Câbles sous-marins : tout a commencé à Déolen, à Locmaria-Plouzané
Le câble métallique de Déolen est encore visible en haut du ruisseau. Installé en 1898, il servit jusqu’en 1959, avant l’arrivée des câbles coaxiaux puis de la fibre optique.
Le bon vieux câble métallique fonctionnait en mode impulsion électrique et télégraphique, avec une capacité de transport de 40 mots par minute entre la Bretagne et le continent américain. Posé sur 6 000 km, le câble en métal lourd représentait, à l’époque, une véritable révolution technologique.
Face à la grève, le téléphérique abritait une douzaine d’opérateurs et de techniciens, 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Leur travail consistait à recevoir et à transmettre des câblogrammes, des télégrammes à destination et en provenance d’Amérique, du Royaume-Uni, puis d’Afrique.
Lorsque les Allemands débarquèrent en 1940 à la pointe de la Bretagne, c’est de cet endroit que fut envoyé le tout dernier message informant les Américains de l’invasion imminente. L’envahisseur ne tardera pas à interrompre son activité. Ce câble sera remis en service à la fin de la guerre.
Ça s’appelait « le live »
Après un premier câble mis en service en 1879, Déolen accueillit en 1898 le plus long câble sous-marin du monde qui atteignait directement les Etats-Unis, sans passer par Saint-Pierre et Miquelon. « Live », comme on l’appelle, marque l’âge d’or des télécommunications internationales. Une plaque commémorative évoque sa présence et son utilité au sommet d’un spot bien connu des surfeurs locaux.
Cet imposant câble métallique transmettait l’équivalent de 80 bits par seconde. A titre de comparaison, le câble qu’Orange a posé entre Bordeaux et Boston (le câble Amitié) a une capacité de 400 terra bits, soit le chiffre 4 avec 14 zéros à suivre et une capacité 10 000 milliards de fois supérieure aux premiers câbles télégraphiques. C’est dire le bond prodigieux rendu possible par la fibre.
Jamais remonté
Pour assurer l’impulsion électrique vers les Etats-Unis, il fallait une bonne production électrique de Locmaria-Plouzané et une importante équipe technique sur place.
La crique profonde de Déolen a été choisie pour la stabilité de ses fonds marins et sa relative discrétion en termes d’accès et de fréquentation, à côté des plages du Minou et de Sainte-Anne, un peu plus à l’est. Abandonné depuis 1959, le « live » n’a jamais été repris et est resté au second plan. Après des décennies passées au fond de l’eau, le câble s’est mélangé aux sédiments et à la flore sous-marine. « Nous ferions plus de dégâts aujourd’hui en l’arrachant par le bas. Après son abandon, il n’a jamais été récupéré », indique Jean-Louis Le Roux, directeur des réseaux internationaux du groupe Orange.
Désormais privée, la télécabine ne connaît plus le tumulte des équipes techniques qui se relayaient nuit et jour pour capter toutes sortes de messages du monde entier. Mais le câble reste visible et témoigne de la formidable histoire des télécommunications sous-marines.