« Ça a beaucoup refroidi » : montée des tensions entre Michel Barnier et députés macronistes en réunion de groupe
L’opération de réparation a pris fin. La tension est soudain montée entre Michel Barnier et les députés macronistes ce mardi matin lors de la réunion du groupe Ensemble pour la République (EPR). Au risque de tendre encore davantage l’ambiance au sein de la fragile coalition avant la périlleuse épreuve budgétaire. « C’est une occasion manquée. Ça a refroidi beaucoup d’entre eux », déplore un cadre de l’EPR.
Pourtant, tout a bien commencé lors de cet échange visant à aplanir les angles entre le Premier ministre et le principal contingent de sa « base commune », comme il l’appelle. « C’est un moment important pour nous », commence le président du groupe EPR, Gabriel Attal, assurant son successeur de son soutien. « C’est important pour moi aujourd’hui d’être là », répond Michel Barnier, ajoutant : « Vous êtes ce groupe qui accompagne le chef de l’Etat depuis le début. Nous allons apprendre à nous connaître. Je souhaite de la fluidité et de la proximité avec vous. »
Mais malheureusement, au bout d’une heure, l’ambiance devient soudain glaciale. Elue de la deuxième circonscription des Français de l’étranger, Éléonore Caroit pose la dernière question d’une série de douze interventions ponctuant son discours d’un « enfin, vous êtes là ». « Éléonore Caroit, pourquoi dis-tu enfin ? » répond Michel Barnier. Le député, en retour : « On a dit qu’on avait des questions sur le fond, on vous attendait depuis longtemps. » Piqué, « ultra-sec », selon plusieurs participants, le Premier ministre monte d’un cran. « Soyez juste », recommande-t-il. Ce n’est pas comme ça que ça marche, je ne me présente pas devant les groupes lors de la formation des gouvernements. J’ai dit que je viendrais après la Déclaration de politique générale, je suis là. »
« Le groupe avale des serpents… Et il sort le bazooka »
Tumulte dans les rangs. Surtension. « Il est détaché, il est susceptible », murmure un participant. Dès lors, du côté du marcheur, les échos sont unanimes. «C’est très violent là-bas», a déclaré un député après avoir entendu le chef du gouvernement tacler Gérald Darmanin sur le thème, «j’étais minoritaire dans mon parti, mais moins minoritaire que Gérald». Michel Barnier répond ensuite aux questions – et désaccords – des députés sur le fond, non sans hoquet. « Il vaut mieux que les affaires et les questions se fassent ici que dans les médias », lance-t-il au passage à l’adresse des dirigeants de l’EPR qui se livrent un bras de fer ces derniers jours.
« C’est de la politique, il y a des questions franches, il y a des réponses franches », dit l’entourage de Michel Barnier. « Ce n’est pas un combat sur un pied d’égalité. On peut être grincheux, mais Gabriel Attal dit qu’on va le soutenir, on va faire des propositions demain, le groupe avale des serpents… Et il sort le bazooka », renvoie un cadre de l’EPR, qui préfère en rire : « Nous ne voterons toujours pas de censure cet après-midi »