Bruxelles critique le déficit français, sans prôner l’austérité
Comme on le craignait depuis plusieurs semaines, la Commission européenne a recommandé, mercredi 19 juin, l’ouverture d’un « procédure de déficit excessif » contre la France et six autres pays de l’Union européenne.
Dans le cadre de ses travaux de coordination des politiques économiques et sociales, elle a publié ses recommandations pour « Des finances publiques saines » en vue d’un « une économie européenne robuste et solide à long terme ».
Cependant, ceci « forfait de printemps » est marquée cette année par la reprise des règles de surveillance budgétaire, et le déficit excessif de la France (5,5% du PIB en 2023), comme de six autres pays européens, justifie aux yeux de Bruxelles l’ouverture de cette procédure plaçant leurs finances publiques sous la tutelle de l’Union européenne.
« Il ne s’agit certainement pas d’un ‘retour à l’austérité' »
Concrètement, il appartiendra au Conseil européen du 16 juillet de confirmer l’ouverture de la procédure. La France devra alors prendre des mesures budgétaires pour se remettre sur les rails, notamment en réduisant son déficit budgétaire de 0,5 point de PIB chaque année.
« Quel que soit le gouvernement issu des urnes le 7 juillet au soir, et quelle que soit sa couleur politique, il aura l’obligation de travailler avec la Commission pour définir des réformes à moyen terme pour respecter les règles du nouveau pacte de stabilité », explique-t-on à Bercy. Cela suppose programmes économiques raisonnables. »
Mais, aux yeux de Bruxelles, raisonnable ne signifie pas retour à l’austérité budgétaire. « Il ne s’agit pas d’un ‘retour à la normale’, car nous ne vivons pas à une époque normale, et encore moins d’un ‘retour à l’austérité’, car ce serait une terrible erreur. » a martelé mercredi à midi l’Italien Paolo Gentiloni, commissaire européen à l’Economie, invitant « prudence fiscale » face aux risques géopolitiques.
Lutte contre les niches fiscales
La lecture des recommandations de la Commission est loin de s’apparenter à un programme ultralibéral de réduction des déficits à tout prix. En matière de finances publiques, il appelle certes à un retour en dessous de 3% de déficit, invitant la France à définir « objectifs quantitatifs d’économies de dépenses dans la planification budgétaire », ce qu’elle n’a jamais réussi à faire, et à s’inspirer de révisions de dépenses qui n’ont, pour l’instant, été que faiblement suivies.
Mais Bruxelles critique également le « complexité » du système fiscal français, notamment ses nombreuses niches fiscales. La Commission recommande donc de supprimer les moins efficaces.
Principalement visé : le crédit d’impôt recherche « qui doit être amélioré »explique une source européenne suggérant également « une coopération plus étroite entre la recherche académique et les entreprises et une amélioration des carrières des chercheurs ».
« La France n’est plus dans une situation de déséquilibres macroéconomiques excessifs »
Autre piste d’amélioration pour la France : l’éducation et la formation. La Commission suggère donc de mieux rémunérer les enseignants et d’améliorer leurs conditions de travail pour rendre la profession plus attractive et, afin de lutter contre les inégalités, de « laisser plus de place à l’autonomie des enseignants et des établissements pour leur permettre de s’adapter aux publics auxquels ils font face ».
Si la Commission s’intéresse autant à la formation, mais aussi aux investissements dans la transition écologique, c’est dans le but d’améliorer la productivité, qui reste l’une des faiblesses de l’économie française, même si elle reconnaît les efforts réalisés en la matière ces derniers temps. années. La Commission salue également les effets des réformes, par exemple sur le marché du travail, qui ont contribué à restaurer les fondamentaux de son économie.
Ainsi, même si la France est « punie » pour son déficit excessif, l’Union lui rend satisfaction en reconnaissant qu’elle « n’est plus dans une situation de déséquilibres macroéconomiques excessifs ». Une manière de reconnaître les efforts déployés et de souligner que la lutte contre les déficits ne peut se faire uniquement par des coupes budgétaires.