« Bruno Le Maire s’est érigé en “M. Nucléaire” »
S« Il nous fallait la preuve que l’Etat est l’unique actionnaire d’EDF et que Bruno Le Maire est bien le ministre de l’Energie – en plus de ses portefeuilles de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle -, l’a administré le patron de Bercy, lundi 25 mars. en s’invitant à la réunion hebdomadaire du comité exécutif du groupe. Et de délivrer un message, au nom de la compétitivité des entreprises françaises : l’électricien doit « renégocier » contrats signés avec des petites et moyennes entreprises, qui jugent les prix exorbitants par rapport au prix du marché de gros.
Mais la pression de M. Le Maire ne s’arrête pas là. L’ancien élu normand l’exercera également sur la bonne exécution du programme de six EPR 2, réacteurs différents de celui de Flamanville (Manche), qui doivent être raccordés au réseau durant l’été avec un retard de douze ans. Leur mise en service durera de 2035 à 2042, au mieux. Un projet colossal, désormais estimé à 67 milliards d’euros, qui préfigure la construction de huit autres « phases ».
Ce n’est pas un hasard si, en décembre 2022, le ministre s’est rendu à la centrale de Penly (Seine-Maritime), qui abritera les deux premiers EPR 2. Il a défendu la« actif principal » le nucléaire pour la réindustrialisation du pays et a rappelé qu’EDF est le » chef-d’œuvre « . C’était quinze jours après l’arrivée de Luc Rémont à la tête d’EDF, en novembre 2022, et le signe évident d’un rachat par l’Etat, désormais actionnaire à 100 % de l’entreprise après quinze ans de détention. erreurs boursières.
58 réacteurs entre 1977 et 2000
M. Rémont a-t-il besoin d’un tel interventionnisme? Il a relancé la production nucléaire, tombée à son plus bas historique en 2022 en raison de problèmes de corrosion sur les canalisations de nombreux réacteurs, et a généré un bénéfice net de 10 milliards d’euros en 2023 ; mais le chantier de construction des deux EPR britanniques d’Hinkley Point montre une dérive inquiétante en termes de calendrier et de coûts, avant même que le premier béton des EPR de Penly ne soit coulé.
La réorganisation de la branche nucléaire d’EDF en quatre directions, annoncée vendredi 29 mars, sonne comme une remobilisation générale pour répondre aux défis listés par son patron : « Poursuivre l’exploitation du parc existant au-delà de 40 ans, réussir la construction de nouveaux EPR, développer notre futur SMR (petits réacteurs modulaires) et accélérer sur les projets de prospection. » Car c’est bien une organisation industrielle sans faille qui a permis à EDF de mettre en service 58 réacteurs entre 1977 et 2000.
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