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Bruno Le Maire et Thomas Cazenave entendus à l’Assemblée

Exercice surréaliste ce lundi soir à l’Assemblée nationale : les députés de la commission des finances auditionnent deux ministres démissionnaires, Bruno Le Maire (Economie) et Thomas Cazenave (Budget), ce dernier étant à la fois député et membre de cette commission des finances, sur un projet de projet de budget bâclé avec un mois de retard… La faute à la dissolution et aux 50 jours nécessaires au président de la République pour nommer un nouveau gouvernement. Le Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, a pourtant bouclé le 20 juillet un projet reconduisant essentiellement le budget de cette année allégé de 10 milliards d’économies. Avec l’objectif maintenu d’un déficit ramené à 3% en 2027.

Mais 10 jours plus tard, les ministres démissionnaires ont admis un dérapage important du déficit cette année (5,6% au lieu de 5,1%), confirmé l’an prochain (à 6,2%). L’objectif de 3% est « obsolète », a conclu le premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici. D’autant que la croissance restera atone cette année, selon l’Insee. Mais Bruno Le Maire a soutenu ce lundi à l’Assemblée que la France pourrait tenir son objectif d’un déficit de 5,1% du PIB en 2024 et de 3% en 2027.

Une croissance fragile

L’économie française devrait croître de 1,1% cette année, estime lundi l’Insee: après un petit 0,2% au deuxième trimestre, la croissance serait de 0,4% au troisième (dont 0,1% dû aux Jeux olympiques) et de -0,1% au quatrième. En cause: des « incertitudes politiques » freinant la volonté d’investissement des entreprises et une économie allemande « au bord de la récession ». Une bonne nouvelle toutefois: la reprise en juillet de l’investissement des ménages dans le logement neuf, reprise confirmée en août, qui devrait être renforcée par la baisse des taux attendue jeudi par la Banque centrale européenne.

La pression du calendrier

Que peut décider le Premier ministre Michel Barnier dans ce contexte ? Il est pour l’instant assez flou sur ses intentions, promettant seulement de « dire la vérité sur la dette », de « faire des économies » ou d’être « attentif à la justice fiscale ». Il est toutefois contraint par le temps. La Commission européenne a en effet accepté d’attendre avant de connaître les intentions de la France. Mais les parlementaires insistent pour recevoir un projet de budget formel mardi 1er octobre, comme l’exige la loi. Sauf que Michel Barnier ne prévoit pas de dévoiler son programme (et son financement) avant « début octobre », lors d’une déclaration de politique générale devant le Parlement.

Dernière note surréaliste : le nouveau Premier ministre a promis « des changements et des ruptures », mais a choisi comme directeur de cabinet Jérôme Fournel, qui occupait déjà ce poste auprès du ministre de l’Economie démissionnaire, Bruno Le Maire…

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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