Bruno Le Maire devient professeur à Lausanne, mais dit à bientôt aux Français

Il est 11h10, jeudi 12 septembre, lorsque Bruno Le Maire prend le micro devant des centaines d’invités réunis dans la grande cour de Bercy. « Mes chers amis, je m’en vais, il commence. Comme dirait Michel Sardou, je t’aime, mais je m’en vais. Une chanson sur le suicide d’un enfant, une curieuse référence musicale pour un discours d’adieu. Le ministre ne connaissait probablement pas le sens des paroles de Je vole pour l’auteur. Car le reste du propos de Bruno Le Maire est clair : s’il s’apprête à abandonner pour l’instant la politique et à céder les clés de Bercy, qu’il détient depuis mai 2017, ce départ n’est pas définitif. « J’espère que nous maintiendrons le lien que nous avons tissé depuis sept ans, et donc je vous dis à bientôt », il conclut dans son message aux Français, publié simultanément le X.

Dans un avenir proche, Bruno Le Maire, 55 ans, va commencer une nouvelle vie. « Il est temps pour moi de respirer un autre air que celui de la politique »a-t-il confié jeudi. Après vingt-deux ans d’activité politique, il n’aura plus, dans quelques jours, aucun mandat national ou local, ni aucun poste dans la fonction publique. Il avait démissionné en 2012, pour ne pas exiger d’efforts des Français, tout en bénéficiant d’une confortable sécurité à titre personnel – « Cela devrait être la règle pour tout le monde »il l’a souligné dans son discours.

Normalien, agrégé de lettres et élève de l’ENA, Bruno Le Maire va revenir à sa première vocation : l’enseignement. Après avoir reçu des offres de plusieurs universités américaines et européennes, il choisit de donner des cours sur le « enjeux économiques et géopolitiques » à l’E4S, établissement universitaire de Lausanne, en Suisse. « Je continuerai naturellement à vivre en France, qui est ma patrie, ma vie, ma passion », « Il a dit, pour couper court à toute polémique sur un exil fiscal. Pour des raisons d’éthique, rejoindre une entreprise lui serait difficile à court terme, tant il a vu transiter de dossiers par Bercy. Quant aux royalties de ses romans, elles ne suffisent pas à le faire vivre.

Tournée d’adieu

« Et ensuite ? Ensuite, l’avenir nous le dira. », dit le futur professeur. « Mes plus grandes batailles politiques sont devant moi », avait déclaré en juin en Le point celui qui aurait rêvé d’être président de la République ou Premier ministre. Il fait toujours partie des vingt personnalités politiques dont les Français ont la meilleure opinion, selon le baromètre IFOP-Fiducial de la politique Paris Match et Sud Radio. Mais à quoi ressembleront ces combats ? Où les mènera-t-il, alors qu’il a rompu avec Les Républicains et s’est éloigné du cercle intime des Macronistes, surtout après avoir décrit « cloportes » Les conseillers qui ont incité le chef de l’Etat à dissoudre l’Assemblée ? Mystère.

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