Alors que les échanges se poursuivent entre Bruxelles et Washington, une liste de biens pouvant faire «l’objet de contre-mesures de l’UE» fait l’objet d’une «consultation publique».
C’est une liste qui a tout de l’inventaire à la Prévert, et sur laquelle on trouve aussi bien de la nourriture que des machines, des véhicules, des consoles de jeux vidéo et des outils. Ce jeudi, la Commission européenne a poursuivi son travail en vue de bâtir sa riposte aux droits de douane faramineux «injustifiés et préjudiciables» imposés par le président américain Donald Trump sur les exportations vers les États-Unis. En cas d’échec des tractations en cours entre Bruxelles et Washington, une liste de produits pouvant faire «l’objet de contre-mesures de l’UE» fait désormais l’objet d’une «consultation publique».
Alors que la riposte européenne a été suspendue jusqu’au 14 juillet prochain, cette liste de produits «originaire de ou venant des États-Unis» fait 218 pages. Elle cible d’abord le secteur agroalimentaire américain sur plus de soixante pages, en touchant de nombreux animaux ou produits animaliers, comme des «oiseaux de proie», des «carcasses bovines congelées», ou encore des huîtres et des moules. On trouve également des légumes, des fruits, des végétaux, des huiles ou du café, des pâtisseries et des desserts. S’y ajoutent ensuite des alcools, dont le bourbon, dont le ciblage a déclenché l’ire de Donald Trump. Ils côtoient des matières premières, des produits phytosanitaires, ainsi que des produits manufacturés, dont des sacs, parapluies, consoles de jeux, jouets en plastique, portefeuilles ou vêtements.
Un inventaire impressionnant, donc, comprenant tant des produits étonnants – comme des cheveux humains ou des perroquets – que d’autres essentiels pour l’économie américaine – dont les avions, voitures et du soja. L’ensemble des exportations américaines ciblées par l’UE pèsent «95 milliards d’euros», précise Bruxelles dans un communiqué, soit environ 28% des biens importés des États-Unis. Parmi les gros montants, les automobiles et avions, y compris les pièces détachées, représentent respectivement une valeur de 12 et 10,5 milliards d’euros. Les plastiques et produits chimiques constituent un autre gros montant : 12,9 milliards d’euros.
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Une consultation jusqu’au 10 juin
Parallèlement, une seconde liste, bien plus courte, fait également l’objet d’échanges entre les vingt-sept : elle répertorie des produits européens exportés outre-Atlantique, qui pourraient faire l’objet de «mesures commerciales» en cas d’échec des échanges. On y trouve notamment des enzymes, des déchets aluminium ou encore des ferrailles, pour une valeur totale de 4,4 milliards d’euros. L’UE compte lancer une procédure à l’Organisation mondiale du commerce sur les droits de douane américains, estimant que ceux-ci «violent de manière flagrante les règles fondamentales de l’OMC». La Commission promet par ailleurs de regarder de près les conséquences des droits de douane, afin d’éviter un «détournement potentiel des exportations mondiales vers le marché de l’UE».
Pour l’heure, la consultation sur la liste européenne est ouverte jusqu’au 10 juin prochain, en parallèle des discussions entre les deux rives de l’Atlantique. «Sur la base des contributions recueillies, la Commission finalisera sa proposition d’adoption de contre-mesures et consultera les États membres dans le cadre de la procédure dite de comitologie », note l’UE. Ensuite, «la Commission vise à ce que l’acte juridique imposant les contre-mesures soit prêt à être utilisé au cas où les négociations avec les États-Unis n’aboutiraient pas à un résultat satisfaisant». Si les discussions se poursuivent, «nous continuons à nous préparer à toutes les possibilités, et la consultation lancée [jeudi] contribuera à nous guider dans ce travail nécessaire», a déclaré Ursula von der Leyen. Les Américains sont prévenus.
