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Boeing verrait l’avion de patrouille maritime P-8A Poséidon remplacer l’Atlantique 2 de la Marine nationale

Boeing verrait l’avion de patrouille maritime P-8A Poséidon remplacer l’Atlantique 2 de la Marine nationale

Lancé en 2018, le projet MAWS (Maritime Airborne Warfare System) devait permettre à la France et à l’Allemagne de disposer d’une capacité de patrouille maritime « autonome », en développant conjointement un « système de systèmes », basé sur un avion. système de patrouille maritime nouvelle génération associé à un réseau de capteurs (satellites, drones, sémaphores…). Cela impliquait également de réaliser des travaux sur les radars, les bouées sonores, la guerre électronique et les armes antinavires.

Cependant, Berlin ayant décidé de remplacer plus tôt que prévu les P-3C Orions de la MarineFlieger (aéronavale allemande) par huit P-8A Poseidon produits par Boeing, le projet MAWS a échoué. Cependant, la France avait proposé à l’Allemagne de transférer quatre avions Atlantic 2 modernisés au standard 6 à titre de solution provisoire. Mais cette offre a été refusée…

Cependant, le ministère allemand de la Défense n’a pas tiré un trait sur le projet MAWS puisqu’il a chargé en avril dernier un groupe, composé d’ESG, Hensoldt Sensors GmbH et Diehl Defence GmbH & Co, de réaliser des études visant « à établir un système en réseau de systèmes de reconnaissance maritime, de chasse aux sous-marins et d’engagement de cibles maritimes utilisant des plates-formes habitées et sans pilote en coordination avec des stations au sol.

De son côté, la Direction générale de l’armement (DGA) a commandé des études à Dassault Aviation et Airbus en vue de préparer la succession de l’Atlantic 2, un choix devant alors être fait entre le Falcon 10X et l’A320neo. Mais, après avoir conquis le marché allemand, Boeing pourrait bien se voir faire de même avec la France. C’est en effet ce que suggérait Tim Flood, son vice-président au développement des affaires internationales, dans les colonnes de Breaking Defense le 4 juin dernier.

« Pour l’instant, la France ne s’adresse pas spécifiquement à Boeing. Mais nous en avons discuté de manière informelle avec les Français. Ils connaissent les capacités du P-8 et savent où nous en sommes dans ce programme. Je pense que nous devons dire aux Français de ne pas négliger les P-8 lorsqu’ils envisagent de remplacer leurs Atlantique 2 », a déclaré M. Flood.

Curieusement, et alors que le P-8 Poséidon est notamment en service (ou est sur le point de l’être) aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Norvège, au Canada et même en Allemagne, le patron de Boeing n’a pas avancé l’argument de l’interopérabilité. Il a en revanche insisté sur les aspects financiers.

Ainsi, Airbus et Dassault Aviation « pourraient certainement produire une solution plutôt intéressante basée sur l’A320 ou le Falcon 10X. Mais à quel prix ? « , Il a demandé. « Regardez le programme de l’US Navy qui a conduit au P-8. Il a fallu environ 7 milliards de dollars pour développer et tester l’avion, et non pour le produire. C’est donc le montant dont la France aurait besoin pour développer ses capacités locales », a argumenté M. Flood.

Par ailleurs, a-t-il poursuivi, Boeing pourrait nouer des partenariats avec des constructeurs français autour du P-8A Poséidon, à l’instar de ce qui a été fait en Allemagne, avec ESG Elektroniksystem- und Logistik-GmbH et Lufthansa Technik. .

Les déclarations de M. Flood interviennent au moment où les études commandées par la DGA à Dassault Aviation et Airbus touchent à leur fin. Pour rappel, il leur a été demandé de travailler sur une « solution économiquement intéressante répondant aux besoins opérationnels de la Marine nationale pour l’horizon post-2030 » et de faire des propositions « ouvertes à la coopération avec d’autres partenaires européens potentiellement intéressés ».

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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