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Photo d’illustration des familles des victimes du crash du Boeing 737 Max d’Ethiopian Airlines, le 10 septembre 2019.
AVIATION – Boeing à nouveau dans la tempête. Le ministère américain de la Justice a estimé dans une lettre officielle que le groupe aéronautique n’avait pas respecté certaines conditions d’un accord conclu en 2021. Cet accord lui a toutefois évité d’être poursuivi pénalement pour deux accidents de son 737 MAX ayant causé au total 346 morts à fin 2018 et début 2019.
Désormais, « Boeing est passible de poursuites » dans ce dossier, écrit le ministère, qui dit étudier la possibilité de poursuivre, ou non, l’avionneur américain. « Nous pensons avoir honoré les conditions de cet accord »a réagi Boeing dans un communiqué, se disant prêt à « répondre » sur cette affaire gérée par un juge fédéral du Texas.
Le ministère accuse Boeing d’avoir « violé ses obligations »
Les autorités fédérales a déterminé que Boeing avait violé ses obligations » de l’accord » incapacité à avoir planifié, mis en œuvre et appliqué un programme » visant à se conformer aux lois américaines » sur toutes ses opérations »note la lettre du ministère. « Pour ne pas avoir pleinement respecté les termes et obligations » de l’accord, « Boeing est passible de poursuites judiciaires de la part (du gouvernement fédéral) pour toute infraction pénale. » connue du parquet, peut-on encore lire sur ce document judiciaire.
Il s’agit de deux crashs : celui de la compagnie Lion Air en 2018, lorsqu’un 737 MAX s’est écrasé en mer une dizaine de minutes après le décollage de Jakarta, tuant 189 personnes, puis l’année suivante, celui du même modèle d’Ethiopian Airlines qui s’est écrasé six fois. quelques minutes après le décollage près d’Addis-Abeba, tuant 157 personnes. Diverses enquêtes ont remis en cause le logiciel anti-décrochage MCAS et dénoncé une formation insuffisante des pilotes.
C’est « une immense victoire », a réagi auprès de l’AFP Catherine Berthet, qui a perdu sa fille Camille dans l’accident d’Ethiopian Airlines. « Nous nous battrons pour un procès pour homicide involontaire de la part de Boeing et de ses dirigeants. ». C’est un « bon premier pas »mais « Nous avons besoin de mesures supplémentaires de la part du ministère de la Justice pour demander des comptes à Boeing. »Paul Cassell, qui représente les familles des victimes, a déclaré dans un communiqué.
Un accord de 2,5 milliards de dollars
Le 7 janvier 2021, Boeing a conclu un accord avec les autorités américaines pour un montant de 2,5 milliards de dollars. A travers cet accord financier, le constructeur a reconnu avoir commis une fraude, en échange de l’abandon par le ministère de la Justice de certaines des poursuites le visant depuis les deux accidents mortels qui avaient entraîné l’immobilisation du 737 MAX pendant 20 mois.
Dans le détail, le géant de l’aéronautique avait accepté de verser aux Etats-Unis une amende pénale de 243,6 millions, ainsi que 1,77 milliard d’indemnisation aux compagnies aériennes ayant commandé le 737 MAX et 500 millions pour un fonds destiné à indemniser les proches des victimes du les deux accidents.
Boeing s’enlise après plusieurs problèmes avec le 737 MAX
La remise en cause mardi de cet accord intervient dans un contexte compliqué pour Boeing. Depuis début 2023, le constructeur connaît des problèmes de production liés à un mauvais contrôle qualité, affectant ses avions phares, le 737 MAX, et le 787 Dreamliner.
La perte en vol d’un titulaire de casquette, le 5 janvier, sur un nouvel avion d’Alaska Airlines a déclenché un jeu de dominos qui a déjà provoqué la chute de plusieurs dirigeants de Boeing – comme son patron Dave Calhoun, dont le départ est prévu fin 2024 – et la limitation de sa production de 737 MAX.
Plusieurs lanceurs d’alerte ont depuis témoigné devant le Congrès pour mettre en garde contre « Problèmes sérieux » de production. Ces derniers incidents ont accru l’attention des autorités sur la fiabilité de ses avions et son respect des procédures de sécurité, et ont même entraîné le régulateur américain de l’aviation civile, la FAA, dans sa tourmente.
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