« Ça ne m’était pas arrivé depuis deux ans, ça fait vraiment du bien », savoure Matthias Haddad-Victor
Les petits Rochelais habitant près du stade Marcel-Deflandre et ayant osé chasser les œufs dehors malgré la pluie ce dimanche, ont peut-être été surpris de croiser des joueurs de troisième ligne de haut niveau. On plaisante, mais ils semblent être partout. Malgré un forfait Levani Botia (côtes), un Judicaël Cancoriet ménagé et un Yoan Tanga déplacé au centre, les Maritimes ont bénéficié contre Oyonnax (40-21), ce samedi, d’un très bon match de Matthias Haddad-Victor – qu’il avait plus débuté depuis le 2 septembre à Clermont, la faute à une rechute au genou gauche qui a rendu le staff prudent quant à sa reprise. Un champion du monde U20 en 2019 qui a vu Oscar Jegou, sacré en 2023, réaliser d’excellents débuts. De quoi ravir son aîné de trois ans, surtout heureux de pouvoir enfin enchaîner.
Ce match contre Oyonnax a encore une fois illustré les deux visages du Stade Rochelais cette saison, ce qui fait qu’on ne sait plus trop sur quel pied danser, de l’extérieur.
Je te comprends, après tout, nous sommes encore en mars, il faut retravailler, continuer à avancer. Là, on gagne avec le bonus, peut-être qu’on ne l’aurait pas fait avant. Oui, il y a deux visages, il va falloir les utiliser pour n’en avoir vraiment qu’un, celui des vingt-cinq premières minutes.
Comment expliquez-vous l’avalanche de fautes dès la 26e (12 en 32 minutes), alors que jusque-là vous n’aviez pas été sanctionné une seule fois ?
Je ne pourrai pas forcément vous le dire, c’est un sport d’équipe, on est tous ensemble et, parfois, il s’avère qu’on a des points faibles. C’en était un, mais on a pu récupérer, c’était un bon test mental. Maintenant, il va falloir que ça s’arrête parce que dans les grands matches, dans les matches de haut niveau, ça n’arrivera pas, on le sait.
Serait-ce dû à un péché d’orgueil, alors que c’était 28-0 à la 31e ?
Il se pourrait que nous soyons tombés dans un faux rythme aussi, alors qu’ils ont accéléré le jeu. Il faut rester concentré sur soi, trouver les ficelles et arriver à avoir ce petit déclic pour pouvoir passer à la vitesse supérieure. Pour le moment, nous sommes coincés en deuxième position, ils ont très bien su l’exploiter. Ils étaient plus agressifs que nous sur le terrain. On a répondu présent dans certaines phases de combat, on a gagné aussi des duels, je préfère voir le positif car c’est ce qu’il nous faudra pour prendre un maximum de confiance et avancer.
« Moi, je suis heureux sur les terrains de rugby, j’essaye de le montrer »
Du côté positif, il y a votre performance. Après des mois de difficultés, vous avez faim ?
Oui, j’essaie de rendre tout ce qui m’a été donné, nous avons toujours été là pour moi dans les hauts comme dans les plus bas. J’essaie de répondre, j’ai encore quelques points à peaufiner, je n’ai pas seulement fait de bonnes choses, mais il faut voir le positif. Je vais essayer d’enchaîner, je suis content de faire un 5ème match consécutif, ça ne m’était pas arrivé depuis deux ans, mine de rien ça fait vraiment du bien (rires).
On sent que vous gagnez en force, en fait…
J’essaie beaucoup de travailler avec tous les coachs, notamment avec Sean (Dougall) sur les attitudes de contact, avec « Kéké » (Kevin Gourdon), « Skin » (Donnacha Ryan), tout le monde… Franchement, on a un staff de qualité, vous avez pour l’utiliser; nous avons un groupe travailleur qui en demande toujours plus, qui fait des extras. La formation permet de prendre confiance et d’élargir sa palette.
Défensivement, on vous a vu réaliser quelques tacles offensifs, les sensations sont-elles revenues ?
C’est comme tout, plus tu as du temps de jeu, plus tu as confiance, et plus tu as confiance, plus tu es libéré et tu joues. Le staff me donne de plus en plus de temps de jeu, je le prends avec plaisir, j’essaie de m’attaquer à tout et d’en profiter au maximum. Moi, je suis heureux sur les terrains de rugby, j’essaye de le montrer.
N’avez-vous pas été frustré offensivement contre Oyonnax, après avoir touché beaucoup de ballons à Bayonne ?
(Sourire.) Lors des trois matchs précédents, je n’avais touché qu’un seul ballon ; à Bayonne, j’ai tout rentabilisé (rires). Là, je n’ai pas touché beaucoup de ballons mais c’est tout, ça fait partie du rugby, je suis content, j’ai fait deux, trois rucks. il faut savoir faire les tâches de l’ombre, c’est grâce à eux qu’on peut gagner, je ne suis pas là pour être en couverture (rires).
« Il faut toujours s’amuser sans tomber dans l’euphorie, j’ai encore quelques petits points à régler »
Pouvez-vous néanmoins nous parler de votre intervention sur le premier essai de Thomas Berjon ?
Teddy (Thomas) avance, je sais qu’il peut tendre les mains pour faire une passe, je l’appelle, et puis « la Berje » m’appelle, je vois qu’il y a un joueur entre nous deux, mais que c’est un attaquant , donc je pousse avec les pieds parce que ça va quand même assez vite (rires). On a eu le bon rebond, on a marqué, je suis content.
On ne connaissait pas ce jeu au pied, est-ce une première ?
(Rires.) Il faut retourner chez les cadets pour ça ! Oui, c’est une première qui fait plaisir, quand on a confiance, parfois ça marche. Par contre, il y a eu un coup de pied par dessus qui n’a malheureusement pas fonctionné (sourire). Il faut toujours s’amuser sans tomber dans l’euphorie, j’ai encore des petits points à régler.
Ce revers manqué au poste d’ailier, en 2e période, n’est-ce pas parce que vous êtes plus à l’aise à l’ouverture ?
(Rires.) J’essaie de jouer en 3e ligne, c’est le plus important, on ne va pas trop m’en demander !
Vous êtes encore jeune, mais pas comparé à Simeli Daunivucu et Oscar Jegou, que pouvez-vous nous en dire ?
Ce sont des gars qui travaillent, qui sont humbles, je m’entends très bien avec eux. Ce sont des joueurs de la formation rochelaise, ce qui montre aussi qu’ils sont issus d’une bonne école. Ils répondent toujours et essaient de se donner à 100 %. Cela me fait plaisir car c’est ce qui nous a permis de récupérer le bonus offensif. Ce n’est pas la première fois qu’ils le font, je suis sûr qu’ils recommenceront à l’avenir. Je ne veux pas deviner, mais je ne suis pas surpris. J’espère que ça dure.
Quoi qu’il en soit, l’objectif de chacun était de pouvoir monter dans l’avion mardi pour Cape Town…
On est dans un club qui tend vers les sommets, on est tous très compétitifs et on essaie d’avoir le plus d’émulation possible pour jouer le plus de matches possible. Evidemment, personne n’était au sol pour dire « je ne veux pas prendre l’avion » (rires).
L’oeil de Romain Carmignani
« C’est un enfant que je connais très bien, je l’ai eu au centre de formation, il n’a pas été épargné, il fait une belle performance. Il capitalise et travaille dur, il n’a pas été épargné, je suis très content pour lui. »