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« Ça va faire taire certains », joie folle de TotalEnergies après le triomphe d’Anthony Turgis

Souvent placé mais rarement vainqueur au cours de sa carrière, Anthony Turgis s’est illustré pour remporter la 9e étape du Tour de France ce dimanche, au terme d’une journée folle. L’émotion était immense dans les rangs de l’équipe vendéenne TotalEnergies.

Il a préféré s’éclipser dans le bus de son équipe à l’approche de la flamme rouge. Pour mieux ressortir le poing fermé, les yeux rougis d’émotion, le sourire aussi large que ça, avant de tomber dans les bras de ses proches et de ses directeurs sportifs. Devant les micros tendus par une foule de journalistes, Jean-René Bernaudeau, manager historique de TotalEnergies, a alors eu du mal à mettre des mots sur l’instant présent. Au terme d’une journée complètement folle, une de plus sur ce Tour de France 2024, son protégé Anthony Turgis vient de remporter la 9e étape, celle des chemins blancs autour de Troyes, celle qui a fait trembler tout le peloton et qui a offert du cyclisme total pendant plus de quatre heures.

Après Romain Bardet et Kévin Vauquelin, voilà le clan français avec déjà trois victoires à son actif. Et pas n’importe lesquelles. Pour s’assurer le septième bouquet de sa carrière, le premier depuis 2019 et de loin le meilleur de sa carrière, Turgis a su régler un bouquet d’échappées au sprint, parfaite conclusion d’un fabuleux dimanche, sublimé par des numéros de personnages au moins aussi grandioses, dont Tadej Pogacar et Remco Evenepoel, avec 32 kilomètres de routes caillouteuses au cœur du vignoble champenois en toile de fond.

Une victoire au nom de ses frères

« Ce qui s’est passé aujourd’hui, c’est tout ce qu’on aime. C’est beau ! Le Tour, ce n’est pas que de la montagne, c’est magnifique d’avoir ce genre de parcours et c’est une belle récompense pour toute l’équipe. Anthony, c’est le vrai vélo. Il sait tout faire et il montre qu’il n’y a pas que la jeunesse qui compte. Evenepoel et Pogacar ne sont pas des exemples mais des exceptions. Cette victoire va donner de l’espoir à beaucoup de monde », a souri Bernaudeau, pas loin de fondre en larmes en évoquant la « souffrance » et « tout ce que » son coureur a traversé, notamment victime d’une lourde chute en mars dernier sur À Travers la Flandre, qui lui a laissé les côtes à l’agonie pendant un mois.

En filigrane, Bernaudeau fait aussi référence à l’histoire personnelle de Turgis. Car l’Essonne de 30 ans ne court pas seul. Ses deux frères, Tanguy et Jimmy, aujourd’hui âgés de 26 et 32 ​​ans, étaient pros comme lui mais ont été contraints de mettre un terme à leur carrière en 2018 et 2020 en raison d’une maladie cardiaque héréditaire. C’est à eux qu’Anthony a immédiatement pensé après avoir franchi la ligne. « Ils ont du mal à vivre certains moments, ils vivent à travers moi. Je ne peux que leur dédier ça. J’avais un frère dans chaque jambe aujourd’hui », confiait-il pudiquement au micro de France 2. Élevé dans une famille de cyclistes, il a franchi un cap en quittant Cofidis en 2018 pour Direct Énergie, où ses performances dans les Flandriennes lui ont rapidement permis de se faire un nom.

La délivrance d’un coureur rarement gagnant

Mais il a surtout frôlé l’exploit XXL à Milan-San Remo en 2022, n’étant battu que par l’acrobate slovène Matej Mohoric. Souvent placé mais rarement vainqueur, à l’image de sa quatrième place fin juin lors des championnats de France outre-Manche, Turgis a fini par faire mouche au meilleur des moments. « C’est juste génial. Tout le monde l’a critiqué et ça va faire fermer certaines bouches », savourait son jeune équipier Thomas Gachignard, après avoir appris « à l’oreillette » le triomphe de son aîné.

« On est venus pour gagner et on l’a fait », a-t-il insisté. « On avait marqué cette étape avec Antho, qui était notre meilleure carte, et on a tout fait pour rentrer dans l’échappée. C’était rapide dès le départ, le peloton a explosé, des leaders sont restés coincés. C’était tendu avec tout ce gravier et presque impraticable par endroits. Mais Antho a tenu. Ce Tour est vraiment fou. On a eu un début de saison compliqué, Antho est tombé malade, il a eu une grosse chute qui lui a fait mal et il a travaillé très dur pour revenir. C’est presque comme si j’avais gagné. »

« Jean-René va nous acheter une bonne bouteille »

Le corps couvert de poussière et le cardio à plat après s’être infligé, comme à d’autres, certains chemins à pied, le vélo poussé à la force des bras comme dans un cyclo-cross, Mattéo Vercher, l’un des TotalEnergies les plus en vue depuis le début du Tour, ne disait pas autre chose : « On avait une confiance totale en Antho, on savait qu’il pouvait être formidable aujourd’hui. Pour moi, c’est une classique folle qu’il a gagnée. On ne voyait rien, on était au milieu de la poussière. C’était l’étape à gagner sur les trois semaines. Et ça confirme aussi que le cyclisme français se porte bien. »

Entre cette victoire, la première de l’équipe vendéenne sur le Tour depuis Lilian Calmejane en 2017, et les 68 ans de Bernaudeau à fêter ce lundi, la journée de repos à venir ne sera pas de trop pour digérer cette avalanche d’émotions. « Ça va être une belle fête ! », confirmait Fabien Grellier, euphorique. « Je pense que Jean-René va nous offrir une bonne bouteille. Cette étape, après la chute de Sandy (Dujardin) hier, c’est le plus beau des cadeaux. Anthony est un très très grand homme. Toutes les équipes redoutaient cette journée et on a réussi notre tactique. Antho a tout simplement été le plus fort. Je n’ai même plus mal aux jambes, c’est que du bonheur. »

Une joie immense partagée par le directeur sportif Benoit Genauzeau : « Quand on fera les comptes à l’arrivée à Nice, certaines équipes repartiront sans rien. On est un peu comme le Petit Poucet. Il faut honorer l’organisateur, c’est pour ça qu’on est dans les échappées depuis le départ. Certains ont dit que ça ne servait à rien. Mais le niveau est tellement élevé qu’on peut vite devenir confidentiel sur le Tour. On veut être acteurs et aujourd’hui on a ce résultat. » « C’est mon anniversaire demain, je pense aussi à la famille Turgis, à papa Rémy qui fait un travail formidable de bénévole, tout ça c’est très spécial. Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de milliardaires qui peuvent se permettre les larmes de joie que j’ai aujourd’hui », a poursuivi Bernaudeau. Seul le champagne devrait couler autant ce soir.

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Jeoffro René

I photograph general events and conferences and publish and report on these events at the European level.

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