Budget : le gouvernement Barnier s’apprête à imposer l’austérité à la France
Le Premier ministre français Michel Barnier doit présenter jeudi 10 octobre son projet de loi de finances en Conseil des ministres. Face aux dérapages incontrôlés des comptes publics, l’heure est à la rigueur budgétaire.
» Monsieur Attal je serai très attentif à vos propositions d’économies supplémentaires, très attentif « . En plein discours de politique générale à l’Assemblée, Michel Barnier fait une pause et se tourne vers son prédécesseur qui commence à l’applaudir avant de grimacer lorsque le nouveau Premier ministre termine sa phrase. » Pour faire face au déficit que j’ai constaté à mon arrivée. Donc. » Le brochet n’est pas passé inaperçu. Depuis qu’il a été choisi par Emmanuel Macron à la tête d’une équipe gouvernementale fragile, Michel Barnier répète combien il a été horrifié lorsqu’il a découvert l’ampleur du déficit.
Barnier face au déficit : un héritage difficile
Dans un article très completle journal les échos retracer l’histoire de un gouffre de 100 milliards d’euros » est apparue dans les comptes publics en l’espace de neuf mois à peine. Selon les derniers calculs de Bercy de septembre, le déficit menace de s’envoler jusqu’à 7% du PIB en 2025, soit deux fois plus que ce qui était prévu en janvier. La première mission de Michel Barnier est de la contenir à 5%, via une nette réduction de 40 milliards d’euros dans les dépenses publiques.
Le Premier ministre a également cessé de feindre de croire que la France pourrait tenir l’engagement pris auprès de ses partenaires européens de ramener le déficit public sous la barre des 3% en 2027. Cet objectif a été reporté de deux ans. Mais alors que la France fait l’objet d’un procédure de l’Union européenne pour déficit excessif, l’ancien Monsieur Brexit » de l’UE a dû prendre des engagements avec un plan de réduction étalé sur 6 ans.
Stratégie de réduction : l’austérité en vue
L’heure est au régime, pour ne pas dire à l’austérité. Les décisions ne seront connues qu’après 20 heures ce jeudi soir, à l’issue du Conseil des ministres, mais on connaît déjà la philosophie générale : deux tiers de réduction des dépenses et un tiers d’augmentation des impôts. Des taxes qui cibleront plutôt les grandes entreprises et les hauts revenus. Sur la méthode, Michel Barnier semble vouloir renouer le dialogue avec les partenaires sociaux. Il a donné des assurances en rouvrant les discussions marginales sur la réforme des retraites et en enterrant la réforme de l’assurance chômage, chère à Gabriel Attal mais contestée par tous les syndicats.
Comment en sommes-nous arrivés là ? Comme indiqué en juin un rapport du Sénatau départ l’écart » est moindre en raison du dérapage des dépenses » que » mauvaises prévisions de revenus « . En d’autres termes, la gestion du Trésor ne s’est pas simplement trompée en matière de croissance. Tous les gouvernements ont une fâcheuse tendance à surestimer nécessairement l’effet » libérateur » de leur politique, nécessitant un réajustement face à la froide réalité des faits et des chiffres quelques mois plus tard. Ce fut le cas en 2023 mais pas plus que d’habitude. Dans leur rapport, les sénateurs pointent une situation plus inhabituelle évoquant un « erreur massive » dans l’estimation des revenus liés notamment à l’impôt sur les sociétés, à la TVA et aux cotisations sociales.
Plâtre sur un ballon
Pourtant, les premiers signaux d’alarme remontent à décembre 2023, poussant Bercy en janvier à annoncer 10 milliards d’euros d’économies. Un pansement sur un ballon a éclaté partout. Quelques semaines plus tard, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, tente de convaincre Emmanuel Macron d’engager 15 milliards d’euros d’économies supplémentaires. Mais entre-temps, la France est entrée en campagne électorale avant les européennes. Pas question pour l’exécutif de prendre le risque d’affaiblir son camp avec des mesures impopulaires. On demande aux mauvais oracles de Bercy de se taire, la question du déficit est mise sous le tapis.
La suite est connue : une défaite malgré tout pour le camp présidentiel, la dissolution, les élections législatives anticipées qui se sont soldées par une assemblée fragmentée, l’incertitude politique qui a duré tout l’été et le » trêve politique » décrété par le président Macron au moment des Jeux Olympiques. Alors qu’Aya Nakamura enchante la cérémonie d’ouverture et que les Français se passionnent pour Léon Marchand, les athlètes ne sont pas les seuls à battre des records. Le dérapage des comptes publics affole aussi les compteurs de Bercy, qui n’ont plus personne pour prendre les décisions qui s’imposent.