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Ça vous défrise? – Causeur

L’inflation légale profite à la génération « j’ai le droit ». Jeudi dernier, nos députés ont cédé à un nouvel effet de mode, en légiférant contre la « discrimination capillaire », qui sera désormais sanctionnée. Au cœur des débats : les personnes aux cheveux crépus victimes d’un racisme odieux.


Le 27 mars, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture un projet de loi proposé par le député Olivier Serva du groupe LIOT pour lutter contre les « discriminations ». capillaire « . Le groupe politique a particulièrement ciblé la compagnie Air France, qui a mentionné aux stewards que « Les cheveux devaient être coiffés avec une extrême précision. Limitées en volume, les coiffures doivent conserver un aspect naturel et homogène. La longueur est limitée à la nuque au bord supérieur de la chemise. « . En fin de compte, les codes du travail et pénaux devraient être modifiés, une fois de plus, pour inclure des sanctions à l’encontre des employeurs qui osent imposer une coupe de cheveux décente. Le nombre de discriminations recensées serait donc porté à 24…

Le député Olivier Serva photographié dans les couloirs de l’Assemblée nationale, en février 2020. Il était à l’époque dans le groupe LREM © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Modes juridiques

Le trio sémantique infernal de la parole publique » égalité, compassion, victimisation », porté comme étendard depuis dix ans, a donné naissance le 27 mars à un nouvel effet de mode juridique. Une nouvelle démonstration de force de cette minorité zélée qui impose toutes ses volontés par la culpabilité, au détriment de l’intérêt collectif, pour lui permettre souvent de justifier ses échecs.

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Ce raisonnement désormais bien connu peut se résumer en trois mots. j’ai le droit. j’ai le droit m’habiller comme je le souhaite. j’ai le droit porter mes cheveux comme je veux. j’ai le droit également de porter des piercings ou des tatouages ​​visibles de tous, y compris en milieu professionnel. En cas de difficultés, la voie judiciaire est privilégiée quitte à encombrer littéralement les tribunaux déjà en grande difficulté compte tenu du budget réduit de la justice. Ce fait social n’est pas nouveau.  » Les morts gouvernent les vivants. », nous a rappelé Auguste Comte ; et le romancier Philippe Muray mettait en garde en 1992 contre cela « je veux pénaliser » palpable dans une société déjà fortement judiciarisée.

Chacun a ses propres priorités

Fallait-il donc ajouter une couche supplémentaire au millefeuille législatif puisque le Code du travail et le Code pénal comptent respectivement 3 492 pages et 3 300 pages ? Oui, les défenseurs de « BIEN « . La lutte contre la discrimination capillaire a été amplement justifiée par M. Olivier Serva, élu dans l’un des départements les plus criminogènes de France, dans une tribune sur France Info le 28 mars. La capillarité est  » de difficulté universelle « , encore plus, il faut  » nommer le mal « . Cela montre que les sujets brûlants qui touchent la vie quotidienne des administrés en matière d’écoles, de finances et subventions publiques, et de sécurité sont bien subsidiaires !

On se demande si les paroles sacro-saintes des minorités annihilent tout espoir de simplifier et de rendre notre droit plus accessible. Le premier drame de cette inflation législative est la difficulté des acteurs juridiques et judiciaires, qui ne peuvent suivre les évolutions législatives sans fin. Il est cependant indéniable que les justiciables sont en droit d’attendre de la part de leurs magistrats, greffiers, policiers et avocats, une connaissance permanente des textes applicables. La deuxième tragédie est l’affaiblissement de nos lois indispensables face à des lois profondément inutiles. Ces nouveaux inquisiteurs nietzschéens de la morale ont mis un bâillon aux lèvres de Montesquieu, qui mettait pourtant en garde contre le fait de ne toucher à l’arsenal juridique qu’avec une main tremblante. A chaque difficulté, une nouvelle loi est proclamée, signe d’une action politique forte mais profondément stérile.

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Non sans s’arracher les cheveux, il est de notre devoir de nous indigner de la complexité de notre droit, de la judiciarisation du quotidien et surtout de privilégier le bon sens face à la pénalisation de nos moindres actes. A travers différents procès, la jurisprudence permet néanmoins un travail créatif astucieux pour délimiter les contours des lois avec l’idée directrice qu’il vaut mieux « bonne jurisprudence » qu’une mauvaise loi. Mais le travail s’annonce difficile face à ces élus dont le rôle a été malavisé.

La démagogie des minorités a pris le pas sur la majorité, l’intérêt collectif et le bon sens. La majorité, ce vainqueur proclamé par Tocqueville en Sur la démocratie en Amérique, est le vaincu. On croyait voir Grouchy arriver, mais c’est finalement Blücher qui apparaît. Cette formule est aujourd’hui pertinente face à cette multitude de petites erreurs qui contribuent, insidieusement, à la méfiance de la société à l’égard de nos politiques.

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