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Bruno Retailleau, Jordan Bardella… la surenchère verbale de plusieurs politiques

Des événements dramatiques liés au trafic de drogue ont eu lieu cet automne en France, dans des villes qui n’avaient pas la réputation d’être en proie au trafic de drogue. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau n’hésite pas à parler de « mexicanisation du pays », et Jordan Bardella, président du RN, de « barbarie quotidienne ».

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A gauche Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à droite Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur. (JOËL SAGET / AFP)

En quelques jours, les mêmes événements dramatiques se sont produits dans plusieurs villes de France sur fond de trafic de drogue. A Rennes, Valence ou Poitiers, des fusillades en pleine rue ont eu lieu dans des quartiers populaires, avec les mêmes conséquences meurtrières. Des adolescents grièvement blessés, un jeune de 15 ans tué à Poitiers, un autre de 19 ans est décédé samedi 2 novembre à Rennes après avoir reçu des coups de couteau à proximité d’un point de deal, un enfant de cinq ans a également été blessé par balle trois jours plus tôt à Rennes. Des faits qui ont entraîné la même escalade verbale de la part de certains politiques. Jordan Bardella, président du Rassemblement national, dénonce « barbarie quotidienne » qui aurait pris le contrôle du pays. Un député macroniste, Karl Olive, souhaite envoyer l’armée dans ces quartiers. Et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau va jusqu’à évoquer le spectre d’un « Mexicanisation du pays »c’est-à-dire le contrôle des cartels de la drogue sur des pans entiers de notre économie et même sur le fonctionnement des pouvoirs publics.

L’objectif d’utiliser des mots aussi forts est d’alerter l’opinion publique, de marquer les esprits bien sûr. « Mexicanisation »ça ressemble un peu à « karcher » dessiné par Nicolas Sarkozy il y a près de vingt ans pour « débarrassez-vous de l’écume ». Ce genre d’expressions déforme la réalité, la France est encore loin d’être dans la situation du Mexique, mais elles visent à sensibiliser collectivement. Au-delà de l’effet loupe créé par une succession d’événements tragiques en quelques jours, il faut évaluer l’ampleur considérable prise par le trafic de drogue en France ces derniers mois et sa nouvelle géographie qui pourrait avoir de graves conséquences politiques.

Les réseaux de trafic ciblent désormais les zones rurales et les villes petites et moyennes. On s’est malheureusement habitué au massacre subi par Marseille où les morts liés au trafic de drogue se comptent par dizaines chaque année, on voit depuis un moment la situation se dégrader en banlieue parisienne ou dans la métropole grenobloise. Mais voir touchées à leur tour des villes soi-disant calmes comme Valence ou Poitiers peut provoquer un choc dans l’opinion publique qui risque de se convaincre qu’aucun territoire ne serait plus épargné. D’où l’annonce par Bruno Retailleau d’un nouveau plan de lutte contre le trafic de drogue. Il y a urgence à agir et à rassurer.

Au-delà des opérations spectaculaires, « poinçons » Ou « endroits propres »Apprécié par nos dirigeants, ce défi nécessite avant tout une mobilisation transpartisane, comme le savent les maires aux prises avec ce fléau, et une action durable pour obtenir des résultats. Le souci de ce gouvernement, c’est qu’il n’a pratiquement pas de temps.

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