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Budget 2025 : pourquoi les retraités sont-ils dans le viseur ?

Budget 2025 : pourquoi les retraités sont-ils dans le viseur ?

l’essentiel
Dans le prochain budget 2025, le gouvernement Barnier prévoit de demander un effort aux retraités, dont le niveau de vie est supérieur à celui des actifs : l’augmentation de leur pension sera décalée de six mois. De quoi inquiéter les modestes retraités, mais aussi tous les Français qui ne croient pas qu’ils seront épargnés par la hausse des impôts.

Le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, l’a clairement indiqué il y a deux semaines : le budget 2025 sera « sans doute le plus compliqué à élaborer depuis plusieurs décennies ». Ce n’est pas le Premier ministre Michel Barnier qui le niera, lui qui prétend être dans la situation, inédite sous le V.e République, de devoir bâtir un Budget en deux semaines pour faire face à un dérapage des comptes publics : un déficit de 6,1% du PIB en 2024 et une dette de 3 200 milliards d’euros.

Face à cette « situation extrêmement grave », le gouvernement s’est fixé pour objectif de réaliser 60 milliards d’économies : 40 milliards de réductions des dépenses publiques et 20 milliards de hausses d’impôts ciblées. Une potion d’austérité – à la hauteur de ce qu’a connu la Grèce en 2015 – qui inquiète les Français et particulièrement les retraités.

Le retard dans la revalorisation des retraites rapporterait 3 à 4 milliards d’euros

Si la fiscalité des plus riches (65 000 personnes gagnant plus de 500 000 € par an) et des entreprises (300 avec plus d’un milliard de chiffre d’affaires) est privilégiée par les Français – y compris parmi l’électorat macroniste –, la contribution des retraités passe mal.

Le gouvernement a en effet décidé de reporter la revalorisation des retraites du 1euh Janvier au 1ereuh Juillet 2025. Gain pour les caisses de l’Etat : 3 à 4 milliards d’euros. Cette revalorisation, qui résulte de l’indexation des retraites à l’inflation, sera sans doute moins forte que ce qui était prévu puisque ce sera le dernier taux d’inflation qui sera pris en compte en juillet et que l’inflation est orientée à la baisse ; il pourrait être de 1,5 % en juillet. Autant d’économies supplémentaires pour l’État.

Le niveau de vie relatif des actifs et des retraités
DDM – Philippe Rioux

Invité de l’émission « L’Événement » sur France 2 jeudi soir, Michel Barnier a confirmé le report de la revalorisation, qui devrait réduire les dépenses « à hauteur de 4 milliards d’euros »… A moins que les parlementaires « trouvent des solutions d’économies équivalentes » ailleurs, a déclaré le Premier ministre.

« Je comprends que cette mesure, que nous avons inscrite au budget, une réévaluation qui aura lieu de toute façon en 2025, (…) provoque et crée des inquiétudes, notamment pour tant de gens qui ont de petites retraites », a toutefois reconnu Michel Barnier sur en marge d’un sommet de l’élevage dans le Puy-de-Dôme. En fait, cette non revalorisation impactera tous les retraités quel que soit le montant de leur pension.

Les syndicats et les oppositions sont en route

Une situation qui ne passe pas. « Cette décision conduirait à ne pas maintenir le niveau de vie des retraités face aux dépenses énergétiques et alimentaires ou aux coûts de santé. Cette ponction s’ajoute aux effets pour les retraités de la réduction du remboursement des consultations par la Sécurité sociale », a réagi le syndicat FSU, qui dénonce « la forte augmentation des cotisations complémentaires de santé » qui devrait intervenir. « Nos neuf organisations s’inscrivent contre cette mesure qui va encore dégrader le pouvoir d’achat des retraités qui n’auront aucune plus-value pendant 18 mois », ont réagi les neuf syndicats et associations de retraités (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC). , FSU, Solidaires, FGR, LSR et UNRPA).

Les députés RN ont annoncé qu’ils s’opposeraient à ce report. « Déplacer l’indexation des retraites, c’est priver nos aînés de milliards d’euros de pouvoir d’achat », a écrit vendredi sur X leur chef de file Marine Le Pen. « Désindexation des retraites, réforme de l’assurance chômage, on parle même des 4 euros restants ». être payé pour la consultation chez le médecin… Ce n’est pas rien ! L’effort n’est pas porté par les grands. La réalité, c’est que ce sont les classes moyennes qui vont coûter cher », a déclaré le premier secrétaire du PS Olivier Faure. Un sondage Ifop publié hier montre que 77% des Français ne pensent pas que les personnes exerçant une activité professionnelle seront épargnées par les hausses d’impôts…

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En reportant de six mois la revalorisation sans la supprimer, Michel Barnier semble avoir trouvé le juste entre-deux qui permet de ne pas contredire les positions sur le sujet aussi bien des Républicains que du chef de l’Etat. En juin, après la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron avait, en effet, assuré que « les retraites seront bien indexées sur l’inflation, le pouvoir d’achat des retraités, ce n’est pas une variable d’ajustement ».

La mémoire du CSG…

Demander aux retraités de faire un effort peut aussi paraître logique puisque le niveau de vie moyen des retraités dépasse celui de la population française selon une étude récente du cabinet de conseil en économie Asterès. Mais la diversité des situations rend le sujet très sensible. Lors de ses récents déplacements, Michel Barnier a été interpellé par les retraités… comme Emmanuel Macron lorsqu’il a souhaité augmenter la contribution sociale générale (CSG) des retraités au début de son premier quinquennat.

Suite au mouvement des Gilets jaunes, le Président – ​​qui avait déjà « corrigé » le dispositif des 100 000 retraités modestes – a fait marche arrière. Au final, la moitié des retraités payant le taux plein de la CSG avaient bénéficié d’un taux réduit de 6,6%. Emmanuel Macron a reconnu que l’effort demandé aux retraités avec cette augmentation de la CSG « était trop important et n’était pas juste ».

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