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Braconnage à La Réunion : des éleveurs excédés par des chasseurs de tangue qui pillent leurs exploitations

Une dizaine d’éleveurs de bovins se sont rassemblés à la Plaine-des-Cafres ce samedi 30 mars 2024. Ils protestent contre les braconniers venus chasser les tangues sur leurs terres privées. Par conséquent, de nombreux dégâts sont à déplorer pour les éleveurs. Certains sont même contraints de veiller la nuit pour lutter contre ceux qui quittent les zones où la chasse est autorisée.


Le braconnage persiste à la Réunion. Une dizaine d’éleveurs ont exprimé leur exaspération ce samedi matin à la Plaine-des-Cafres. Chaque année, les chasseurs de soie brune empiètent sur les fermes privées, ce qui cause alors de lourds dégâts aux éleveurs.

Le stress et l’anxiété font partie du quotidien des éleveurs de Piton Bleu. « Le territoire du Piton Bleu n’est pas une zone de chasse, malgré la présence de tangues »rappelle Kévin Bègue, éleveur.

Ils empruntent le sentier du Piton des Neiges pour accéder au domaine forestier. Ils vont dégrader tout ce qui est clôture, système d’irrigation et tout ce qui dit balle d’ensilage. Cela dure déjà depuis deux, trois ou quatre ans. Les braconniers ont coupé les clôtures. Nous avons des vaches près des clôtures qui peuvent aller dans les sentiers. Le métier d’éleveur est difficile, et cela nous oblige à être sur nos gardes à tout moment.


Braconnage à La Réunion : des éleveurs exaspérés par les chasseurs de poix qui pillent leurs exploitations


Même son de cloche pour Jean-Félix Payet, également éleveur à Piton Bleu. « Lorsque des braconniers apparaissent, nos parcelles sont automatiquement endommagées. Et puis, il y a tous les excréments de chiens qui restent dans les pâturages et provoquent des maladies chez les vaches. Cela fait quatre ans que nous débattons ainsi et les autorités ne bougent pas, personne ne bouge. »il proteste.

Pour lutter contre le braconnage, certains éleveurs sont obligés de veiller la nuit. C’est le cas de Jean-Félix Payet, qui tire la sonnette d’alarme.

Cela nous oblige à faire des tournées dans nos fermes, nous ne dormons plus la nuit. C’est un vrai stress.

Jean-Félix Payet, éleveur

Exaspérés par la situation, les éleveurs ont fait appel au préfet et à la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL).


Braconnage à La Réunion : des éleveurs exaspérés par les chasseurs de poix qui pillent leurs exploitations


On craint le matin que les vaches soient sur la route, que les barbelés soient coupés, que les conduites d’eau soient coupées. Tout cela ne nous convient pas.

Jean-Félix, Payet, éleveur

Si les clôtures agricoles sont détruites et que le bétail peut errer en forêt et notamment sur les sentiers, la question de la responsabilité des éleveurs pose problème.

« S’il y a un accident avec un randonneur ou avec quelqu’un, s’il s’agit de notre bétail, ce sera de notre responsabilité », souffle Kevin Payet.

Ecoutez Kévin Payet sur Réunion La 1ère :

Des éleveurs en colère à Plaine-des-Cafres : entretien avec Kévin Bègue



©Réunion La 1ère

Nous souhaiterions qu’il y ait davantage d’agents de l’Office National des Forêts (ONF) et de la Police de l’Environnement qui font des tournées. La gendarmerie est sensible à nos revendications, mais maintenant nous souhaitons que les choses changent. Il faut savoir qu’il y a beaucoup de braconnage la nuit, il faudrait donc mettre en place un système efficace.

Pour Jean-Michel Moutama, président de la Confédération général des planteurs et éleveurs de La Réunion (CGPER), tout est une question de respect.

Les gens ne respectent pas les lieux autorisés à la chasse au pitch. Les gens ne respectent pas le travail des agriculteurs et des éleveurs. Les gens viennent dans des fermes privées. Les troupeaux de bovins errent, il est difficile de les ramener ensuite. Nous avons un problème très grave. Nous demandons aux autorités et aux chasseurs de respecter les zones de chasse et de nous respecter tout simplement.

Jean-Michel Moutama, président de la CGPER

La chasse au pitch se poursuit officiellement jusqu’au 15 avril, mais en raison du braconnage, les petits mammifères deviennent de plus en plus rares dans les zones de chasse dédiées. De leur côté, les éleveurs attendent avec impatience que des mesures concrètes soient prises par les autorités.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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