(BFM Bourse) – Le CAC 40 a démarré en baisse lundi à l’issue du second tour des élections législatives. Si le scénario espéré par le marché, celui d’une Assemblée nationale sans majorité absolue, s’est réalisé, l’incertitude reste élevée.
Le marché est désormais dans l’expectative. A l’issue du second tour des élections législatives, la Bourse de Paris recule en début de matinée ce lundi. Le CAC 40 recule de 0,56% à 7.632,08 points, peu après l’ouverture de la Bourse de Paris.
Sur le marché de la dette, aucune tension majeure n’est à signaler. L’écart entre le rendement de l’obligation française à 10 ans et celui de même maturité en Allemagne, indicateur de stress sur la dette française, s’est creusé de deux points (0,02 point de pourcentage). Cet écart s’établit à 68 points de base, alors qu’il avait dépassé 84 points de base dans les semaines qui ont suivi la dissolution de l’Assemblée nationale.
Dimanche, le Nouveau Front populaire (NFP), coalition de partis de gauche, est arrivé en tête du second tour, défiant les pronostics. Le bloc de gauche est sorti vainqueur avec plus de 180 députés, devant la coalition de la majorité en personne Ensemble (plus de 160 élus) et le Rassemblement national (plus de 140).
Aucun bloc n’a toutefois obtenu la majorité absolue de 289 députés. De ce fait, de nombreux scénarios sont possibles au lendemain de ces élections. Le chef de file de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a évoqué la possibilité que le NFP gouverne sans majorité, avec certaines mesures qui pourraient être prises rapidement par décret.
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Craintes liées au déficit
« Globalement, les trois groupes (NFP, RN et Ensemble) étant loin d’une majorité, les investisseurs peuvent considérer que les résultats ont évité les pires conséquences. Mais il existe un risque que le candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon soit nommé Premier ministre. Et même s’il ne l’est pas, l’impasse parlementaire va entraver les efforts visant à assainir durablement les finances publiques », juge Capital Economics.
« Le NFP a le programme budgétaire le plus agressif, à la fois en termes de dépenses et d’impôts, et le marché sera méfiant à l’idée de le voir au gouvernement maintenant ou plus tard, ce qui entraînerait des déficits plus élevés, avec les inquiétudes qui en découlent concernant la viabilité de la dette et les relations tendues avec l’Europe », notent les stratèges de la Deutsche Bank.
« Si les marchés financiers devraient dans un premier temps être soulagés que les extrêmes n’aient pas obtenu de majorité absolue à l’Assemblée nationale, il est fort probable que la volatilité monte d’un cran dans une deuxième phase », estime John Plassard, conseiller en investissement chez Mirabaud.
« En effet, une Assemblée divisée en plusieurs blocs sans qu’aucun d’entre eux ne détienne de majorité claire rend difficile la formation d’un gouvernement et la prise de décisions importantes. Aucune réforme majeure ne devrait voir le jour dans les 3 ans à venir, ce qui signifie que les agences de notation (Moody’s en tête) réviseront rapidement à la baisse leurs estimations pour la France… », explique-t-il.
Rappelons que l’indice parisien avait perdu environ 6,5% entre l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron et le vendredi précédant le premier tour des législatives. Le CAC 40 a ensuite sensiblement réduit ses pertes dans l’inter-tour, revenant vendredi soir à environ 4% de son niveau d’avant la dissolution.
Julien Marion – ©2024 BFM Bourse