Ils sont entrés de force dans le bâtiment de la Région où les services de sécurité n’ont pas pu les contenir. Ils ont pu dire ce qu’ils avaient sur le cœur devant les élus et devant Marie-Guite Dufay qui a dit les comprendre…
La présidente Marie-Guite Dufay avait prévu de les recevoir en délégation. Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. A l’ouverture de la séance, Gilles Platret, le président du groupe de droite, a demandé que les jeunes agriculteurs puissent entrer dans l’hémicycle et venir parler aux élus régionaux. Refus de la Présidente et de sa majorité.
Plus tard dans la matinée, devant le nombre d’élus venus à la rencontre des agriculteurs et des éleveurs – tous groupes confondus mais oui – le Président a annoncé une suspension de la séance.
En présence de Christian Decerle, le président de la Chambre régionale d’agriculture, mais aussi d’autres élus – on écrit ceci avec le sourire – attirés sans doute par l’odeur du sang, nous sommes restés de longues minutes dans un dialogue de sourds. Des jeunes agriculteurs demandant que le Président vienne leur parler, dans la rue, boulevard de la Trémouille.
Finalement le service de sécurité s’est laissé quelque peu déborder de jeunes agriculteurs et éleveurs qui sont entrés en nombre, avec quelques coups échangés au passage, mais moins violents qu’un coup de klaxon !
Un véritable coup de force de la part d’agriculteurs et d’éleveurs qui, plus que de vouloir se battre, ont voulu vider leurs sacs devant le Président et tous les élus. Ceux des deux oppositions profitaient du spectacle, tandis que ceux de la majorité semblaient sombres.
Car, il est utile de le rappeler, c’est le blocage, bien trop long et devenu insupportable, des aides et subventions aux investissements avec les fonds européens du FEADER, qui reste le nœud du problème.
Finalement avec courage, la Présidente Marie-Guite Dufay, avec Jérôme Durain, dans son sillage, a décidé d’ouvrir la voie à l’hémicycle pour entendre plusieurs agriculteurs vider leurs sacs, Thomas Lemée, le Président des Jeunes Agriculteurs de Bourgogne – Franche- Comté en le leader.
Avec colère et dépit dans la voix. Des paroles pour implorer une accélération, pour leur permettre enfin de sortir de la précarité, de leur incapacité à se payer un salaire. Vivre, pour certains, uniquement du salaire de leur femme. Des propos forts qui, même s’ils s’inscrivent dans une période électorale dans le monde agricole, ont été bien tenus car ils reflètent une réalité que la présidente Marie-Guite Dufay n’a pas exprimée. contestée. Mieux encore, elle a dit qu’elle comprenait leur colère.
Dans une ambiance tendue que les élus d’opposition du Rassemblement National ont voulu réchauffer, la séquence s’est finalement bien déroulée et comme ils l’avaient promis, après leurs discours, les jeunes agriculteurs et éleveurs sont repartis. Ils avaient vidé leurs sacs. Ils veulent être entendus, ils veulent voir arriver les subventions, le plus souvent nécessaires à leur survie. « Nous reviendrons le temps qu’il faudra », ont déclaré plusieurs d’entre eux à la sortie du bâtiment de la Région.
Alain BOLLÉRY
(Photos Alain BOLLÉRY)
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