boudée par les touristes, la Corse craint une nouvelle saison difficile
Jugée trop chère, l’île de beauté peine à attirer les touristes. En juillet, les aéroports corses ont accueilli 10% de passagers en moins.
Déjà en baisse de plus de 8% en 2023, la fréquentation touristique de l’île de Beauté risque de décevoir encore cette année. Selon la Chambre de commerce et d’industrie locale, les vacanciers boudent toujours la Corse tandis que le nombre de passagers dans les aéroports de l’île a reculé de 10% en juillet.
Sur place, les professionnels le ressentent : « C’était vraiment catastrophique jusqu’au 14 juillet. On n’avait vraiment pas de fréquentation, une météo exécrable… C’était très compliqué et depuis le 14 juillet c’est très moyen », raconte Pierre Quebre, loueur de planches de surf.
« Tout est cher »
Il faut dire qu’après deux ans d’inflation, le budget des touristes n’est plus ce qu’il était. Résultat, certains renoncent à venir en Corse, d’autres décident de limiter leurs dépenses, et ce sont souvent les loisirs qui en pâtissent : « Nous sommes cinq avec trois enfants. On a payé 1 300 euros de billets d’avion, sachant que je les ai réservés presque un an à l’avance. Évidemment, ça gruge le budget et on comprend pourquoi il n’y a plus grand monde sur l’île », explique un touriste en vacances à Porticcio. « Et puis sur place, les locations sont chères, les restaurants sont chers… Tout est cher », déplore un autre.
Le coût de la vie en Corse est en moyenne 7% plus cher qu’en métropole selon l’Insee. Mais pour Rita Codaccioni, restauratrice à Ajaccio qui dit avoir « perdu 20% » de son chiffre d’affaires en juillet, ce sont d’abord les prix des transports qui posent problème : « On peut aller en Sardaigne pour 120 euros depuis Marseille, mais on peut venir à Ajaccio en Corse pour 500 euros. Il y a un problème », estime-t-elle.
Une économie dépendante du tourisme
L’an dernier déjà, Pierre Negretti, président de la branche hôtelière de l’UMIH Corse, estimait qu’il était « absolument nécessaire que les transporteurs réduisent leurs coûts », jugeant qu’ils sont « très très chers, qu’ils soient aériens ou maritimes ». « Si rien n’est fait dans l’urgence, 2024 risque d’être catastrophique », prévenait-il.
Il y a quelques mois, l’Agence du tourisme de la Corse annonçait avoir conclu un partenariat avec la compagnie aérienne Air Corsica et la fédération régionale des offices de tourisme et des syndicats d’initiative pour renforcer l’attractivité de l’île. L’idée : offrir une réduction de 30 % sur les billets d’avion aux touristes qui optent pour un forfait « vol + hébergement ». Les locations saisonnières de type Airbnb sont toutefois exclues de cette offre. De plus, il faut passer par les offices de tourisme inscrits au registre des opérateurs de séjours et de voyages pour en bénéficier.
A ce stade, cette promotion ne semble pas encore porter ses fruits en termes de fréquentation de l’île. Les professionnels espèrent encore rattraper le retard en août. L’enjeu est de taille pour la Corse, dont l’économie repose à près de 40% sur le tourisme.