« Ça risque de se radicaliser », mais « on va essayer d’éviter les débordements »… Les syndicats face à la colère des militants

La volonté du gouvernement de faire passer coûte que coûte la réforme des retraites et le recours au 49.3 ont provoqué des manifestations, et parfois des débordements, depuis jeudi 16 mars. Certains syndicalistes reconnaissent l’existence d’un risque de radicalisation.
C’est l’un des défis pour les syndicats dans les jours à venir, après que le gouvernement a utilisé l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer sans vote le projet de loi de réforme des retraites : contenir la colère d’une partie des militants, pour éviter les risques de dérives pendant les prochaines mobilisations.
Cyril Aumont, délégué syndical chez Enedis, en est conscient : « Ça risque de radicaliser un peu », raconte-t-il alors qu’il assistait à une manifestation sur le parvis de la mairie de Rouen, réunissant 300 personnes le vendredi 17 mars. « A la CGT on essaie de fédérer, de faire en sorte qu’il n’y ait pas trop de dérives, mais avec des annonces comme ça, je pense que le gouvernement met le feu aux poudres »accuse Cyril Aumont. « Il peut y avoir des choses que nous ne pouvons pas contrôler. En effet, cela peut prendre une forme un peu plus radicale. »
« Nous allons essayer de faire en sorte qu’il n’y ait pas trop d’actions isolées. Notre objectif est de revendiquer tout ce que nous faisons sans nous aliéner les utilisateurs ».
Cyril Aumontchez franceinfo
Poursuivre les mobilisations classiques ou durcir le mouvement, « il y a ce débat mais après, pour nous la violence n’est pas de notre côté »défend Arnaud Benoît, co-secrétaire départemental Solidaires 76. « S’il y a des camarades qui commencent à saturer ou s’il y a des feux de poubelles, ce n’est pas ça qui va tuer des gens »il continue. « Ce n’est pas enregistré par l’intersyndicale »Cependant «s’il y a des syndicats locaux, quel que soit le syndicat, qui décide de faire les choses plus fort, nous serons là pour les soutenir. Nous n’allons pas non plus casser le mouvement », ajoute Arnaud Benoît.
« Il faut manifester pacifiquement »
Du côté de Force Ouvrière, la ligne à adopter semble plus claire : pas de dégât, pas de violence. La mobilisation doit se durcir via une grève massive des salariés pour Yanis Aubert, secrétaire général FO Seine-Maritime, «le débat autour du durcissement, ce n’est pas un durcissement en cassant tout mais en faisant grève massivement dans les entreprises, tous syndicats confondus. Nous sommes assez dans l’intersyndicale pour dire qu’il faut manifester pacifiquement, mais le gouvernement doit aussi entendre la colère des gens »il lâche prise.
Réforme des retraites et 49.3 : les syndicats tentent de canaliser la colère – Reportage à Rouen de Boris Loumagne
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