Brexit, parti politique, famille… Biographie du Premier ministre
Michel Barnier, 73 ans, est le nouveau Premier ministre de la France. Fort d’une riche expérience politique, il a déjà occupé plusieurs postes ministériels et est reconnu pour sa casquette européenne. Biographie rapide.
Nommé Premier ministre le jeudi 5 septembre 2024, Michel Barnier est à peine entré dans l’adolescence lorsqu’il débute sa carrière politique en tant que militant du parti gaulliste. Son premier mandat est local avec un poste de conseiller général du département de la Savoie en 1973. Michel Barnier n’a alors que 22 ans, lui qui est né en 1951 à La Tronche en Isère. Après ses études de commerce, il travaille comme chargé de mission, et devient député à 27 ans. Il est alors le plus jeune député du Palais Bourbon.
A 73 ans, et après avoir accumulé des records de précocité au cours de sa carrière politique, Michel Barnier devient le Premier ministre le plus âgé de la Ve République. Il bat le record dePierre Messmer (71 ans). Michel Barnier succède également au plus jeune Premier ministre, Gabriel Attal, nommé le 9 janvier 2024 à l’âge de 34 ans. En 1997, Michel Barnier avait également été fait chevalier de la Légion d’honneur.
Savoie bien enracinée dans le corps et nombreux postes ministériels
Michel Barnier est avant tout un homme de territoire, celui du département de la Savoie, où il fut député, sénateur mais aussi conseiller général. Il jouera ainsi un rôle majeur dans l’organisation réussie des Jeux olympiques d’hiver d’Albertville en 1992. Le grand public le connaît cependant mieux pour ses différentes fonctions ministérielles. Son premier portefeuille est celui de l’Environnement entre 1993 et 1995, lors de la seconde cohabitation sous François Mitterrand et avec Edouard Balladur comme Premier ministre. Il sera ensuite l’un des ministres les plus proches de Jacques Chirac, qui lui confie d’abord les Affaires européennes entre 1995 et 1997, porte d’entrée au prestigieux Quai d’Orsay où il devient ministre des Affaires étrangères entre 2004 et 2005.
Il signera un échec retentissant lors de la défense du traité européen de Lisbonne en 2004. Jacques Chirac perd le référendum et Michel Barnier son poste puisqu’il n’est pas reconduit. Cette année 2004 constitue pour Michel Barnier l’un de ses plus grands revers. Pour rappel, en 1981, alors député, Michel Barnier avait voté contre la dépénalisation de l’homosexualité pour les mineurs de plus de 15 ans, tout comme François Fillon ou Jacques Chirac.
Son dernier poste ministériel remonte à plus de 15 ans, en tant que ministre de l’Agriculture et de la Pêche (2007-2009) sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Par la suite, il est revenu à Bruxelles et a été quelque peu oublié sur la scène française où il est encore aujourd’hui perçu comme un homme de dossiers.
Brexit : un négociateur reconnu à Bruxelles
C’est au sein de l’UE que son profil de technocrate a brillé lorsqu’il a pris en 2016 le poste de négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit. Michel Barnier s’est imposé comme un homme fort dans la négociation avec le Royaume-Uni, au point d’être salué par ses collègues européens pour sa gestion d’un dossier de cinq ans fait de pourparlers, d’étapes et de bras de fer musclés.
La mission principale du Français était de préparer et de mener les négociations avec le gouvernement britannique dans le cadre de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. La participation de Michel Barnier au Brexit a officiellement pris fin le 31 mars 2021. Quelques mois plus tard, Michel Barnier annonçait sa candidature au poste de président de la République française.
Une défaite à la primaire LR de 2021
En 2021, Michel Barnier s’était positionné en faveur d’un plus grand contrôle de l’immigration en France. Pour y parvenir, le candidat avait proposé il y a trois ans un moratoire de trois à cinq ans. Le principe : mettre un terme à l’immigration illégale et prendre le temps d’évaluer, avec le recul, la politique migratoire française. Michel Barnier entendait inclure d’autres pays européens dans son projet, afin d’aboutir, entre autres, à la définition d’une politique d’asile commune.
En 2021, il se présente à la primaire LR pour la présidentielle de 2022. « Autorité, dialogue, confiance » est son mantra, vite éclipsé par sa proposition controversée sur l’immigration. Il se conjugue avec l’ambition de « reconquérir notre souveraineté juridique », quitte à ne plus se soumettre aux décisions de l’UE, Cour de justice européenne ou Cour européenne des droits de l’homme en tête. Tollé au sein de LR, qui y voit son virage vers des idées proches du RN.
Il tentera ensuite l’idée d’un « bouclier constitutionnel » qui aurait la priorité sur l’UE avant de rentrer dans le rang derrière la candidature de Valérie Pécresse. Le « joker » de la droite avait notamment pour ambition de limiter et contrôler l’immigration, de décarboner l’économie française et de redonner au travail toute sa valeur et sa place centrale dans la société.
Marié, père de trois enfants et grand athlète
Marié depuis 42 ans à Isabelle Altmayer, une ancienne avocate reconvertie dans la communication, Michel Barnier vit le parfait amour et a toujours mené sa vie de famille loin des projecteurs. Le couple a eu trois enfants : Nicolas, Benjamin et Laetitia. L’aîné, Nicolas Barnier, 33 ans, marche sur les traces de son père puisqu’il s’engage en politique. Candidat sur une liste libérale belge aux élections européennes de 2019, il est chargé de mission à la présidence du Sénat depuis 2021. Il s’implique également dans des actions humanitaires en Haïti. Isabelle Altmayer travaille dans l’ombre. Après avoir été avocate pendant 10 ans, elle s’est tournée vers la communication.
Grand sportif malgré ses 73 ans, Michel Barnier est un passionné de cyclisme et de natation, sports qu’il pratique quasi quotidiennement, « travailler le cardio« , comme l’explique Le Parisien.Michel Barnier est le cadet d’une fratrie de trois garçons. Son père Jean était patron d’une entreprise de fabrication de boîtes à bijoux. Sa mère Denise, catholique engagée et féministe, a fondé la Ligue contre la violence routière en Haute-Savoie, après la mort d’un de ses petits-fils dans un accident. Une tragédie qui, selon ses proches, a forgé le caractère de l’homme politique. Il devra le démontrer dans les prochaines semaines lors de la formation de son gouvernement, puis à l’Assemblée nationale.
GrP1