« Réduire les allègements fiscaux détruira des centaines de milliers d’emplois. » La phrase se veut définitive et résonne comme une menace. C’est signé Patrick Martin dans une interview avec Échospublié quelques heures avant la présentation du budget 2025 en Conseil des ministres, ce jeudi 10 octobre.
Le président du Medef entend ainsi faire pression sur le gouvernement jusqu’à la dernière minute. « Nous partageons l’objectif de « désaccentuer » le pays, mais baisser la baisse des charges au niveau du salaire minimum affectera notre compétitivité, et réduira considérablement la capacité des entreprises à augmenter les salaires nets », affirme-t-il sans hésiter, mettant toutes les entreprises dans le même panier, des multinationales aux PME. Et sans s’attarder sur les près de 200 milliards d’aides distribuées sans conditions ni sur les 100 milliards restitués à leurs actionnaires par les entreprises du CAC 40 en 2023.
Jamais assez de coupes dans les dépenses publiques pour le patron des patrons
« Le contexte économique est difficile et les politiques publiques ne doivent pas fragiliser davantage le climat des affaires » affirme-t-il en désignant « un véritable ralentissement économique, avec une consommation des ménages qui ne redémarre pas et des investissements des entreprises qui continuent de se dégrader ».
Si le risque récessif de l’austérité prévue par l’exécutif est pointé du doigt par le président de la commission des Finances de l’Assemblée Éric Coquerel et d’autres parlementaires du PFN qui ont présenté mercredi 10 mesures pour générer de nouvelles recettes, Patrick Martin s’en fiche et revendique au contraire. que le Premier ministre Michel Barnier et son gouvernement aillent plus loin. « Il y a quelques semaines, j’ai lancé, de manière responsable, un signe d’ouverture en disant que les entreprises étaient prêtes à éventuellement prendre leur part de l’effort collectif nécessaire, mais dans des conditions réelles et tangibles. Je constate aujourd’hui que ces conditions ne sont malheureusement pas remplies. » il regrette.
Parmi ces conditions, en premier lieu « la démonstration que sur les dépenses publiques excessives, l’État fait des efforts bien supérieurs à ce qu’il demande aux entreprises. Mais le patron des patrons n’est pas satisfait, estimant que malgré les plus de 40 milliards d’euros d’économies annoncés en 2025 – une cure d’austérité historique – « de vraies réductions structurelles des dépenses dans la sphère publique » manquant.
Et il n’hésite pas à dresser sa liste de recommandations comme couper « les effectifs de la fonction publique » (ce qui a l’avantage de libérer de l’espace pour un usage privé), voire « lutter plus résolument contre la fraude ». « Y compris quand cela vient des entreprises »concède-t-il. Mais on pourrait même dire « Surtout » quand 56% des 13 milliards recensés de « fraudes sociales » sont de leur fait, selon un rapport, daté de septembre, dû au Haut Conseil pour le financement de la protection sociale (HCFiPS). Sans compter que l’évasion fiscale, qui représente quelque 100 milliards par an, ne semble pas être un problème.
Adepte de la théorie du ruissellement
En effet, Patrick Martin est adepte de la théorie du ruissellement (selon laquelle faire des cadeaux aux plus riches finirait par rapporter aux plus pauvres via le dynamisme de l’économie). Vertueusement appliqué par la Macronie depuis 2017, il a démontré son échec (ne serait-ce que par le niveau d’endettement et de déficit atteint), mais le président du Medef n’en démord pas. « Les mesures que nous avons œuvré à préserver, positives en termes d’investissement, d’attractivité et de croissance depuis neuf ans, ne doivent pas être modifiées : le crédit d’impôt recherche, le pacte Dutreil ou encore le prélèvement forfaitaire unique (l’impôt forfaitaire, NDLR). note). Et nous veillerons également non-restitution d’un impôt sur la fortunece qui dissuaderait radicalement les investisseurs », il explique à Échos.
En revanche, pour casser les droits des salariés, le patron du Medef est ouvert à toutes les propositions. Supprimer un jour de congé comme le propose l’ancien ministre Gérald Darmanin ? « Il ne faut rien s’interdire. Quoi qu’il en soit, il faut penser à financer davantage la protection sociale par la fiscalité, par exemple avec une TVA sociale plutôt que par des cotisations qui pèsent injustement sur le travail. » Ou la fin du report de salaire, principe central de la Sécurité sociale que beaucoup chez les employeurs rêvent aussi de voir disparaître.
Le Premier ministre s’était néanmoins efforcé de répondre aux souhaits du président du Medef. Outre les 40 milliards de coupes dans les dépenses publiques, seulement « 300 entreprises » OMS « faire plus d’1 milliard d’euros de chiffre d’affaires entreprise » sera affecté par un «un effort temporaire exceptionnel»pendant « un an et peut-être deux ans », continue de marteler Michel Barnier.
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