« Braquage du siècle au Liban », au coeur d’un chaos absolu

4 août 2020. Le port de Beyrouth, capitale du Liban, est victime d’une terrible explosion (plus de 220 morts). Cette tragédie constitue le point culminant d’une crise économique et financière qui avait débuté un an plus tôt. Dans le documentaire Casse du siècle au Liban, Miyuki Droz Aramaki et Sylvain Lepetit expliquent la genèse de cette situation en examinant les archives, qui témoignent des fortes inégalités présentes dans le pays, résultat d’un libéralisme débridé remontant aux années 1990. Malgré d’énormes pertes financières, estimées en dizaines de milliards de dollars, les riches ne sont pas touchés par la crise tandis que la classe moyenne se retrouve démunie.

Une « multidictature »

Nourrie de témoignages poignants, Le braquage du siècle au Liban donne la parole aux simples citoyens de cette classe moyenne, qui dénoncent une précarité ahurissante. Ils sont victimes d’une hyperinflation et d’une dévaluation de la monnaie locale, la livre libanaise ayant perdu 98% de sa valeur. Très endetté, l’État a abandonné les services publics, ouvrant ainsi la voie au marché noir. Pire encore, les liquidités des banques se sont taries et des millions de citoyens n’ont pas pu retirer leur argent ces dernières années. Mais le problème est plus profond.

Le Liban est un pays fracturé entre des communautés fidèles à leurs chefs confessionnels, les « zaims », plus puissants que le gouvernement et qui interfèrent avec la question de l’identité. UN « multidictature » ce qui a rapidement provoqué l’essoufflement d’un soulèvement populaire en 2019. Ces dirigeants, issus des six grands partis libanais, sont tous impliqués dans des actes de corruption et de copinage. Très bien documenté et marqué par un souci de contradiction, le rapport dénonce les détournements de fonds publics et la complicité des banquiers tout en donnant la parole aux dirigeants politiques impliqués dans cette crise.