Le gouvernement a présenté mardi un amendement prévoyant un soutien de 1,55 milliard d’euros à la décarbonation de l’industrie, dans le cadre du débat parlementaire sur un budget 2025 néanmoins contraint par la dérive des finances publiques, a-t-il indiqué. », a-t-on appris auprès du ministère de l’Économie.
« La décarbonation de notre industrie est un élément essentiel de notre stratégie économique. Cela nécessite des investissements privés et publics à grande échelle», a déclaré le ministre de l’Économie, Antoine Armand, dans un commentaire transmis à l’AFP.
« Cette décision, qui marque une évolution notable dans le projet de budget initial, s’inscrit pleinement dans cette stratégie et soutiendra des projets clés pour produire en France en émettant moins de carbone », a-t-il ajouté.
Cet amendement a été déposé à l’identique par le vice-président de l’Assemblée nationale et ancien ministre de l’Industrie Roland Lescure.
Ce dernier est signataire, avec des élus de tous bords, d’une tribune de la Tribune Dimanche qui demandait au gouvernement de maintenir les aides publiques aux entreprises pour la décarbonation de l’industrie dans le budget 2025, contraint par des comptes publics en rouge.
– « Compétitivité » –
« Ces aides doivent permettre d’assurer l’atteinte des objectifs nationaux et européens d’ici 2030 en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre », explique l’amendement publié sur le site de l’Assemblée nationale.
Outre le financement de la construction d’usines de batteries, d’électrolyseurs, de réseaux de captage de CO2 ou de champs éoliens, « ils permettront également de sécuriser sur le long terme la présence de sites industriels dans des secteurs très émetteurs, alors qu’« ils sont soumis à de fortes contraintes ». concurrence internationale, en pouvant bénéficier de prix plus bas en matière environnementale et sociale et sur le prix du carbone », souligne-t-il.
Le ministère de l’Economie a indiqué à l’AFP que le texte serait examiné par le Sénat dans le cadre du « volet des dépenses », après le rejet mardi par l’Assemblée nationale, avec les voix de la coalition gouvernementale et du RN, du projet de loi que la gauche a contribué à réécrire en grande partie.
Fruit de discussions avec des industriels, « cet amendement important est aussi une réponse aux discussions qu’Antoine Armand et Marc Ferracci (le ministre de l’Industrie, NDLR) ont eu avec (…) le socle commun et notamment Ensemble pour le République », a-t-on précisé à Bercy. Le gouvernement multiplie les gestes à l’égard de sa fragile coalition à l’Assemblée.
A Bercy, on évoque également un enjeu de « compétitivité » pour l’industrie dans « un contexte économique difficile pour certains secteurs industriels, notamment en raison des surcapacités chinoises sur le marché qui font baisser les prix », alors que de grands secteurs industriels comme l’automobile et les industries chimiques annoncent de nombreuses suppressions d’emplois.
Le président de Michelin, Florent Menegaux, a déploré la semaine dernière le manque de compétitivité de l’industrie française et européenne, exposée à des salaires et surtout à des coûts énergétiques plus élevés qu’ailleurs.
Selon le ministère de l’Economie, l’enveloppe annoncée permettra de soutenir des projets industriels de décarbonation « encore en phase de conception », « tout en préservant l’activité » et « en développant une véritable filière de technologies propres » en France, où l’exécutif a fait de la réindustrialisation une de ses priorités.
– Économies –
Un recensement a déjà recensé 81 grands projets industriels de décarbonation, selon Bercy. Notamment avec les 50 sites qui représentent près de 60 % des émissions carbone de l’industrie.
Le gouvernement souhaite un effort budgétaire de 60 milliards d’euros l’an prochain, notamment en réduisant les dépenses, des « axes de réflexion » sont en cours pour identifier par la même occasion des mesures d’économies.
Fin 2022, Emmanuel Macron a proposé un pacte de décarbonation aux 50 sites les plus émetteurs de CO2 en France, leur promettant un doublement des aides publiques à 10 milliards d’euros en échange d’un doublement de leurs efforts en la matière.
Les signataires de la plateforme ont appelé le gouvernement à « tenir son engagement », déplorant qu’« aujourd’hui, seuls 4 milliards ont été programmés pour la décarbonation ».
En réaction auprès de l’AFP, Roland Lescure a salué « l’engagement » du gouvernement qui a « entendu l’appel lancé auprès des élus de tous bords politiques et de tous les territoires ».
Fin 2023, le ministère de l’Industrie estimait que décarboner l’industrie française générerait « entre 50 et 70 milliards d’euros » d’investissements et de surcoûts pour les entreprises en sept ans.
Selon Bercy, Antoine Armand doit se rendre jeudi à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), où se situe la deuxième zone industrielle la plus émettrice de CO2 après Dunkerque.
publié le 13 novembre à 5h44, AFP