«Ça aurait pu être pire!» » Un an après le passage de la tempête Ciaran, qui a emporté le toit de leur pavillon, à Sainte-Sève, près de Morlaix (29), Adrien et Anne-Gil Le Deunf relativisent. Le comptable et l’aide-soignante, âgés respectivement de 34 et 35 ans, ont même retrouvé le sourire. « Il n’y a pas eu de blessés. Et au bout de sept mois, tout était réglé. Notre assurance a fait le nécessaire. Nous avons pu rentrer chez nous en juin. Juste avant l’été. Tout cela est derrière nous maintenant. »
Enfin presque. Car cet épisode a marqué durablement la famille. Dont les deux enfants du couple : Maëlie, 4 ans, et Alba, un an. « C’était dur de reprendre ses marques, explique Anne-Gil. Nous sommes face à l’ouest. Et, à chaque coup de vent, on a un peu peur. La première nuit, j’ai même eu une crise d’angoisse. »
Nous ne savions pas combien de temps cela durerait. On nous a dit un an minimum. Cela n’a finalement duré que sept mois. Mais ce furent les sept mois les plus longs de notre vie.
« Une rafale de vent à 100 km/h aurait suffi à le faire décoller »
Il y a quelque chose là. Car la nuit du 1er au 2 novembre 2023 a été particulièrement épuisante pour la famille. Le bruit des rafales de vent, l’énorme « boum » de 3 heures du matin, l’arrivée des pompiers, l’évacuation d’urgence vers la maison d’un voisin. Puis la prise de conscience, une fois le jour levé, de l’ampleur des dégâts. « La toiture s’est retrouvée au milieu du lotissement. Nous avons réglé la situation la plus urgente en couvrant la maison du mieux que nous pouvions, dès jeudi. Puis nous sommes allés chez l’assureur le lendemain. Nous étions désorientés. Mais il nous a bien guidé. Et on avait la priorité sur ceux qui avaient seulement perdu une clôture ou un cabanon», rembobine le père de famille. Une entreprise spécialisée a réalisé le revêtement le lundi suivant la tempête. Puis est venu le temps des évaluations. Qui en a conclu que le toit plat de cette maison, livrée en 2019, avait simplement été cloué à la charpente. « Il n’y avait aucune prise dans la ceinture de briques. On m’a dit qu’un simple coup de vent à 100 km/h aurait suffi à le faire décoller ! », souffle Adrien.
Mais les époux Le Deunf ont laissé les compagnies d’assurances s’arranger entre elles, notamment en ce qui concerne la garantie décennale. Leur priorité était de trouver un relogement.
Une solution de repli proche de chez vous
Heureusement, la solidarité était au rendez-vous. « L’article du Télégramme a aidé, sourit Adrien. « Il y avait aussi du bouche à oreille », ajoute Anne-Gil. Et ces propositions de gens qu’on ne connaissait pas, via les réseaux sociaux : une maison à Santec, un camping-car… ».
Le couple a finalement opté pour une solution de repli dans la location. À Sainte-Sève. Coup de chance. « Nous nous sommes éloignés d’un kilomètre à vol d’oiseau de notre maison », raconte le couple. Pratique pour l’école, nounou… Et pour surveiller le chantier. Ce qui était le plus compliqué à vivre, c’était l’impossibilité de planifier. Nous ne savions pas combien de temps cela durerait. On nous a dit un an minimum. Cela n’a finalement duré que sept mois. Mais ce furent les sept mois les plus longs de notre vie. »
Jusqu’en février, il s’agissait surtout d’expertise et de constitution de dossiers. Puis le démarrage du chantier a été retardé en raison d’un hiver très venteux et humide. Mais dès le début des travaux, le 12 mars, tout est allé très vite.
Une facture d’environ 100 000 euros
« Les murs ont été sauvés grâce à la bâche. Les artisans ont reconstruit la toiture, cette fois dans les règles de l’art. L’isolation et les plafonds ont été refaits. Peinture et parquet également. Même le poêle, qui avait subi des dommages, a été remplacé », énumère le couple.
Entre le loyer, le chantier de reconstruction et le ménage, la facture s’élève à un peu moins de 100 000 euros. «Mais nous n’avions rien pour avancer. Tout a été soigné », se réjouissent Adrien et Anne-Gil. Qui sait à quel point ils ont eu de la chance dans leur malheur. « Nous avons pu rapidement reprendre une vie normale. Mais pour les autres victimes de Ciaran, c’était bien plus compliqué. Certains d’entre eux, avec lesquels nous sommes en contact, n’ont toujours pas terminé. Les problèmes d’assurance peuvent parfois se transformer en très gros problème. »