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«Ça va se détériorer très vite»

Dans un rapport, plusieurs économistes alertent sur les ravages de la baisse de la natalité, qui pourrait entraîner 75 milliards d’euros de pertes sur le PIB. Pour inverser la tendance, il faudrait privilégier les jeunes au détriment des retraités, en investissant notamment dans la construction de logements et de crèches.

Une bombe démographique pourrait bientôt exploser. Après avoir longtemps fait exception, la France voit la natalité reculer, menaçant les grands équilibres de son économie, à commencer par la protection sociale. Toutes les prévisions de l’Insee reposent sur un taux de fécondité de 1,8 enfant par femme. Mais en 2023, il n’était que de 1,68. Si ce taux atteignait 1,3 enfant par femme, comme en Italie, le PIB pourrait être réduit de 75 milliards d’euros d’ici 2040, selon une étude de la Chaire Transitions démographiques, transitions économiques (TDTE).

75 milliards d’euros de moins

Les effets à long terme seront massifs sur les comptes publics. Mais l’économiste Kevin Genna, l’un des auteurs de l’étude, espère susciter une prise de conscience : « Cela se fera sentir dans 15-20 ans. Les enfants que nous n’avons pas aujourd’hui n’entreront pas sur le marché du travail. Et si nous avons moins de cotisants « Nous avons moins d’impôts et l’Etat a moins d’argent, ce qui fait une perte de 75 milliards d’euros », assure-t-il.

« Nous avons d’immenses ordres de grandeur. On a l’impression d’être face à une montagne qui ressemble plus à l’Himalaya qu’aux Vosges », ajoute l’économiste.

Les Français veulent avoir des enfants, puisqu’ils en veulent 2,4 en moyenne. Mais ce désir se heurte à diverses raisons. « Les jeunes en âge de procréer, entre 18 et 30 ans, représentent 11 millions de personnes mais ils sont maltraités », explique ce mercredi sur RMC et RMC Story Jean-Hervé Lorenzi, fondateur du Cercle des Economistes et à l’origine de l’étude. « Ils ont de gros problèmes de logement, comment peuvent-ils avoir un enfant supplémentaire dans 25 m² ? Ils ont également des difficultés à s’intégrer au marché du travail.

Des « vieux qui votent » choyés au détriment des jeunes ?

Il déplore l’accent mis sur les retraités. « Tout ce qui touche à la jeunesse et à la natalité est très malmené dans ce pays. Il y a une Ministre de la Jeunesse vraiment sympathique mais personne ne connaît son nom (Sarah El Haïry, Note de l’éditeur) », ironise Jean-Hervé Lorenzi, qui estime que l’accent est mis sur « les vieux qui votent », par opposition aux jeunes alors que la situation « va se dégrader très vite ».

Emmanuel Macron a abordé le sujet en janvier dernier. Le président de la République a appelé les Français au « réarmement démographique » en annonçant une amélioration du congé parental et en proposant aux jeunes un test de fertilité gratuit à 20 ans.

Il y a encore des raisons d’espérer. La baisse de la natalité n’est pas une fatalité. Elle a augmenté, par exemple, en Allemagne, grâce aux immigrés. Pour le chercheur Kevin Genna, la solution passe par l’égalité des sexes, un meilleur accès à des logements plus spacieux, et tout simplement : la construction de garderies.

Guillaume Dussourt avec Victor Joanin

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Ray Richard

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