L’un est chic, ne visant rien de moins qu’une place en Coupe d’Europe chaque année, tandis que l’autre est beaucoup plus modeste, voué à lutter continuellement pour sa survie en Ligue 1. Et pourtant. Malgré des ressources allant du simple au double, le pot en terre s’est transformé la saison dernière en pot en fer, pour finir dans un lieu bien plus promis, au matin du premier jour, à son voisin. Un match dans le match marqué par plusieurs épisodes qui ont nourri le germe d’une rivalité grandissante.
Une petite phrase malheureuse
Habitués à s’affronter lors des matches de préparation, Brestois et Rennais se sont affrontés en juillet 2023, à Dinan. Les Finistériens, qui venaient d’assurer leur maintien en Ligue 1 six mois après la prise de fonction d’Éric Roy au terme d’une saison éprouvante, s’étaient très logiquement inclinés (1-0) face aux hommes de Bruno Genesio, supérieurs à tous les niveaux. Lors de cette contre-performance, certains Brestois entendaient un des membres du staff bretillien dire que « Brest allait tout droit en Ligue 2 ». Une prédiction qui n’était évidemment pas du goût de tout le monde.
Un tirage riche en promesses
Battus à Marseille (2-0) une semaine plus tôt, malgré un bon match, les Brestois accueillent un Stade Rennais toujours invaincu après trois journées, le 2 septembre 2023. Au terme d’une confrontation de haute intensité, les deux équipes se séparent avec un match nul et vierge. Un très bon point pour les hommes d’Éric Roy, de plus en plus sûrs de leur force collective, qui leur laisse néanmoins un goût d’inachevé. Preuve, déjà, que la confiance avait changé de camp.
Fenêtre de transfert et discussions
Nemanja Matic en partance pour Lyon, le club bretillien est à la recherche d’un nouveau milieu de terrain de récupération, et cible Pierre Lees-Melou, le maître à jouer du Stade Brestois. Non insensible à la proposition, la sentinelle d’Éric Roy va jusqu’à exprimer publiquement son mécontentement, ce qui n’est pas sans déstabiliser quelque peu le club finistérien, mais le président Denis Le Saint tient bon, et rejette l’offre des Rennais. Envoyer un message de fermeté. Un épisode qui sera suivi d’un autre lorsque, au printemps, Rennes multiplie les démarches auprès du directeur sportif Grégory Lorenzi, rouage incontournable de l’organigramme brestois et véritable architecte du club.
L’Europe choisit son camp
Ce 28 avril 2024 restera gravé à jamais. Lancé dans une saison déjà inoubliable et à trois journées de la fin, le Stade Brestois se déplace chez un adversaire contre lequel il n’a plus gagné depuis 2011 (8 défaites et 6 nuls en matches officiels). Au terme de « l’un des matchs les plus fous de la saison », pour le Brestois et natif de Saint-Brieuc Julien Le Cardinal, les partenaires de Lilian Brassier, lui, le joueur formé à Rennes auteur du but de la victoire brestoise (4- 5), ont obtenu un succès leur assurant une place européenne. Comble de l’ironie, surtout au vu du pronostic d’avant-saison, ce résultat avait à l’inverse enterré les derniers espoirs rennais de conquête européenne. Et comme si le drame du résultat ne suffisait pas, c’est aussi lors de cette rencontre que Lees-Melou s’est fracturé le tibia, une blessure dont il se remet à peine.
Quelle est la suite de l’histoire ?
Outre une question de suprématie régionale, que Brest a donc réussi à disputer au moins temporairement à Rennes ces derniers mois, l’histoire récente entre les deux équipes donne au derby de samedi une saveur forcément particulière. Et si les supporters rennais n’ont pas manqué de constater qu’il suffisait d’un match de Ligue des champions à Brest pour faire mieux que leur club favori de la compétition (cinq défaites, un nul), la possibilité de voir Brest remporter une place en barrage est réel. Si cette possibilité reste lointaine, cela impliquerait que Brest trouve pour son match à domicile un autre stade que le Roudourou, qui ne répond pas aux critères requis à ce niveau de compétition. La solution évidente serait de demander à la SRFC de louer le Roazhon Park…