Le Premier ministre britannique Keir Starmer rencontre la chancelière de l’Échiquier Rachel Reeves, deux jours avant l’annonce du premier budget du nouveau gouvernement travailliste, à Downing Street, Londres, le 28 octobre 2024 (POOL/Hollie Adams)
Des hausses d’impôts supposées de 40 milliards de livres, mais des investissements importants « pour les écoles, les hôpitaux et les routes »: le gouvernement travailliste de Keir Starmer a présenté mercredi son premier budget depuis son arrivée au pouvoir en juillet, un exercice périlleux pour la suite du mandat.
C’est à la Chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves, attendue à ce tournant par l’opposition, les entreprises, les marchés et les Britanniques, qu’incombe la lourde tâche d’assumer les choix gouvernementaux devant la Chambre des Communes. . Un moment charnière pour le parti travailliste, dont la popularité est déjà au plus bas.
« Ce budget augmentera de façon permanente la capacité de l’économie, stimulant ainsi la croissance à long terme », a-t-elle promis, détaillant de lourdes augmentations d’impôts.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer s’exprime lors d’un événement à Birmingham, en Angleterre, le 28 octobre 2024 (POOL/Darren Staples)
Parmi elles, une hausse des cotisations patronales, redoutée par les entreprises, qui rapporteront selon elles 25 milliards de livres par an d’ici la fin de la législature.
Avant même son officialisation, cette mesure avait été critiquée par l’opposition, qui estime qu’elle contrevient à la promesse des travaillistes d’épargner « les gens qui travaillent », qui selon eux finiront par payer la facture de leurs salaires.
– « Reconstruire le Royaume-Uni » –
Autre augmentation : l’impôt sur les plus-values, jusqu’à 24 % pour le taux le plus élevé, qui restera cependant « le plus bas de toutes les économies européennes du G7 », selon le ministre.
D’autres sources de revenus et d’économies avaient déjà été annoncées, comme l’augmentation de la TVA sur les écoles privées ou la fin du chèque énergie pour des millions de retraités, très contestée, y compris dans son camp.
« Il faut restaurer la stabilité économique et tourner la page des 14 dernières années », a-t-elle justifié, visant les précédents gouvernements conservateurs. « Ce n’est pas la première fois qu’il incombe au parti travailliste de reconstruire le Royaume-Uni. »
Elle a une nouvelle fois dénoncé un « trou noir » de 22 milliards de livres dans les finances publiques, dont elle jure avoir hérité des conservateurs – « une fiction », selon eux – et a insisté sur l’énorme dette, 100% du PIB, héritage de Covid et la crise énergétique.
Mais « la seule façon d’améliorer le niveau de vie et de stimuler la croissance économique est d’investir, d’investir, d’investir », a également insisté Mme Reeves, énumérant les milliards prévus notamment pour les écoles et la construction de logements.
La réaction des marchés à ces hausses d’impôts et à ces nouveaux prêts sera scrutée, suite à l’intervention de Rachel Reeves (AFP / HENRY NICHOLLS)
Le NHS, le système de santé à bout de souffle, bénéficiera notamment d’une augmentation de 22,6 milliards de livres de son budget « pour cette année et l’année prochaine » et de 3,1 milliards d’investissements.
« Il s’agit de la plus forte augmentation en termes réels des dépenses quotidiennes du NHS en dehors de Covid depuis 2010 », a déclaré Rachel Reeves.
Elle a promis un total de 100 milliards sur cinq ans pour les services publics et les infrastructures, rendus possibles par un prochain changement des règles budgétaires, une pirouette comptable pour emprunter davantage, mais uniquement pour les dépenses d’investissement.
– Prévisions de croissance en hausse –
« Un avenir meilleur nous attend », a promis Keir Starmer sur X dans la matinée. « Après 14 années de déclin, nous investirons dans notre pays, en reconstruisant nos écoles, nos hôpitaux et nos routes », a-t-il ajouté.
Mme Reeves a également annoncé une amélioration des prévisions de croissance pour les deux prochaines années : l’organisme public de prévision du budget OBR prévoit désormais une hausse de 1,1% du produit intérieur brut (PIB) cette année (contre 0,8% précédemment prévu) et de 2% l’année prochaine (1,9% auparavant) – mais les prévisions sont légèrement revues à la baisse au-delà.
En baisse avant ces annonces, la livre est désormais quasi stable face au billet vert, à +0,04% à 1,3021 dollar vers 14H15 GMT (15H15 à Paris), car certaines hausses d’impôts se sont révélées moins importantes qu’initialement. attendu par les investisseurs, note Kathleen Brooks de XTB.
Les coûts d’emprunt du Royaume-Uni, qui avaient atteint leur plus haut depuis juillet, semblent désormais s’être apaisés, face aux prévisions de réduction du déficit britannique, explique l’analyste.