forvia

Parfois, le marché a même du mal à décortiquer une publication et des réactions violentes peuvent survenir. Le cas de Forvia, équipementier automobile né du rachat de l’allemand Hella par le français Faurecia, l’illustre bien.

En février, le groupe a publié des résultats supérieurs aux attentes. Après une première réaction clairement positive, le titre s’est retourné en cours de séance puis a chuté de près de 20% en deux séances.

Comme l’a noté Deutsche Bank, le marché s’interrogeait sur la qualité de l’amélioration du besoin en fonds de roulement, craignant que cette variation cache un loup. Même si rien ne l’indiquait tel quel. La direction a dû tenir une conférence avec les analystes deux jours plus tard pour clarifier plusieurs points. Notamment le fait que le reverse factoring, mécanisme permettant à ses fournisseurs de recevoir immédiatement le paiement d’une facture via un tiers (le « factor » qui encaisse ensuite l’argent), était bien inscrit dans son bilan et ne constituait que 10% de sa dette fournisseur.

Les précisions apportées par le management ont ensuite contribué à apaiser en partie ces craintes, le titre gagnant 9%. Stifel a qualifié l’intervention de « bienvenue ». « La direction de Forvia a corrigé toutes les interprétations erronées et inexactitudes qui circulaient » deux jours plus tôt, appréciait le bureau d’études. UBS a ensuite décidé d’acheter les actions, soulignant des craintes injustifiées concernant le désendettement de Forvia.

Signe que les inquiétudes ont peut-être été exagérées après la publication des résultats annuels, l’action Forvia a bondi de près de 8% le 18 avril, après une activité encourageante au premier trimestre, mais pas sensiblement au-dessus des attentes.

Réaction du marché sur une journée, un thermomètre imparfait

Plus largement, comme nous l’expliquons régulièrement dans nos articles consacrés aux groupes les plus performants lors des saisons de résultats, la réaction des marchés dans la seule séance qui suit une publication constitue un thermomètre intéressant mais parfois fragmentaire et incomplet.

D’autant que les conditions de marché au jour « j » peuvent gonfler ou au contraire diminuer fortement le mérite de cette réaction boursière. En 2023, Dassault Systèmes bondit de 12% suite à la publication de ses résultats annuels 2022. Mais ce bond s’inscrit dans une séance où les valeurs technologiques ont été très bien orientées, notamment en raison des attentes de hausse des taux. faiblesse de la Réserve fédérale américaine.

A l’inverse, lors des résultats du premier semestre 2023, Stellantis n’avait gagné « que » 2,7%, une hausse qui aurait pu être bien plus forte si le marché dans son ensemble ne s’était pas corrigé (le CAC 40 avait perdu 1,35%) sur le même semestre. jour. D’ailleurs, l’action gagnera 5,3% le lendemain grâce aux commentaires positifs des analystes et encore 2,4% la séance suivante, démontrant que le titre avait encore quelque chose sous le capot.

Il arrive également que la réaction du marché soit faussée par des facteurs externes. Il y a un an, Renault publiait (encore une fois) une activité satisfaisante pour le premier trimestre. Mais le titre a immédiatement chuté, non pas à cause de la publication, mais à cause de l’annonce par Tesla dans la nuit de baisses de prix qui avaient fait craindre sur la vulnérabilité du groupe aux baisses de prix du constructeur californien.

Notons enfin que les difficultés de compréhension pour les analystes et stratèges ne se limitent pas aux marchés boursiers. Depuis des semaines, les différentes banques (Goldman Sachs, UBS) réfléchissent aux explications potentielles de la hausse du prix de l’or, qui met à mal les fondamentaux économiques traditionnels censés influencer le prix du métal précieux.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse

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