«Ça m’a vraiment aidé», en difficulté pour trouver un appartement, Joseph vit sous une tente au camping
Une soudaine envie de prolonger les vacances en s’installant au camping pour la rentrée universitaire ? Pas du tout, non. Si depuis lundi Joseph Fournier, étudiant de 21 ans, réside depuis lundi dans une tente « lodge » au camping Le Soleil de la Rochelle, c’est qu’il y a eu un vide sur le parc locatif classique.
« Je viens de Paris et lors de ma recherche d’appartements, je suis tombé soit sur des colocations assez éloignées du campus et pour au moins 500 euros, soit sur des chambres chez l’habitant, parfois pour le même prix. Et je n’ai pas du tout envie de vivre comme ça », confie cet étudiant en master de Géosciences à l’Université de La Rochelle. Il recherche un studio, meublé si possible, pour 500 euros maximum.
Il a commencé ses cours il y a trois semaines et après avoir séjourné deux semaines chez des amis, il a découvert sur Internet qu’il était possible de louer une tente « lodge », pour 100 euros par mois, dans ce camping, à 10 minutes à pied de son campus.
Pour les jeunes en recherche active de logement
Sous une pluie battante, Joseph nous fait visiter les lieux. Dans l’esprit camping, il laisse ses tongs à l’entrée pour ne pas mouiller son pied-à-terre inattendu. A l’intérieur, le confort est sommaire mais suffisant pour qu’il puisse se retourner. « J’ai fait des pâtes pour mes amis cet après-midi, c’était vraiment sympa », raconte le jeune homme, qui n’a pas perdu le sourire malgré cette galère. Pour travailler, il profite de la bibliothèque universitaire toute proche.
Il occupe l’une des 31 tentes « lodge » du camping, où l’on peut se tenir debout et qui sont entièrement équipées : plaques de cuisson, réfrigérateur, vaisselle, lits… Les toilettes du camping sont à proximité. Ces tentes appartiennent au Fonds central d’activités sociales d’EDF (CCAS), qui les propose à ses bénéficiaires l’été. « Nous avons demandé leur démontage un peu plus tard cette année, pour accueillir étudiants et travailleurs en recherche de logement, dans un marché immobilier que l’on sait tendu », explique Elise Dulhoste, gérante du camping.
Outre Joseph, une jeune femme, serveuse dans un restaurant de La Rochelle, occupe une des tentes voisines. Trois jeunes bénéficient du dispositif depuis le 3 septembre, date à laquelle il a été rendu accessible. La communication tardive, fin août, sur le système et la très mauvaise météo expliquent pourquoi une foule de candidats ne s’est pas précipitée aux portes du camping. « De plus en plus de familles nous appellent pour obtenir des renseignements, souvent pour leurs enfants », constate Elise Dulhoste.
« Aider les étudiants en attendant que les logements Airbnb soient disponibles »
« Nous proposons une alternative à court terme, et non durable », souligne Claire Balzac, directrice opérationnelle des Auberges de jeunesse 17, l’association qui a racheté le camping en janvier 2024. L’idée est d’aider les étudiants à la rentrée. période scolaire, en attendant que les logements Airbnb soient disponibles. Les locations de ces tentes s’arrêteront donc dans quelques jours, le 6 octobre. Début septembre, un étudiant de Panade qui avait loué un emplacement pour une tente classique a pu séjourner dans une de ces tentes « lodge » plus confortables pour presque trois semaines. « On peut le pousser d’une semaine sur l’autre, jusqu’à un mois maximum, mais ce n’est vraiment qu’un dépannage », explique le responsable du camping.
Joseph l’a bien pris et a poursuivi activement sa recherche d’un logement. « Ça m’a beaucoup aidé, c’était cool, j’ai fait beaucoup de visites et j’ai trouvé un appartement qui me plaisait mais qui n’était pas meublé », explique-t-il. Je ne m’attendais pas à avoir autant de mal en arrivant de Paris, où j’ai payé moins cher mon logement (9 m2). Là-bas, les appartements ne sont pas tous bons mais ils existent… » Autre difficulté qu’il rencontre dans sa recherche, les propriétaires de La Rochelle, comme dans d’autres villes balnéaires, ne souhaitent pas louer leur bien à l’année entière, préférant de le récupérer avant la saison estivale, pour obtenir un loyer plus lucratif.
« Ce n’est pas un modèle économique »
Si les offres de formation se sont développées ces dix dernières années à La Rochelle, renforçant son attractivité pour les jeunes, les offres de logement n’ont pas suivi. « Après la crise du Covid, la situation était particulièrement compliquée pour les étudiants, rappelle Claire Balzac. Nous en avons accueilli plus d’une centaine sur la rentrée et jusqu’en novembre/décembre dans notre auberge de jeunesse. » Elle constate alors une sorte « d’inversion » des rôles particulièrement exacerbée : sa structure destinée au tourisme social se retrouve à proposer des logements étudiants alors que les propriétaires privés privilégient la cible touristique.
Et l’année prochaine, ces tentes lodges seront-elles à nouveau louées ? « Si on nous le demande, nous reconduirons », répond Claire Balzac, qui tient à préciser que « ce n’est pas un modèle économique ni un choix d’orientation stratégique. Si nous parlions uniquement de rentabilité, nous gagnerions plus d’argent en utilisant ces emplacements pour caravanes, pour lesquels il existe une forte demande. » Elle veut croire que la situation va s’améliorer, même si elle constate une baisse des demandes cette année et moins d’exemples de jeunes dormant dans leur voiture.
De nouveaux logements étudiants sont en cours de construction et devraient permettre de proposer « 500 lits supplémentaires aux étudiants dans les années à venir », espère-t-elle. Joseph, de son côté, compte « fêter » sa prochaine signature de bail, notamment avec la gérante du camping qui l’a aidé du mieux qu’elle a pu en lui transférant des offres.