De plus en plus de consommateurs sont séduits par la parfumerie low-cost.
Mais que valent ces parfums, cinq fois moins chers que les grandes marques ?
« Sept à Huit Life » a mené l’enquête.
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Sept à huit
Elle vend dix millions de parfums en France chaque année. Avec ses 300 magasins implantés en France, la marque Adopt ronge les parts de marché des parfumeries traditionnelles en cassant les codes du luxe. Si Sephora reste le grand leader du secteur, Adopt a connu la plus forte croissance, toutes marques confondues en 2023 (+46%). Son secret :
des flacons portables vendus à quantités égales cinq fois moins cher que les grandes marques, soit 10,95 euros.
Pour référence, une boutique Adopt propose plus d’une centaine de variétés de parfums en libre service. Comme dans une confiserie, celles-ci sont classées par odeur : gourmande, fruitée ou exotique. C’est ce qui séduit particulièrement les adolescentes comme Lia, 13 ans, qui possède pas moins d’une trentaine de bouteilles dans sa chambre. « Il y a des parfums plus hivernaux, il y a des parfums plus estivaux qui sentent les vacances », explique la jeune fille dans le reportage en tête de cet article, diffusé le week-end dernier dans « Sept à Huit Life » sur TF1, précisant qu’elle ne « Je ne veux pas avoir toujours la même odeur. »
« Les parfums de marque coûtent assez cher »
Outre l’avantage de pouvoir accorder un parfum à chaque occasion, le format de poche proposé par la marque permet à l’adolescente d’avoir toujours un parfum sous la main. « Je le mets dans mon sac, et si j’ai envie de fumer ou quelque chose comme ça, je prends ça et je le remets dans mon sac. Et c’est pratique pour la journée d’école », résume Lia en manifestant devant notre caméra. Sa mère, Peggy, 47 ans, a également craqué pour quelques bouteilles. «Je le porte assez souvent parce qu’il dure très longtemps. Et j’aime son odeur. témoigne cette dernière qui, jusqu’à présent, ne portait que des parfums de marque offerts par son mari. « Les parfums de marque sont quand même assez chers, c’est un budget donc autant utiliser davantage les parfums et garder les parfums de marque pour les grandes occasions. Et comme ça on en utilise moins et c’est quand même moins cher », elle admet.
Si la marque, initialement appréciée des jeunes, séduit désormais les adultes, c’est en partie à cause de l’inflation, qui a contraint près d’un Français sur deux à réduire ses dépenses beauté.
« Nous faisons des économies d’échelle »
Pour être compétitive avec des flacons aux alentours de onze euros, la marque doit gagner du volume et vendre ses parfums en masse. Pour ce faire, elle utilise les techniques de vente de la grande distribution, avec entre autres des prix barrés et une promotion qui dure toute l’année. Pour faire revenir ses clients, l’enseigne propose également une réduction sur le prochain achat pour chaque bouteille usagée retournée. Autre caractéristique : la polyvalence des collaborateurs d’Adopt en magasin, qui gèrent aussi bien le réapprovisionnement que le conseil client, le passage en caisse, ou encore l’aspiration et le nettoyage après fermeture.
Ensuite, Adopt réduit le développement d’un produit à sept mois, soit deux fois moins que dans le luxe. Mais c’est sur la publicité que la marque réalise les plus grosses économies. Alors que pour les grandes marques, des campagnes valant plusieurs milliers d’euros et le salaire de leur égérie peuvent représenter jusqu’à 50 % du prix d’un parfum, la marque disposerait d’un budget publicitaire sept fois inférieur à celui de ses concurrents. Elle a également réduit au minimum le coût des flacons avec un modèle unique pour tous les parfums. « N’avoir qu’un seul flacon, on fait des économies d’échelle puisqu’on achète de très grandes quantités et puis on change seulement l’étiquette. Donc c’est du papier et ça ne coûte pas très cher sur le coût du parfum global », explique le PDG Frédéric Stoecke.
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Mais en termes de qualité, que valent ces parfums à petit prix ? Certaines ressembleraient fortement à celles de grandes marques de l’avis de plusieurs influenceurs qui ont fait des « dupes », à savoir des imitations souvent low-cost de parfums de luxe, leur spécialité. C’est le cas de Krystal, 24 ans, créatrice de contenus sur les réseaux, où elle partage ses bons plans. Sans aucune formation, elle ne compte que sur son nez. « La note amande, la note café, ce sont surtout les notes de tête, celles qui vont s’ouvrir en premier que je reconnais tout de suite », elle analyse la ressemblance troublante, selon elle, entre « Fairy land » d’Adopt et un best-seller des parfumeries françaises vendu à 60 euros les 3 0ml. « Très bien fait pour une fois »confirme-t-elle.
La marque économique imite-t-elle intentionnellement les parfums ? Le PDG nie. « Non, nous ne copions aucun parfum. Cela ne nous intéresse pas. Ce n’est pas la volonté de la marque. La volonté de la marque est de proposer des créations originales avec de grands parfumeurs, de grandes maisons de composition « Nous ne sommes pas intéressés à copier d’autres parfums. » insiste Frédéric Stoecke.
Adopt imite-t-il intentionnellement les parfums de luxe ?
Au-delà des notes de tête, dans quelle mesure les parfums sont-ils similaires ? L’équipe de « Sept à Huit Life » a fait analyser Lady Glitter, qui serait la version low-cost de l’eau de parfum Opium d’Yves Saint-Laurent. Les échantillons ont été envoyés à un laboratoire pour comparer leurs formules ainsi qu’à un nez. « Les deux formules de parfum sont très similaires. Elles ont 35 ingrédients en commun. Vous avez des pics assez élevés qui représentent la fameuse note de café typique de la marque de luxe au jasmin à la fleur d’oranger. En dessous, vous avez exactement le même profil, c’est là qu’on voit que c’est toujours la même famille olfactive. conclut Catherine Petit, indépendante, qui travaille dans le secteur depuis 40 ans. Mais en revanche, selon le spécialiste, la qualité est loin d’être la même. Le PDG ayant affirmé que le flacon analysé est une de ses anciennes références et que depuis la marque est montée en gamme, Sept à Huit a fait tester l’un des derniers parfums créés par la marque : Paris Rêverie. Verdict de Catherine Petit : les matières premières seraient effectivement plus nobles que dans Lady Glitter, mais le parfum resterait néanmoins un peu moins robuste que les marques de luxe.
La marque assure toutefois ne pas fixer de limites sur les matières premières. « Je n’ai pas de limite de prix, la qualité du concentré est la plus importante », répond Philippe Hardel, responsable du développement olfactif chez Adopt, après avoir travaillé pour une grande marque de parfumerie. « Nous avons 150 parfums, donc en fait, nous avons des parfums qui sont chers et d’autres qui sont moins chers, on regarde dans tout notre catalogue », explique le CEO Frédéric Stoecke à ses côtés. En référence, comme dans la fast fashion, Adopt propose en permanence des nouveautés, à raison d’une vingtaine en moyenne chaque année.