«Ça les rend fous»… Que sait-on de l’agression de deux policiers par des trafiquants de drogue ?
Edit du 21/10 13h45 : Ajout de l’arrestation suivie de l’incarcération de l’individu « libéré » par ses complices.
Une scène qui ne déparerait pas dans un film d’Olivier Marchal, Romain Gavras ou Cédric Jimenez. Ce mercredi, une vidéo montrant deux policiers ayant interpellé un homme soupçonné de trafic de drogue à la Cité de la Castellane, dans les quartiers nord de Marseille, se faisant agresser par des individus ayant réussi à libérer leur complice a circulé sur les réseaux.
Les deux policiers ont été blessés, une enquête a été ouverte et deux arrestations ont eu lieu, sans que l’on sache encore si elles sont liées à cette attaque. Ce lundi, on a appris que l’évadé avait finalement été arrêté puis incarcéré. 20 minutes fait le point sur ce que l’on sait de cette affaire.
Ce que nous voyons dans la vidéo
La vidéo qui circule propose une séquence de douze secondes. Il a été authentifié. Cela commence par une situation où l’on voit deux policiers se livrer à une mêlée au sol avec un suspect qu’ils tentaient d’arrêter. Deux autres individus se trouvent à proximité immédiate et ne semblent pas intervenir.
L’un d’eux, cagoulé, se penche pour ramasser ce qui semble être le téléphone portable de la personne interpellée. Rapidement, trois autres personnes entrent dans l’image vidéo. L’un d’eux bouscule l’un des policiers et un autre donne un violent coup de pied au deuxième policier à la tête. Le suspect parvient alors à se dégager de l’étreinte et s’enfuit en évitant un frôlement.
Ce que la vidéo ne montre pas
Cette courte séquence vidéo ne dit pas tout sur la violence de cet épisode. Selon une source policière, outre les coups, les policiers ont également souffert de projectiles, de pierres et de bouteilles.
Les deux policiers sont membres des BST (brigades spécialisées de terrain). Leur intervention s’inscrit dans le cadre de leur travail quotidien de surveillance des points de deal de Marseille, mais sans le soutien des CRS, qui mènent quotidiennement des opérations de harcèlement des réseaux de trafic de drogue dans ce qu’on appelle « les pilonnages ». Une stratégie amplifiée ces dernières années. six mois, notamment avec l’arrivée des CRS 81, et rebaptisés « opérations place net », dont la première version a eu lieu en mars dernier à Castellane, en présence d’Emmanuel Macron et de plusieurs de ses ministres de l’époque.
Comment vont les agents ?
La vidéo diffusée sur les réseaux se termine par une photo d’un des agents qui montre un écoulement de sang sous l’œil gauche. Rudy Manna, porte-parole national du syndicat Alliance Police, raconte 20 minutes qu’il souffrait, entre autres, d’une double fracture au visage.
Ces scènes sont-elles courantes à Marseille ?
« Ce n’est pas régulier, mais ce sont des choses qui se sont déjà produites », explique Rudy Manna. Pour le policier syndicaliste, cette réaction violente à l’arrestation d’un « simple » charbonnier (vendeur dont le rôle consiste à servir les clients) est un des effets de la politique de harcèlement des points de deal marseillais, et particulièrement celui de la Castellane, idéalement situé à l’ouest de la ville le long de l’autoroute, qui fait l’objet d’opérations policières quasi quotidiennes, a expliqué à 20 minutes la préfecture de police.
« Ça rend fous (les trafiquants) », a déclaré Rudy Manna, selon qui l’emprise policière autour de cette ville commençait tout juste à se desserrer. « Alors ils ont essayé de se réinstaller, et ils ont été immédiatement renversés. Alors, ils se sont réorganisés, notamment au niveau des livraisons, mais ça rapporte beaucoup moins », constate-t-il.
Où en est l’enquête ?
Une enquête pour coups et blessures sur personnes dépositaires de l’autorité publique a été ouverte, a indiqué ce dimanche le parquet de Marseille, précisant qu’aucune interpellation n’avait eu lieu jusqu’à présent. Selon une source policière, deux interpellations ont eu lieu ce dimanche à La Castellane, sans que l’on sache encore si elles sont liées à cette affaire. Contacté ce lundi, le procureur de la République n’a pas répondu à nos demandes de précisions.
« BFMTV » a ajouté ce lundi que l’individu « libéré » par ses complices a finalement été interpellé un peu plus tard dans la journée de mercredi. Présenté devant le tribunal vendredi, il a été condamné à un an de prison avec mandat de dépôt et donc incarcéré.